Le gouvernement de Michel Barnier, fragilisé par une opposition croissante au sein de l’Assemblée nationale et dans l’opinion publique, est au bord de la censure. Emmanuel Macron, bien que discret, semble lui-même anticiper une éventuelle chute de son Premier ministre.
Budget 2025 : Michel Barnier peut-il encore sauver son gouvernement ?
Une coalition parlementaire sous pression
Michel Barnier, Premier ministre trouvé difficilement après les élections législatives partielles et le remaniement qui les a suivies, affronte des défis inédits. Une motion portée conjointement par le Rassemblement National (RN) et le Nouveau Front Populaire (NFP) menace de bloquer son gouvernement. Ce scénario est peu probable, étant donné la réticence du NFP à travailler avec le RN. Michel Barnier a néanmoins mis en garde contre « de graves conséquences économiques » en cas de censure.
Fragilisé jusque dans sa propre majorité, Michel Barnier peine à obtenir un soutien ferme. Des figures clés, comme Éric Coquerel (LFI), dénoncent son « alarmisme » face aux risques budgétaires. De plus, le recours probable à l'article 49.3 pour imposer le budget pourrait intensifier les tensions parlementaires. Elisabeth Borne ayant largement usé de ce moyen, le procédé est devenu aux parlementaires et à l'opinion plus odieux qu'il ne l'était déjà, ce qui n'est pas peu dire. François Ruffin (LFI) a ainsi qualifié le 49.3 d’« outil antidémocratique ».
Les différents partis unis contre Michel Barnier
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National, a été l'une des premières à annoncer la position de son groupe parlementaire. Ele aurait déclaré lors d’une réunion à Matignon : « Si le budget reste en l’état, nous voterons la censure. » Cette déclaration marque un tournant, le RN s’alignant ainsi tactiquement avec La France Insoumise pour contrer le gouvernement sur un terrain économique. Elle critique également un budget qu’elle qualifie de « non-solidaire », pointant notamment les hausses de fiscalité sur des biens de première nécessité comme l’électricité.
Du côté de La France Insoumise (LFI), François Ruffin a adopté une posture tout aussi combative. Il a dénoncé l’usage envisagé du 49.3 : « C’est un outil qu’on devrait retirer de notre Constitution. Il permet au gouvernement de passer en force, sans aucun débat. » Cette critique vise directement Michel Barnier, accusé d’ignorer les attentes populaires. Malgré des divergences idéologiques avec le RN, LFI a laissé entendre qu’elle n’hésiterait pas à voter une motion commune pour censurer le gouvernement.
Un soutien présidentiel à Michel Barnier ambigu
Selon Le Parisien, Emmanuel Macron aurait exprimé en privé que « le gouvernement va tomber », une déclaration que l'Élysée a rapidement démentie. Pourtant, cette confidence reflète un scepticisme latent quant à la capacité de Barnier à maintenir son gouvernement. Officiellement, Emmanuel Macron laisse Michel Barnier « dans la négociation du budget », mais des observateurs estiment qu’il prépare déjà un plan B.
La menace de censure est particulièrement inquiétante pour Macron, qui pourrait devoir nommer un nouveau Premier ministre. Une tâche rendue complexe par les fractures idéologiques au sein de la majorité présidentielle et la montée des oppositions.
Une opinion publique désabusée
A l'extérieur de l'Assemblée nationale, l’insatisfaction à l’égard du gouvernement Barnier est tout aussi palpable. Un sondage récent montre que 67 % des Français désapprouvent la gestion actuelle, un chiffre alarmant pour un exécutif déjà affaibli. Cette désapprobation transcende les clivages politiques traditionnels, rassemblant à la fois les électeurs de gauche et de droite autour d’un rejet commun.
Le mécontentement s’est également matérialisé dans des manifestations récentes contre la hausse de la fiscalité sur l’électricité, une mesure incluse dans le budget 2025. La perspective d’une censure semble donc répondre à une aspiration populaire croissante à un changement radical.
Un avenir incertain
Michel Barnier, conscient de l'urgence de remobiliser l'opinion public autour de son gouvernement, a appelé les Français à être conscients des « responsabilités de chacun », espérant mobiliser un soutien populaire pour contrer la motion de censure. Cependant, la probabilité d’un renversement semble s'accroître à mesure que les alliances parlementaires se solidifient contre lui.
Si la motion de censure est votée, la dissolution de l’Assemblée nationale pourrait devenir inévitable, plongeant la France dans une période d’instabilité politique. Pour Emmanuel Macron, le défi consistera à trouver un Premier ministre capable de rassembler une majorité, une mission quasi impossible dans le contexte actuel de polarisation.