Alors que les jeunes engagés dans le service civique représentent un maillon essentiel du tissu associatif et de nombreuses structures publiques, le gouvernement décide, faute de budget, de suspendre les recrutements dès le 1ᵉʳ février 2025.
Budget 2025 : la jeunesse n’intéresse-t-elle plus le gouvernement ?

Le service civique n’est pas qu’un simple programme d’engagement : c’est un levier essentiel pour des milliers de jeunes en quête d’expérience, un soutien pour les associations et un moteur d’action pour les collectivités locales. Pourtant, faute d’un budget voté pour 2025, le gouvernement a décidé d’en suspendre les recrutements dès le 1ᵉʳ février. Une décision brutale qui ne peut être réduite à une simple contrainte financière : c’est un choix politique qui en dit long sur les priorités du pouvoir en place. Plutôt que de toucher à d’autres dépenses discutables, l’exécutif a choisi de couper dans un dispositif qui bénéficie à l’intérêt général.
Un choix budgétaire révélateur : la jeunesse et le monde associatif en première ligne
Le gouvernement a tranché. À défaut d’un budget adopté pour 2025, l’Agence du Service Civique a annoncé que les recrutements des volontaires sont suspendus à compter du 1ᵉʳ février. Cette décision signifie qu’aucun nouveau contrat ne pourra être signé avant l’adoption définitive de la loi de finances, bloquant ainsi l’entrée de milliers de jeunes dans un dispositif qui devait pourtant les aider à s’insérer professionnellement et socialement.
Mais au-delà du gel des recrutements, c’est une question plus large qui se pose : pourquoi le service civique est-il sacrifié dans l’arbitrage budgétaire ? Le budget de l’État dépasse les 500 milliards d’euros, et pourtant, c’est sur un programme bénéficiant aux jeunes, aux associations et aux structures locales que l’on choisit de faire des économies. Pendant ce temps, d’autres postes de dépenses restent préservés.
Le gouvernement assume ce choix, mais il révèle surtout un mépris pour la jeunesse et le secteur associatif. Ce dernier se retrouve désormais privé d'un certain nombre de volontaires indispensables à son fonctionnement.
Les conséquences directes sur les jeunes précarisés
Le service civique offre à des milliers de jeunes une première expérience dans des domaines essentiels : solidarité, éducation, santé, culture ou encore environnement. Avec une indemnité de 601 euros par mois, ce n’est pas un emploi, mais une opportunité pour s’engager et monter en compétences tout en contribuant au bien commun.
Suspendre ce dispositif signifie concrètement que des jeunes, souvent en difficulté ou en recherche d’une orientation professionnelle, se retrouvent sans alternative. Certaines missions étaient leur seule opportunité d’acquérir une expérience valorisable sur le marché du travail. En 2022, près de 144 000 jeunes avaient bénéficié du programme.
Des associations affaiblies et des territoires pénalisés
Les associations comptent sur ces volontaires pour mener à bien des projets qui, faute de moyens humains, risquent tout simplement de s’arrêter. Pour beaucoup de petites structures locales, le service civique permet de pallier l’insuffisance de financements et de personnel. À l’heure où les services publics se désengagent de certains territoires, ces associations jouent souvent un rôle clé pour maintenir le lien social.
Les collectivités locales subissent elles aussi cette décision. Certaines missions de service civique sont réalisées au sein des écoles, des centres sociaux, des établissements culturels ou encore dans l’aide aux personnes âgées. Avec ce gel, de nombreux services de proximité risquent d’être impactés, et ce sont les habitants qui en pâtiront.
D’autres choix budgétaires étaient possibles : un arbitrage politique contestable
Le gouvernement justifie cette décision par l’absence de budget voté pour 2025. Pourtant, fallait-il vraiment prendre pour cible un dispositif dont le coût reste modeste au regard d’autres postes de dépenses ?
Au-delà du budget en lui-même, cette décision illustre une vision politique bien précise : celle d’un État qui préfère réduire son soutien à la jeunesse et au monde associatif plutôt que de chercher des économies ailleurs. En 2021, Emmanuel Macron évoquait encore la nécessité d’un « réarmement civique » pour renforcer le lien social. Aujourd’hui, le même gouvernement saborde l’un des outils les plus accessibles pour favoriser cet engagement.
Quels impacts sur l’avenir du service civique ?
Si le gel des recrutements est censé être temporaire, cette décision risque d’avoir des répercussions à long terme. En fragilisant le dispositif, le gouvernement envoie un message désastreux aux jeunes et aux associations : leur engagement est une variable d’ajustement budgétaire.
Certaines structures, découragées par l’incertitude sur les financements, pourraient tout simplement cesser d’accueillir des volontaires à l’avenir. Si cette suspension venait à se prolonger, elle pourrait entraîner une diminution du nombre de jeunes souhaitant s’engager, par manque de visibilité et de confiance dans la pérennité du programme.