Lampedusa : Darmanin tiendra-t-il parole ?

Face à la crise migratoire qui secoue l’Europe, la France a pris une position claire. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé que la France n’accueillerait pas de migrants venant de Lampedusa. Néanmoins, son bilan en termes de gestion de l’immigration a de quoi interroger sur les actes qui suivront les paroles.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 19 septembre 2023 à 22h29
Lampedusa

Lampedusa, catalyseur des désaccords politiques

Lors de son passage au 20h de TF1, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a clairement annoncé que la France ne serait pas une terre d'accueil pour les migrants de Lampedusa. Cette déclaration intervient dans un contexte de crise migratoire en Italie, où des milliers de migrants arrivent sur l'île de Lampedusa. Cette île italienne, située entre la Tunisie et la Sicile, est devenue un point de transit majeur pour des milliers de migrants cherchant à rejoindre l'Europe. « La France n'accueillera pas de migrants venant de Lampedusa », a déclaré le ministre. Il a par ailleurs souligné la nécessité d'une coopération européenne pour gérer cette crise et l'intention de la France d'assister l'Italie pour « reconduire des personnes » venus de pays avec lesquels la France aurait de « bonnes relations diplomatiques ».

Cette annonce intervient alors que les différentes personnalités politiques se succèdent sur les plateaux et le terrain depuis plusieurs jours. Certains, comme François Ruffin, arguent que les migrants sont assez peu comparé à la totalité de la population européenne. Ils devraient donc être accueillis eu égard aux difficultés qu'ils subiraient dans leur pays. Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, a déclaré : « Il est de notre devoir d'accueillir ceux qui fuient la guerre et la misère. » De son côté, Jean-Luc Mélenchon a rappelé l'importance des valeurs humanistes : « Refuser l'accueil de ces migrants, c'est renier nos valeurs républicaines. » De son côté, la droite alerte sur les risques de remplacement de la population et de dépenses publiques liées aux aides que percevraient les migrants.

La fermeté migratoire peut-elle être effective ?

Si la position de la France semble claire, sa mise en œuvre soulève de nombreuses interrogations. En effet, la libre circulation des personnes au sein de l'Union Européenne permet à un migrant arrivant à Lampedusa de se rendre en France en passant par un autre pays membre. Cette réalité met en lumière les limites de l'annonce de Darmanin. Les chiffres de l'Observatoire de l'immigration montrent une augmentation constante du nombre de migrants. En 2022, la France a enregistré 400 000 entrées légales et 150 000 entrées illégales.

De plus, la France a montré des difficultés à gérer l'immigration clandestine. Selon l'Observatoire de l'Immigration, en 2022, la France a délivré 260 000 titres de séjour, mais a également notifié 90 000 Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF). Or, seulement 15% de ces OQTF ont été effectivement exécutées. Ces chiffres interrogent sur la capacité réelle de la France à refuser l'accueil de migrants venus de Lampedusa. Ces données montrent l'ampleur du défi que représente la gestion de l'immigration pour le pays.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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