La guerre en Ukraine devient de plus en plus inhumaine avec des répercutions mondiales imprévisibles

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Par Daniel Moinier Publié le 31 mars 2022 à 5h52
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96,6%En 2014, la Crimée a voté son rattachement à la Russie avec un référendum remporté à 96,6%

Les très nombreux précédents de cette guerre

Cela fait plus de huit années que de fortes divergences s’opposent entre les pro-européens et pro-russes ou russophones, occasionnant une guerre intérieure féroce dénommée guerre du Donbass avec ses 14.000 morts, un nombre énorme de déplacés et toutes ses destructions.

C’est la décision de supprimer la loi Kivalov-Kolesnichenko de 2012 qui faisait du russe une langue officielle, qui a provoqué une tempête dans la population russophone. Il en a résulté une répression féroce contre les régions russophones (Odessa, Dniepropetrovsk, Kharkov, Lougansk et Donetsk).

Le 21 novembre 2013, le président pro-russe Viktor Lanoukovitch a décidé de ne pas signer l’accord d’association proposé par l’Union européenne qui vient de lui refuser un prêt de 30 milliards d’euros. C’était soit l’intégration économique européenne ou l’union douanière russe. Des manifestations importantes ont suivi prônant la révolution, la mairie de la ville est occupée en exigeant la démission du président. Malgré cela le président confirme son choix en faveur de Moscou. Vladimir Poutine annonce un prêt de 15 milliards de dollars, une baisse du prix du gaz et la levée des barrières douanières entre les deux pays.

25 mai 2014 : élection du pro-européen Petro Porochenko à la présidentielle ukrainienne.

Après un premier référendum en 1991 et le référendum avec la Crimée de mars 2014 qui a voté son rattachement à la Russie à 96,6% et son indépendance vis-à-vis de l’Ukraine, un deuxième référendum d’auto-détermination (?) et non d’indépendance a été mis en place le 11 mai 2014 par les deux républiques auto-proclamées de Donetsk et Lougansk avec un résultat de 90% de oui.

En fait, ces Républiques ne cherchaient pas à se séparer de l’Ukraine, mais à avoir un statut d’autonomie leur garantissant l’usage de la langue russe comme langue officielle. Celui-ci n’a pas été reconnu par l’Europe ni par Kiev, qui a dit que c’était une farce et Moscou que c’était un résultat à respecter dans le dialogue.

Ce qui a poussé le Président ukrainien par intérim Tourtchinov à déclarer : Nous allons nous débarrasser des insurgés pro-russes et manifestants qui ont pris le contrôle de nombreuses villes, bâtiments publics, gouvernementaux, ce qui a occasionné beaucoup de destructions notamment à Odessa et surtout Marioupol avec de nombreux tués.

Les troupes ukrainiennes ont envahi la région en se dirigeant vers Donetsk, 70.000 personnes sont obligées de fuir la ville. L’aéroport, la gare centrale sont aux prises à des combats jusqu’à 115 kms au Nord, Nord-Ouest. Des avions de combat, des armes lourdes interdites, des missiles BM21 Grad ont été utilisés occasionnant de nombreuses destructions et civils tués.

Les Américains voyant la situation s’enliser ont débloqué 33 millions de dollars d’aide à l’armée ukrainienne ce a qui a fortement irrité Vladimir Poutine. L’Ukraine a même été obligée de mobiliser des réservistes pour augmenter sa puissance de feu. A la fin de l’été 2014, il ne reste plus que les Républiques auto-proclamées de Donetsk et Lougansk.

Cette guerre a duré avec des reprises de terrains par les forces ukrainienne, puis des contre-attaques des insurgés pro-russes, aidés par endroits par des volontaires venus de France et d’autres pays. La population est désemparée, plus d’eau, de gaz, d’électricité, plus de bus, une partie a quitté les logements puis revenu au grès des avancées et recul des lignes de confrontation.

Les insurgés ont réussi à repousser l’armée ukrainienne qui s’est effondrée.

Accord de Minsk (1)

Le 5 septembre 2014, les représentants de la république populaire de Donetsk, de la république populaire de Lougansk et le gouvernement de Kiev signent à Minsk (1), un protocole d'accord pour un cessez-le-feu, à partir du jour-même à 18 heures. La conférence qui réunit ces trois parties, en présence de Mikhaïl Zourabov ambassadeur de la Russie en Ukraine, est dirigée par Heidi Tagliavini diplomate suisse mandatée par l'OSCE (l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) pour accompagner le groupe de contact entre les autorités russe et ukrainienne.

