Alors que le débat sur l’indexation des retraites sur l’inflation fait rage à l’Assemblée nationale, les partis politiques s’opposent sur la manière de protéger le pouvoir d’achat des retraités tout en préservant les finances publiques.
Indexation des retraites : les partis politiques divisés
![Retraites](https://www.politiquematin.fr/wp-content/uploads/2024/11/retraites-1200x800.jpg)
L’indexation des retraites sur l’inflation, un pilier de la solidarité nationale, divise les partis politiques dans un contexte de tensions économiques et sociales. Entre motions de censure et scénarios législatifs complexes, cet enjeu révèle des fractures profondes sur la manière de concilier protection des aînés et maîtrise budgétaire.
Sous-indexer les retraites pour épargner les actifs
Michel Barnier et son gouvernement plaident pour une approche « mesurée » de l’indexation. La majorité a proposé une revalorisation de +0,8 % avec un complément différé pour les pensions les plus faibles. Ce choix, selon le ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, vise à « protéger les retraités les plus modestes tout en limitant l’impact sur les finances publiques ». Cependant, cette mesure est critiquée pour sa sous-indexation par rapport à l’inflation réelle, estimée à +3,2 %. Pour la ministre, « aller au-delà reviendrait à hypothéquer l’avenir des générations futures ».
Les Républicains (LR) adoptent également une position nuancée. Tout en soutenant l’idée d’une réindexation partielle, ils insistent sur la nécessité de réformes pour garantir la viabilité du système. Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, estime que « nous ne pouvons pas ignorer l’endettement croissant. Une réindexation automatique, sans réflexion sur le financement, est irresponsable ».
Le NFP et le RN font front commun pour l'indexation des retraites
Les partis de gauche, notamment La France insoumise (LFI) et le Parti socialiste (PS), défendent une réindexation intégrale des pensions sur l’inflation. Selon Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, « c’est un droit pour les retraités, conquis de haute lutte, de voir leurs pensions ajustées aux prix. Toute tentative de limitation est une attaque contre le modèle social français ». Olivier Faure, secrétaire général du PS, a également dénoncé une politique qu’il juge « injuste et antisociale », affirmant que « les retraités ne doivent pas être la variable d’ajustement du budget national ».
Le RN, mené par Marine Le Pen, a surpris en soutenant la réindexation complète. Cette position, stratégique pour séduire les électeurs âgés, s’accompagne d’une critique acerbe du gouvernement. « Michel Barnier sacrifie les retraités pour satisfaire Bruxelles. Nous défendons leur pouvoir d’achat face à cette trahison », a déclaré Marine Le Pen.
Quelle conclusion attendre ?
La situation actuelle, marquée par une possible adoption des motions de censure, ouvre plusieurs scénarios. Si le gouvernement est renversé, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 serait abandonné. Dans ce cas, les règles de l’année précédente s’appliqueraient automatiquement.
Cette conclusion inclurait une réindexation complète des retraites sur l’inflation, soit une hausse de +3,2 % au 1er janvier 2025. Les pensionnés bénéficieraient d’un gain immédiat, mais cela coûterait environ 7 milliards d’euros supplémentaires aux finances publiques. Les pensions sont devenues tellement pesantes que le gouvernement a proposé sept heures de travail gratuit offertes par les actifs.
Si le gouvernement survit aux motions de censure, le projet initial serait appliqué. Cela signifierait une augmentation de seulement +0,8 %, avec un complément différé. Cette option limiterait les dépenses publiques, mais risquerait d’accentuer le mécontentement social.
En cas de rejet du budget actuel, le Parlement pourrait également proposer un texte alternatif sous un nouveau gouvernement. Les débats se concentreraient alors sur le niveau exact de revalorisation et sur les moyens de financement. L'abrogation de la réforme des retraites soulève elle aussi de nombreux débats.
Les retraites, un serpent de mer des mandats Macron
Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron a dû composer avec un contexte économique et social marqué par des tensions budgétaires et une inflation croissante. Les revalorisations des retraites ont été au cœur de plusieurs décisions, souvent critiquées pour leur insuffisance face à la hausse des prix.
En 2018, le gouvernement d’Édouard Philippe a opté pour une augmentation des pensions limitée à +0,3 %, bien en deçà de l’inflation, qui dépassait +1,6 %. Cette décision, prise dans un souci de maîtrise des finances publiques, a provoqué un mécontentement croissant parmi les retraités, notamment lors du mouvement des Gilets jaunes. Beaucoup ont dénoncé une perte de pouvoir d'achat, particulièrement pour les petites pensions. Face à la colère sociale, Emmanuel Macron a annoncé une revalorisation différenciée des pensions. Les retraites inférieures à 2 000 euros ont bénéficié d’une indexation sur l’inflation (+1 %), tandis que les autres pensions sont restées gelées.
En janvier 2023, les pensions ont été augmentées de +0,8 %, un chiffre inférieur aux attentes des retraités. Cette décision a relancé les critiques sur l’incapacité du gouvernement à garantir une protection suffisante face à la flambée des prix de l’énergie et des biens de consommation.