« Nous assistons en direct à la création des conditions pour une éradication des Palestiniens à Gaza. » Le communiqué de Médecins sans frontières, publié le 14 mai 2025, est glaçant.
Gaza : Médecins sans frontières accuse Israël de « créer les conditions d’une éradication »

Gaza sans soins : les symptômes d’un abandon méthodique
Depuis le 2 mars 2025, Israël impose un blocus total sur Gaza, une mesure prise après l’échec des discussions visant à prolonger le cessez-le-feu du 19 janvier. Conséquence directe : plus aucune entrée de nourriture, d’eau potable ni de matériel médical. L’accès à l’aide humanitaire est gelé à la frontière. Médecins sans frontières (MSF) accuse Israël de conditionner l’entrée de l’aide à un déplacement forcé des habitants de Gaza. En d’autres termes, d’utiliser la faim et la maladie comme outils de pression.
Le 14 mai 2025, 80 personnes ont été tuées dans des frappes israéliennes sur Gaza, selon la Défense civile palestinienne. Cinquante-neuf d’entre elles ont péri dans le nord de l’enclave, où les bombardements se sont intensifiés au fil de la journée.
Les équipes de MSF, toujours présentes dans la bande de Gaza, décrivent un système de santé exsangue. Dans leur communiqué du 14 mai 2025, l’ONG révèle que « les structures de santé qui fonctionnent encore – déjà insuffisantes en nombre et en capacité pour la population – continuent d’être attaquées et sont frappées par des ruptures de stock de médicaments et d’autres fournitures essentielles. » Les compresses stériles, les gants, les anesthésiants… tout manque. Et personne ne ravitaille. Depuis onze semaines, aucun convoi n’a pu franchir les frontières. Résultat : une hausse de 32 % du nombre de patients souffrant de malnutrition en deux semaines, selon les observations de MSF.
Israël face aux critiques : « gestion humanitaire » ou instrumentalisation politique ?
L’argument israélien repose sur la sécurité : contrôler les livraisons pour empêcher leur détournement par le Hamas. Mais la proposition américaine de créer une nouvelle structure de gestion de l’aide, sous contrôle israélien, a été rejetée par MSF, qui y voit une tentative de contournement de l’ONU et une mise à l’écart des acteurs humanitaires indépendants. L’ONG dénonce une « réponse cynique à la crise humanitaire qu’ils ont créée ». Et d’ajouter : « S’ils le souhaitaient, Israël et ses alliés pourraient lever le blocus aujourd’hui et permettre à l’aide humanitaire d’atteindre toutes les personnes à Gaza, dont la survie en dépend. »
La déclaration la plus forte reste celle-ci : « Nous assistons en direct à la création des conditions pour une éradication des Palestiniens à Gaza. » Un terme lourd. Et volontairement employé. MSF ne parle plus de drame, de crise, ni même de guerre. L’ONG évoque une volonté systémique d’effacer un peuple de son territoire. Pourtant, les réactions diplomatiques restent tièdes. Giorgia Meloni, Présidente du conseil des ministres d'Italie, seule voix occidentale critique ces derniers jours, a qualifié la situation devant les députés italiens de « plus en plus dramatique et injustifiable ». Mais au-delà des mots, rien ne bouge pour l'instant.