Entre un déficit public jugé préoccupant et des choix budgétaires critiqués de toute part, le débat concernant le budget 2025 s’intensifie.
Budget 2025 : hausses d’impôts et déficits, la France au bord de l’impasse
Le Rassemblement National critique un « mauvais budget »
Le Rassemblement National (RN) refuse tout net les propositions budgétaires du gouvernement. Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme, a qualifié ce budget de « mauvais budget », soulignant une incohérence dans les choix de financement. Dans une interview donnée à BFM TV, il déclare : « Ce budget manque de vision et met davantage de pression sur les classes populaires déjà éprouvées. » Marine Le Pen, présidente du RN, a renforcé cette position en avertissant que le parti pourrait voter la censure si les mesures affectant le pouvoir d'achat des Français venaient à se confirmer.
Le RN dénonce particulièrement les augmentations des taxes et impôts indirects, qui prèse sur les ménages. Parmi les exemples cités, l’augmentation des droits de mutation immobilière, souvent appelée « frais de notaire », a été perçue comme une mesure pénalisante pour les classes moyennes. En effet, elles augmentent le prix de l'immobilier déjà très dissuasif pour les primo-accédants. Les jeunes voient ainsi s'éloigner la perspective d'être un jour propriétaires et seuls les Français déjà installés peuvent s'offrir leur résidence principale, voire secondaire.
La gauche critique une politique d'austérité
La gauche, regroupant notamment La France Insoumise (LFI), Europe Écologie Les Verts (EELV) et une partie des socialistes, a également vivement réagi au projet de budget 2025. Jean-Luc Mélenchon, leader emblématique de LFI, a dénoncé un budget d’austérité qu’il estime incompatible avec les besoins sociaux actuels. Lors d’une intervention, il a déclaré : « Ce budget est un coup porté aux services publics. Il sacrifie les investissements dans la santé, l’éducation et l’écologie au profit d’une logique comptable absurde. »
Les écologistes, de leur côté, pointent l'insuffisance des mesures pour faire face à l'urgence climatique. Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV, a fustigé « un budget qui privilégie les intérêts économiques de court terme à la transition écologique. » Les critiques se concentrent notamment sur la baisse des investissements pour les énergies renouvelables, jugée incohérente dans un contexte où la France s’est engagée à réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre.
Au sein du Parti Socialiste, Olivier Faure a appelé à une mobilisation contre un budget qu’il juge inégalitaire : « Alors que les Français peinent à boucler leurs fins de mois, ce budget favorise les grandes entreprises avec des allègements de charges, sans garanties sur la création d’emplois. » La gauche demande une taxation plus élevée des grandes fortunes et des multinationales pour financer des mesures sociales et environnementales ambitieuses.
Des budgets contestés, des justifications floues
Outre le RN, plusieurs groupes politiques et institutions ont critiqué les orientations du budget 2025. Beaucoup reprochent à Michel Barnier d'avoir renoncé à des économies significatives pour privilégier plutôt des hausses d'impôts. On peut citer l'abandon de la réduction prévue des dépenses publiques des collectivités locales, passant de 5 milliards d’euros à seulement 2 milliards. Certains critiquent un manque de courage politique et affirment que la France a besoin de coupes claires dans le budget, non de réformettes vite compensées et oubliées.
Du côté des Républicains (LR), Laurent Wauquiez a obtenu la revalorisation des retraites dès janvier 2025, un totem politique coûteux pour le gouvernement, estimé à 800 millions d’euros. Ces ajustements s’ajoutent à des budgets réévalués dans d'autres secteurs, comme la culture (+300 millions d’euros) ou encore l'agriculture (+115 millions d’euros), ce qui porte à plus de 7 milliards d’euros les nouvelles dépenses annoncées en quelques semaines. Ces choix inquiètent certains économistes qui rappellent l’importance de respecter les engagements européens de réduction du déficit à 5 %.
Comment le gouvernement se défend
Face à ces critiques, Michel Barnier défend son budget en insistant sur la nécessité de préserver le modèle social français. Lors d’un discours, il a affirmé vouloir « faire beaucoup avec peu ». Les aides à la transition énergétique et les investissements dans l’innovation figurent parmi les priorités mises en avant. Toutefois, ses justifications peinent à convaincre au-delà de sa majorité parlementaire. Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, a dénoncé un manque de « sincérité budgétaire », accusant le gouvernement de reporter les efforts d’économies nécessaires.
En outre, certains choix, comme la hausse du versement transport, une taxe affectant les entreprises pour financer les transports publics, sont jugés contre-productifs dans un contexte de compétitivité économique fragile.