François Bayrou échappe à une sixième motion de censure

La motion de censure déposée par le Parti socialiste contre le gouvernement de François Bayrou s’est soldée par un échec cuisant. Un score sans appel : 181 voix, alors que 289 étaient requises pour faire tomber l’exécutif.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 20 février 2025 à 9h31
francois-bayrou-echappe-a-une-motion-censure
francois-bayrou-echappe-a-une-motion-censure - © PolitiqueMatin

Ce rejet n’est pas une surprise. Depuis plusieurs semaines, l’Assemblée nationale est le théâtre d’une bataille idéologique entre une gauche en perte de vitesse et un gouvernement qui se maintient sans majorité absolue.

Un rejet prévisible pour François Bayrou et son gouvernement

L’Assemblée nationale a tranché. Le 19 février 2025, la motion de censure déposée par le Parti socialiste n’a pas eu l’effet escompté. Avec seulement 181 voix en sa faveur, elle est restée bien en dessous des 289 nécessaires pour renverser le gouvernement. Une tentative désespérée des socialistes, qui dénonçaient une prétendue « dérive droitière » de l’exécutif, sans parvenir à convaincre au-delà de leur cercle.

François Bayrou a réagi avec ironie et fermeté. Il a dénoncé une initiative qu’il a qualifiée de « cousue de fil blanc » et s’est interrogé sur l’opportunité d’une motion venant du Parti socialiste, qui avait pourtant refusé de voter les précédentes motions de censure déposées par La France Insoumise. Son intervention a provoqué la colère des députés socialistes, dont certains ont quitté l’Hémicycle en pleine séance.

Les socialistes en quête de crédibilité ?

Si cette motion de censure avait peu de chances d’aboutir, elle révèle surtout l’incapacité du Parti socialiste à s’imposer comme une alternative crédible. Du côté de La France insoumise, Bastien Lachaud a ainsi reproché aux socialistes leur manque de constance, rappelant qu’ils avaient « sauvé Bayrou » en ne votant pas les motions précédentes. Ce positionnement opportuniste a semé le doute, y compris chez certains députés de gauche, qui peinent à comprendre la stratégie du PS.

À droite, la critique est encore plus sévère. Virginie Duby-Muller, figure de la Droite républicaine, a dénoncé une « mise en scène ridicule » et insisté sur la nécessité de se concentrer sur des réformes concrètes plutôt que sur des manœuvres parlementaires stériles. Le Rassemblement national a également refusé de soutenir la motion, qualifiant l’initiative de purement symbolique et sans intérêt politique réel.

L'immigration, au cœur des débats

Cette motion de censure trouve son origine dans un débat explosif sur l’immigration. François Bayrou avait récemment évoqué un « sentiment de submersion migratoire », déclenchant une vive réaction à gauche. Ayda Hadizadeh, députée socialiste, a dénoncé « une dangereuse banalisation des thèses de l’extrême droite », accusant le gouvernement de légitimer un discours de rejet. « À force d’utiliser ces termes, ce gouvernement valide les idées qu’il prétend combattre ! », a-t-elle déclaré à la tribune.

Elle a reproché à François Bayrou de chercher à séduire l’électorat conservateur en durcissant son discours, au détriment d’une politique migratoire équilibrée. Le Premier ministre a répliqué en défendant une approche pragmatique, affirmant que réguler l’immigration ne signifiait pas renier les valeurs républicaines. Il a réaffirmé que la France resterait une terre d’asile, tout en insistant sur la nécessité de faire appliquer les obligations de quitter le territoire.

Si la majorité assume une posture réaliste et ferme, la gauche socialiste y voit un virage inquiétant et une dérive idéologique du gouvernement.

Une gauche toujours plus fracturée

Au-delà de l’échec de cette motion, c’est la division de la gauche qui saute aux yeux. Le PS semble osciller entre rupture avec La France insoumise et quête d’une position centrale, mais peine à s’imposer comme un leader dans l’opposition. Cette posture ambiguë alimente les tensions internes et affaiblit la crédibilité du parti.

Jean-Luc Mélenchon n’a pas tardé à enfoncer le clou, dénonçant une gauche « en pleine confusion », incapable de proposer une véritable alternative. De son côté, Olivier Faure tente de justifier cette initiative en affirmant que le PS veut être une force de proposition et non seulement de contestation. Pourtant, à voir la réaction des autres groupes parlementaires, il semble bien que cette stratégie ne convainque personne.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

Suivez-nous sur Google News PolitiqueMatin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «François Bayrou échappe à une sixième motion de censure»

Laisser un commentaire

Les Commentaires sont soumis à modération. Seuls les commentaires pertinents et étoffés seront validés. - * Champs requis