Le Grenelle des violences des mineurs : un gouvernement qui pense au lieu de faire ?

Face à une recrudescence des cas de violences extrêmes parmi les jeunes, Emmanuel Macron a mandaté le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, pour lancer un Grenelle sur le sujet. L’objectif est de comprendre les racines du problème et d’y apporter des solutions concrètes.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 18 avril 2024 à 10h00
Grenelle

Le gouvernement Macron, gouvernement des Grenelle ?

Cette fois-ci, après de multiples agressions à la sortie des collèges et des lycées, des dizaines de professeurs agressés et des centaines qui, pour l'éviter, s'auto-censurent, les émeutes, le harcèlement scolaire, le gouvernement prend le problème de la violence des mineurs à bras-le-corps. Comment ? Avec un Grenelle, et un Grenelle qui entendra tous les acteurs : les institutions scolaires et judiciaires, mais aussi les associations et les familles.

L'ambition de ce Grenelle est triple : prévenir, punir et réinsérer. Il s'agit de trouver des moyens de prévenir la délinquance juvénile, d'améliorer les dispositifs punitifs pour dissuader les comportements violents, et enfin, de renforcer les mesures de réinsertion sociale et professionnelle pour les jeunes délinquants .

Quelles solutions face aux violences des mineurs ?

On pourrait se dire que l'intention est louable. Pourtant, de nombreuses voix s'élèvent pour questionner l'efficacité de telles concertations. Il faut bien admettre que les précédents Grenelles lancés par Emmanuel Macron n'ont pas toujours mené à des changements significatifs. Le Président a déjà initié plusieurs Grenelles, notamment sur l'environnement et les violences conjugales. Toutefois, le recours fréquent à ce format de concertation soulève des questions sur son efficacité réelle en matière de résolution des problèmes sociétaux de longue date. Le numéro vert mis en place pour les victimes de violences, par exemple, a été une mesure bien accueillie, mais son impact reste difficile à mesurer .

Certains opposants politiques, principalement à droite, regrettent ainsi qu'Emmanuel Macron ne sache que disserter, réfléchir, interroger, au lieu de faire. D'une certaine façon, selon eux, un président n'est pas là pour penser un programme, mais pour l'appliquer. Pour réduire la violence des mineurs, ils en auraient un, eux, de programme à appliquer. Abaissement de la majorité pénale à 16 ans pour que les jeunes soient sanctionnables plus tôt, peines planchers pour éviter que certains ne quittent le tribunal avec une simple tape sur l'épaule, suppression des allocations familiales et autres aides aux parents pour les engager à mieux surveiller leurs enfants.

De son côté, la gauche estime que ce qui manque avant tout, ce sont les moyens. Au lieu de pénaliser des parents souvent dépassés et au demeurant pleins de bonne volonté, elle préférerait que l'État mette plus de moyens dans les services publics, afin d'améliorer la vie dans certains quartiers. Actuellement, entre les aides des collectivités territoriales, le programme national de rénovation urbaine et le programme de renouvellement urbain, et enfin l'État lui-même, c'est près de 50 milliards d'euros qui ont été injectés dans ce qu'on appelle les banlieues depuis vingt ans.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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