Juste après cette signature, le président ukrainien Petro Porochenko a lancé une vaste opération antiterroriste (ATO) contre le Donbass. Les Ukrainiens subissent une lourde défaite à Debaltsevo et sur le site de l’aéroport de Donetsk qui les obligent à renégocier.

Le 23 décembre 14, la Rada(parlement) vote en faveur d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan ce qui irrite très fortement Moscou.

Accord de Minsk (2)

Malgré un nouvel accord signé « Minsk (2) en février 2015 » avec François Holland et Angela Merkel comme médiateurs, la guerre a repris avec de nouvelles destructions et un nombre de morts grandissants.

En octobre 2015 l’armée ukrainienne était dans un état déplorable, elle est minée par la corruption de ses cadres et ne jouissait plus du soutien de la population.

Etant désemparé, le ministère de la défense a demandé à l’OTAN de l’aider. Celle-ci a monté un programme pour améliorer ses capacités d’intervention et de motivation des troupes. Mais les soldats manquent. Pour compenser, le gouvernement a recourt à des milices paramilitaires et mercenaires venant des Etats-Unis, Grande-Bretagne, du Canada, de France et même de Suisse, dix neuf nationalités soit 40% des effectifs. C’est la défection des réservistes qui ne se sont pas présentés aux quatre sessions jusqu’à 90% préférant plutôt l’émigration provoquant ainsi un déficit démographique.

Ces milices, issues des groupes d’extrême-droite qui ont animé la révolution de l’Euromaïdan en 2014, sont composées d’individus fanatisés et brutaux, souvent liées à l’extrême droite. Les deux plus connues d’entre elles est celle du régiment Azov, dont l’emblème rappelle celui de la 2ePanzerdivision SS Das Reich, vénérée en Ukraine et Pravy Sektor plus patriote chrétien (confirmé par un général français de l’OTAN).

Devant la stagnation du conflit, les Etats-Unis décident de fournir des armes défensives à l’Ukraine, entre autres des missiles antichars Javelin.

Le 30 mai 2017, rencontre à Versailles de Vladimir Poutine avec le nouveau Président français.

En juin 2018, à la coupe du monde, nouvelle rencontre sur place des 2 présidents russe et français.

Le 25 mai 2018, au Forum économique de Saint Pétersbourg, rencontre des présidents russe et français.

Devant un auditoire de dirigeants d’entreprises, Vladimir Poutine a déclaré que le retrait des Etats-Unis était préjudiciable et contre productif. Il a aussi dit que ce pays, selon lui, applique des lois au-delà des frontières pour punir les entreprises étrangères. « C’est inacceptable et cela doit cesser a-t-il déclaré ».

Le 15 juillet 2018, à la coupe du monde, nouvelle rencontre sur place des 2 présidents russe et français.

31 août 2018 : Le chef de guerre pro-russe Alexandre Zakhartchenko, est assassiné à Donetsk. C’est le douzième chef de guerre assassiné ! C’est une provocation pour le Kremlin.

En octobre 2018, après quatre ans de guerre, le procureur militaire en chef Ukrainien Annatoly Matios déclarait que l’Ukraine avait perdu 2 700 hommes dans le Donbass.

En effet cette guerre qui a opposé les séparatistes aux autorités de Kiev a fait plus de 14.000 morts, plus d’un million et demi de déplacés, moitié vers la Russie et le reste vers l’Ukraine !

Le conflit entre les forces ukrainiennes et les séparatistes de Donetsk et Lougansk, a éclaté il y a plus de huit ans, dans la foulée de l’annexion russe de la péninsule de Crimée. Leur indépendance, proclamée à l’issue de référendums, n’était toujours pas reconnue par la communauté internationale.

En 2018, l’acteur et humoriste Volodymyr Zelensky fait sa campagne contre la corruption, tout en affichant une ligne moins virulente que le président sortant Porochenko vis-à-vis de la Russie. Il prône un cessez-le-feu dans le Donbass mais aussi l’organisation d’un référendum sur l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan.

21 avril 2019 : élection de Volodymyr Zelensky à la présidence ukrainienne contre toute attente.

19 août 2019, le Président français Emmanuel Macron a reçu son homologue russe Vladimir Poutine au fort de Brégançon.

7 septembre 2019 : les 24 marins ukrainiens, ainsi que dix autres citoyens ukrainiens (dont le cinéaste Oleg Sentsov) sont libérés dans le cadre d’un échange de prisonniers. La Russie remet à l’Ukraine ses trois petits navires le 18 novembre.

12 juin 2020 : l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) reconnaît l’Ukraine comme partenaire bénéficiant du programme « Nouvelles opportunités ». Ce statut permet d’améliorer l’interopérabilité et la coopération entre les forces de l’Alliance et celles de l’armée ukrainienne. Moscou se sent offensé.

