Fin du suspense : Friedrich Merz a été désigné successeur d’Olaf Scholz, ce mardi 6 mai 2025.
Allemagne : Merz élu nouveau chancelier après un second vote du Bundestag

Pour la première fois depuis 1949, un second vote a été nécessaire au Bundestag – le Parlement allemand – pour élire le chef du gouvernement. Un épisode inédit dans l’histoire politique de l’après-Seconde Guerre mondiale en Allemagne, qui semble témoigner d’une certaine fragilité dans la capacité d’action de son nouveau chancelier.
Merz, premier chancelier allemand élu au second tour
Le premier vote au Bundestag a tourné au désaveu partiel pour Friedrich Merz. Soutenu par une coalition de gouvernement réunissant l’Union chrétienne-démocrate (CDU), l’Union chrétienne-sociale (CSU) et le Parti social-démocrate (SPD), le chef de la CDU disposait, sur le papier, d’une majorité. Ensemble, ces trois formations comptent 328 sièges sur 630. Pourtant, lors du premier scrutin, Merz n'a finalement recueilli que 310 voix, en deçà des 316 requises.
Le conservateur Friedrich Merz a été élu chancelier au deuxième tour par les députés allemands, après le choc de son échec au premier tour plus tôt la même journée, a annoncé la présidente du Bundestag Julia Klöckner #AFP ⬇️ pic.twitter.com/sy6wvHVmtN
— Agence France-Presse (@afpfr) May 6, 2025
Ce revers, inédit depuis 1949, a immédiatement mis en lumière les dissensions internes à la coalition. L’échec du premier tour a contraint le Bundestag à organiser un second vote dans la même journée, ce mardi 6 mai 2025, une première dans l’histoire politique allemande d’après-guerre. Ce n’est qu’à cette seconde tentative que Friedrich Merz a réuni 325 suffrages, soit 51,6 % des voix, devenant ainsi le nouveau chancelier et succédant à Olaf Scholz.
Vers un mandat des compromis ?
Friedrich Merz, 69 ans, fait partie des figures historiques du camp conservateur allemand. Député européen dans les années 1990, président du groupe parlementaire CDU/CSU au Bundestag au début des années 2000, il s’était retiré de la vie politique avant d’y revenir en 2018. Longtemps marginalisé sous l’ère d’Angela Merkel, il est devenu président de la CDU en 2021, positionnant le parti sur une ligne plus à droite, à la fois sur les questions économiques et sociétales.
Mais le contexte de sa nomination est instable. L’Allemagne est en récession pour la deuxième année consécutive, sa croissance est au point mort et les tensions sociales s’intensifient. Face à cette situation, Friedrich Merz promet un plan d’investissements massifs et une redéfinition du rôle de l’Allemagne au sein de l’Union européenne.
Une légitimité déjà fortement contestée
L’élection de Friedrich Merz n’a pas clos le débat politique, bien au contraire. L’opposition s’est immédiatement mobilisée, dénonçant une accession au pouvoir sans dynamique électorale claire, fondée sur une coalition de circonstance. Dès les résultats du premier vote, Alice Weidel, co-présidente de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), avait vivement réagi en déclarant : « Nous sommes prêts à assumer la responsabilité gouvernementale. (...) Monsieur Merz devrait démissionner immédiatement ».
À gauche également, les critiques ne se sont pas fait attendre. Plusieurs élus écologistes, ainsi que ceux de Die Linke, parti de gauche radicale, ont dénoncé la fragilité de la coalition portée par Merz et son incapacité à répondre aux enjeux sociaux et environnementaux.
Sans majorité claire, le mandat de Friedrich Merz risque, de fait, de reposer sur un compromis permanent avec les autres groupes du Bundestag. Reste à voir, donc, quelle capacité réelle d’action aura le nouveau chancelier allemand.