Donald Trump veut faire de Gaza la “Côte d’Azur du Moyen-Orient”

Donald Trump a annoncé que les États-Unis allaient “prendre le contrôle de Gaza” pour en faire “la Côte d’Azur du Moyen-Orient”. Derrière les discours de reconstruction et de prospérité économique, ce projet cache une prise de contrôle impérialiste, où les intérêts américains et israéliens priment sur les droits des gazaouis.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 5 février 2025 à 12h24
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Lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche le 4 février 2025, en compagnie du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, Donald Trump a déclaré sans ambages que les États-Unis prendraient "le contrôle" de la bande de Gaza. Il s’agirait de "nettoyer" la zone des infrastructures détruites et des armes encore présentes pour en faire un "centre économique florissant, une Côte d’Azur du Moyen-Orient".

La vision coloniale de Trump sous couvert de développement

En présentant son plan comme une opération de transformation économique, Donald Trump applique une stratégie bien connue du capitalisme de guerre. La destruction de Gaza au fil des conflits successifs a laissé derrière elle un territoire avec des infrastructures en ruines et une population sans avenir immédiat. Trump, fidèle à son pragmatisme économique brutal, ne voit pas dans cette catastrophe humaine une urgence à résoudre, mais une opportunité à exploiter. Son ambition déclarée est claire : raser ce qu’il reste, reconstruire avec des capitaux privés américains et contrôler l’économie du territoire. L’idée de transformer Gaza en hub touristique et économique n’a rien de nouveau.

Un mépris pour les Palestiniens

Son projet sous-entend que la population locale ne pourrait pas être actrice de son propre avenir. Son idée de relocalisation des Palestiniens dans des pays voisins comme l’Égypte ou la Jordanie démontre qu’il ne les considère pas comme des citoyens ayant un droit sur leur propre territoire, mais comme des obstacles à éliminer pour un projet économique rentable. Son plan ne tient pas compte du droit au retour des réfugiés palestiniens, ni du fait que Gaza est le foyer de plus de 2,3 millions de personnes, qui y vivent depuis des générations.

Une "Côte d’Azur du Moyen-Orient" ne bénéficierait pas aux Gazaouis, mais bien aux grandes entreprises américaines et israéliennes qui y verraient un eldorado financier, avec des conditions fiscales et réglementaires à leur avantage.

Un alignement stratégique entre Trump et Netanyahou

Ce projet s'inscrit dans un alignement stratégique entre Washington et Tel-Aviv qui dépasse les simples intérêts économiques. Depuis son retour au pouvoir, Benyamin Netanyahou a multiplié les offensives contre toute forme d’autonomie palestinienne et cherche à enterrer la solution à deux États. L’annonce de Trump, d'une prise de contrôle américaine de Gaza, affaiblirait encore plus les revendications palestiniennes et renforcerait la présence d’Israël sur l’ensemble de la région.

Netanyahou, qui a salué Trump comme "le meilleur ami d’Israël", voit dans ce projet une manière de sécuriser Gaza sans que l’armée israélienne n’ait à assumer directement une nouvelle occupation.

Un avenir incertain pour Gaza : entre chaos et contrôle étranger

Sans cette ingérence américaine, Gaza reste un territoire dans une situation humanitaire dramatique, où la reconstruction est paralysée par les blocus israélien et égyptien. Les Gazaouis, pris en étau entre le Hamas, Israël et la communauté internationale, peinent à retrouver une stabilité, tandis que l’absence d’un véritable projet politique pour la Palestine empêche toute avancée significative.

Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, impose un régime autoritaire où toute opposition est réprimée. Son emprise sur la population se traduit par une gouvernance marquée par la censure, une mainmise sur les ressources et l’utilisation de la lutte contre Israël comme justification à son maintien au pouvoir. Dans ce contexte, il est clair que Gaza ne peut survivre indéfiniment sous ce blocus et cette précarité.

Le scénario Trump : un mirage capitaliste déguisé en solution

Avec une intervention américaine, Gaza pourrait effectivement voir des investissements massifs. La transformation en "Côte d’Azur du Moyen-Orient" impliquerait l’effacement de l’identité palestinienne et la relocalisation forcée des habitants. L’influence américaine transformerait Gaza en une zone sous administration étrangère, dépendante économiquement et soumise à des intérêts privés. Ce scénario signifierait la fin définitive de l’autonomie palestinienne et la transformation de Gaza en une enclave sous tutelle occidentale.

Les réactions internationales sont presque unanimes pour condamner cette initiative, et il est peu probable que ni le Hamas, ni l’Autorité palestinienne, ni les pays arabes acceptent une occupation déguisée sous couvert de développement.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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