Harcèlement scolaire à Alfortville : quand la police débarque en classe

Entre les élèves qui hurlent avec les loups et les professeurs qui font l’autruche, les harceleurs en milieu scolaire agissent souvent en toute impunité. A Alfortville, ce sentiment a été douché par la venue d’une équipe de police.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Modifié le 20 septembre 2023 à 14h27
Harcèlement Scolaire

Le responsable d'un harcèlement scolaire interpelé en plein cours

Lundi dernier, un adolescent de 14 ans a été interpellé en plein cours au collège Henri Barbusse d’Alfortville. Il était accusé de harcèlement envers une lycéenne transgenre. Cet élève aurait tenu des propos homophobes sur Instagram, incitant même au suicide de la jeune fille en transition de genre. Le père de la victime s'est donc rendu au commissariat pour porter plainte. Le collégien a été placé en garde à vue immédiatement après son interpellation.

Les réactions face à cet événement ont été nombreuses et variées. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a déclaré que l'interpellation s'était faite « en conformité » et que cela envoyait un « message très fort » aux harceleurs. Il a souligné l'importance de protéger les enfants face au fléau du harcèlement. Cependant, au sein de la communauté éducative, certains ont jugé cette interpellation en classe « anormale ». Selon Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, le premier syndicat dans le second degré, l'interpellation « a beaucoup choqué parce que l'on estime que la police n'a pas forcément sa place dans un établissement scolaire ». Le syndicat prévoit de demander des comptes au ministère de l'Education nationale afin de comprendre pourquoi les policiers ont été envoyés.

Une réponse forte à un problème grave et récurrent

Le harcèlement scolaire est un problème majeur qui affecte de nombreux élèves à travers le pays. Récemment, le suicide du jeune Nicolas, victime de harcèlement, a suscité une grande émotion. Olivier Véran a rappelé combien de fois, ces derniers mois, nous avons dû pleurer suite à la mort tragique d'un enfant victime de harcèlement. Gabriel Attal, ministre de l’Éducation nationale, a également exprimé sa volonté de lutter efficacement contre ce fléau. Or, trop souvent, les annonces politiques ne sont pas suivies d'actes. Les professeurs n'ont pas le temps, l'énergie ou l'envie de régulièrement rappeler les coupables à l'ordre, et les victimes s'enferment dans un silence qui leur apparaît comme la seule solution. Sans compter que les sanctions dont dispose l'équipe éducative sont limitées : punitions, retenues, conseil de discipline, exclusion temporaire, tout cela ne résout pas forcément le problème, et peut même exposer les harcelés à des représailles.

Dans ce contexte, l'interpellation en classe peut être un acte fort pour lutter contre le harcèlement. Les coupables prennent conscience de la gravité de leurs actes, les victimes se sentent écoutés et les autres élèves, choqués, sont moins portés à venger les responsables de harcèlement. La gauche et la droite demandent régulièrement des mesures fortes pour combattre ce problème. Envoyer la police en classe pour interpeller un élève soupçonné de harcèlement est une réponse à ces demandes. 

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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