22 juillet 2020, malgré cela, la Russie et l’Ukraine signent un nouvel accord de cessez-le-feu dans le Donbass, aussitôt violé le 27 juillet entre séparatistes et militaires ukrainiens.

3 février 2021 : Washington accepte de prolonger le traité New Start pour cinq ans. C’est l’un des derniers accords de maîtrise des armements entre la Russie et les États-Unis encore en vigueur.

16 juin 2021 : Rencontre à Genève entre le président américain Joseph Biden et son homologue russe Vladimir Poutine. Le dialogue sur les questions stratégiques est relancé.

Début décembre 2021, Joe Biden a exclu toute intervention militaire en Ukraine quand les Occidentaux espéraient encore que le maître du Kremlin ravalerait ses folles ambitions. Puis, les Etats-Unis furent parmi les premiers pays à évacuer leurs citoyens et avec eux les quelques 160 soldats venus en Ukraine pour entraîner l'armée locale.

Le 17 décembre 2021, Moscou publie deux projets de traité visant à refonder la sécurité collective en Europe. Le Kremlin demande notamment des garanties écrites sur la non-extension de l’OTAN à l’est, ainsi que le retrait des forces américaines des pays d’Europe orientale. L’Ukraine demande à l’OTAN de mettre en place un « paquet de dissuasion » contre la Russie.

19 janvier 2022 : les États-Unis annoncent une nouvelle aide militaire à l’Ukraine, de 200 millions de dollars (176 millions d’euros), s’ajoutant aux 450 millions déjà accordés.

7 février 2022 : après plusieurs échanges téléphoniques avec Vladimir Poutine, le président Emmanuel Macron qui veut se poser en médiateur sur la crise ukrainienne, rencontre à Moscou son homologue russe.

18 février 2022 : des bombardements ont eu lieu dans l’est de l’Ukraine sous le contrôle des forces gouvernementales ukrainiennes qui combattent des séparatistes pro-russes. Une réunion en urgence a été organisée entre les dirigeants du G7 et Emmanuel Macron s’est entretenu avec Vladimir Poutine pour tenter “d’éviter le pire”.

21 février 2022 : Vladimir Poutine décide de reconnaître l’indépendance des séparatistes pro-russes d’Ukraine et signe dans la foulée des accords « d’amitié et d’entraide » avec ces territoires. Il ordonne également à l’armée russe « de maintenir la paix ».

D’après les observateurs de l’OSCE, il n’y a pas eu de véritables troupes russes opérant dans le Donbass avant 23 février 2022.

24 février 2022 : peu avant 4 heures, du matin, « l’opération militaire de l’Ukraine est démarrée ».

Plusieurs puissantes explosions ont été entendues à Kiev, à Kramatorsk, ville dans l’est qui sert de quartier général à l’armée ukrainienne, à Kharkiv, deuxième ville du pays, et à Odessa, sur la mer Noire. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a aussitôt dénoncé le début d’une « invasion de grande ampleur » par la Russie.

Plusieurs fois Joe Biden a eu des mots très durs sur Poutine avant le conflit et pendant, « Poutine ne peut pas rester au pouvoir » et en le traitant de « criminel de guerre » et de « boucher » ! Le Président Français a d’ailleurs fait remarquer que ces invectives ne pouvaient qu’irriter encore plus Le Président russe et conforter dans son attaque.

Analyse et causes :

En analysant tout le contexte antérieur à cette invasion, il est possible de constater que l’interventionnisme occidental, y compris l’Otan ont fortement irrité Vladimir Poutine et les mots sont pesés, ainsi que les termes employés ne pouvant que renforcer sa détermination à annexer l’Ukraine pour se faire une barrière à l’occident.

Dès que la guerre a démarré, pour minimiser les pertes humaines et les destructions, il suffisait que le président ukrainien trouve un terrain d’entente avec Vladimir Poutine. Ce qui n’allait certainement pas dans le sens d’une Ukraine libre (européenne) sans le joug russe.

D’autre part, toutes les aides en armes et en hommes, ce qui peut sembler logique et humain dans ce contexte, ne feront que prolonger cette guerre et augmenter le nombre de morts et de destructions en se poursuivant dans un enlisement destructeur. C’est simplement un constat que les deux camps ne peuvent certainement pas entendre.

Ce qui n’enlève pas la lourde responsabilité de Vladimir Poutine de s’être lancer dans cette folle guerre destructrice qui risque de déstabiliser le monde entier tant économiquement que relationnellement en s’arrêtant où et quand ?

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C.Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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