Très haute altitude (THA) : la France prête à sortir son épingle du jeu

La très haute altitude (THA) représente l’un des nouveaux grands enjeux stratégiques pour les grandes puissances. La France, bien que déjà active dans ce domaine, doit relever de nombreux défis pour affirmer sa souveraineté et protéger son territoire. Dans un entretien donné à Paris Match et publié le 26 janvier 2025, le général Alexis Rogiers, en charge du dossier depuis septembre 2024 pour l’Armée de l’Air et de l’Espace, explique la stratégie française pour cette zone.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 27 janvier 2025 à 14h53
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La THA est une zone dont on parle peu au grand public, alors qu'elle est hautement stratégique du fait qu'elle échappe actuellement aux cadres juridiques internationaux.

Entre ciel et la terre, il y a la THA

La très haute altitude est définie comme l’espace compris entre 20 et 100 kilomètres d’altitude, une région intermédiaire souvent qualifiée de « presque espace ». Cette zone débute là où évoluent les avions commerciaux et se termine à la limite dite de Karman, qui marque symboliquement la frontière entre l’atmosphère terrestre et l’espace. Pourtant, comme l’explique le général Alexis Rougiers auprès de nos confrères, « il n’y a pas de véritable frontière claire entre l’air et l’espace dans cette zone particulière », ce qui se traduit par un vide juridique pour la THA.

De fait, cette zone ambiguë attire les convoitises des grandes puissances militaires, car la THA représente une opportunité unique pour l'observation, les télécommunications, et par conséquent, la défense des États. Comme l'explique en effet Alexis Rogiers auprès de Paris Match, deux types d'engins se déplacent sur la THA : les ballons HAPS, utilisés dans le cadre de missions de surveillance ou de télécommunications, et les missiles supersoniques et hypersoniques, les derniers étant capables d'aller à 6 000 km/h. 

Un enjeu de souveraineté et de sécurité pour la France

Comme le rappelle le général Alexis Rogiers, l’affaire des ballons chinois de février 2023, qui ont transité dans la THA depuis la Chine, traversant notamment le Canada et les États-Unis, a mis en lumière les faiblesses de la surveillance dans cette zone. « Il n’y a pas de souveraineté si les capacités ne sont pas au rendez-vous, » avertit-il.

Pour la France, l’objectif est double : renforcer la détection et développer des outils d’interception adaptés. Le pays peut s’appuyer sur des technologies éprouvées, notamment ses avions de chasse comme les Rafales et les Mirages 2000, ainsi que sur ses systèmes de défense sol-air, mais il est essentiel qu’il s’attache à les développer pour assurer la sécurité nationale. Un sujet hautement prioritaire pour l’État donc, et sur lequel, comme l'affirme le général, la France compte bien y sortir son épingle du jeu.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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