Déficit : Michel Barnier tente de justifier son budget

Michel Barnier, président de la Commission des Finances, a annoncé des prévisions alarmantes pour l’année 2024, avec un déficit projeté atteignant 6,1 % du PIB.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Modifié le 7 novembre 2024 à 19h13
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Michel Barnier propose un déficit de 6,1% du PIB

« Nous faisons face à un choix déterminant pour la stabilité économique de la France », a déclaré Michel Barnier lors d'une conférence de presse récente. Alors que son budget pour l'année 2025 affiche un déficit de 6,1% du PIB, un chiffre totalement inédit, il a insisté sur la nécessité de continuer les investissements publics pour préserver la compétitivité du pays tout en maintenant un soutien substantiel aux ménages et aux entreprises. La justification avancée repose sur l'idée que ce déficit est une conséquence temporaire d'une politique volontariste orientée vers la relance économique post-pandémique et la guerre en Ukraine, qui a amplifié les pressions sur les finances publiques.

Selon la loi de finances 2025, le déficit budgétaire pourrait être de 135 milliards d'euros, pour une dépense totale de 490 milliards d'euros, soit 2,5 milliards de moins à périmètre constant qu'en 2024. En 2023, cette baisse pouvait déjà s'observer. Autrement dit, le déficit représente 27,5% des dépenses de l'Etat. Ce déficit tient néanmoins compte d'une réduction de la dépense publique de 40 milliards d'euros, partagée entre l'Etat et ses opérateurs, les collectivités territoriales et la sécurité sociale.

Le déficit public a suivi une trajectoire préoccupante sur la décennie. Si en 2014, il représentait environ 3,9 % du PIB, des efforts ont été faits jusqu’en 2019 pour le ramener autour de 2,8 %. Cependant, la crise de 2020 a fait exploser le déficit, atteignant plus de 9 % du PIB, un niveau jamais vu depuis l'après-guerre. Les années suivantes ont vu une réduction progressive, mais insuffisante pour revenir aux niveaux pré-pandémiques. En 2024, le déficit atteint un seuil alarmant de 6,1 % du PIB, résultat d'une combinaison de facteurs tels que des dépenses soutenues et une baisse de la prévision de croissance.

Bruno Le Maire nie avoir dissimulé le déficit

Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Économie, a été auditionné par la commission des Finances du Sénat pour clarifier la situation et défendre la gestion des finances sous son mandat. « Il n’y a eu ni faute, ni dissimulation, ni volonté de tromperie », a-t-il affirmé, rejetant toute accusation de gestion inappropriée du budget public.

Bruno Le Maire a expliqué que le dérapage du déficit était en partie dû à une « erreur technique d'évaluation des recettes », laquelle s'est traduite par une surestimation de 41,5 milliards d'euros par rapport aux recettes réelles attendues pour 2024. Selon ses propos rapportés par CNEWS, ce dérapage reflète également une révision à la baisse de la prévision de croissance, abaissée à 1,1 %, soit 1,4 point de moins qu'initialement anticipé.

Bruno Le Maire a tenté de désamorcer la situation en soulignant l'importance des mesures d'économies mises en place sous sa direction, même face aux pressions pour augmenter les dépenses publiques. « J'ai résisté à quelque 400 milliards de dépenses supplémentaires réclamées par divers parlementaires », a-t-il précisé, défendant ainsi la responsabilité et la modération budgétaire adoptées lors de son mandat.

L'opposition demande des comptes

Le discours de Bruno Le Maire a provoqué de vives réactions au sein de l'opposition. Gérard Larcher, président du Sénat, a exprimé ses inquiétudes sur la transparence des comptes publics en déclarant : « Je crains qu'on ne nous ait pas tout dit », confie-t-il à CNEWS. D'autres figures politiques ont critiqué ce qu'elles considèrent comme un manque de prévoyance et de rigueur budgétaire.

Jean-François Copé a ajouté à la critique en qualifiant la dépense publique qui, sous Emmanuel Macron s'est « accrue dans des proportions folles ». Les différentes dépenses publiques décidées sont dramatiquement hautes, que ce soit dans le cadre de la crise sanitaire, pour l'Ukraine, ou encore les différents chèques d'aides sociales censés contrebalancer la baisse de pouvoir d'achat dû à une fiscalité importante.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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