Immigration : il ne faut “pas mélanger l’immigration légale et illégale”

Les demandes d'asile, un chiffre en trompe-l'oeil

Concernant l'immigration de réfugiés, Didier Leschi a souligné que les demandes d'asile en France, bien que croissantes, ne surpassent pas celles d'autres pays européens. Il a précisé : « Les demandes d'asile ont augmenté en 2023, aux alentours de 10% par rapport à 2022 » et « Il y a eu entre 145.000 et 150.000 demandes d'asile en 2023 ». L'Allemagne est en tête en matière de demandes d'asile, suivie de la France, mais avec une différence significative​​. En 2022, on compte près d'un million de demandes d'asile en Europe, dont presque 250.000 en Allemagne et 160.000 en France. L'Espagne arrive en troisième position avec 120.000 demandes.

La France n'est donc pas première, mais seconde, ce qui ne saurait être une raison de se réjouir, d'autant que la plupart des réfugiés viennent pour des raisons économiques, et non politiques. L'Allemagne rejette un peu moins d'une demande sur trois, tandis que la France en accepte un sur trois. En revanche, l'exclusion des personnes déboutées du droit d'asile est loin d'être systématique : en 2019, sur 133.000 demandeurs d'asiles, dont 97.000 déboutés, 59.000 étaient devant les tribunaux pour contester le rejet de leur demande. Une situation qui engorge les tribunaux, dont l'activité se compose pour moitié de réexamen de ces demandes.

L'immigration légale et ses têtes diverses

Selon Didier Leschi, il est crucial de distinguer l'immigration légale de l'immigration illégale. Il affirme que « c'est important de ne pas mélanger l'immigration légale et illégale » et souligne que la France maintient une forte immigration légale, essentiellement familiale ou liée au travail​​. En effet, le regroupement familial occupe une large part dans l'immigration française. En 2019-2020, 20% des hommes et 37% des femmes avaient obtenu leur premier titre de séjour en tant que conjoint d'un Français ou à titre de regroupement familial. Il tient cette place depuis la fin du XXe siècle, puisque la moitié des immigrés arrivés en France avant 1998 et avant 15 ans déclare avoir émigré pour raisons familiales, c'est-à-dire pour suivre un enfant ou un parent, ou pour rejoindre un conjoint.

Selon les chiffres du ministère du Travail, 10% des emplois sont occupés par une main d'oeuvre immigrée. Le taux d'emploi des immigrés en provenance d'Afrique est de moins de 60%, le plus bas de l'ensemble des immigrés, contre 70% pour les Français sans ascendance migratoire. Inversement, le taux de chômage des immigrés d'origine africaine est le plus haut de l'ensemble de la population (14%) à comparer avec celui des Français sans ascendance migratoire (6%), ce chiffre ne prenant en compte que les chômeurs inscrits. Il faudrait y ajouter une partie des inactifs, qui comprennent également les retraités.

Taux d'activité de la population française selon l'Insee