Les résultats des élections européennes invitent à une introspection critique du centre gauche à la droite républicaine et sociale pour répondre aux succès du RN. Cette réflexivité et ce courage politique sont d’autant plus importants avec l’échéance des législatives les 30 juin et 7 juillet prochains.
Faire barrage : fini le temps des ni-ni !
La victoire du RN aux européennes : le mal être de nos régions
Le succès électoral dimanche dernier des partis d’extrême droite et du Rassemblement National en particulier, avec 32% des suffrages exprimés, n’est une surprise pour personne. Si l’ensemble de l’Europe est affecté, en tant qu’élue noire en Bretagne, je ne peux demeurer silencieuse ni faire l’économie d’une réflexivité sur mon territoire.
25,58% des suffrages pour la liste de Jordan Bardella en Bretagne : la Bretagne si longtemps protégée de l’extrême droite par son héritage ne l’est définitivement plus. La transformation a été silencieuse mais pérenne : la ruralité, les classes moyennes paupérisées, les communes où « tout ferme » se sentent aux mieux abandonnées des politiques publiques, sinon méprisées par nos responsables politiques, et votent en conséquence.
Les fractures françaises sociologiques et démographiques, mais aussi économiques et idéologiques, sont réelles mais les enjeux que connaissent nos régions, loin des métropoles aussi. Ce mal-être peut se traduire par une haine de l’altérité, notamment quand elle est racisée, cette haine recoupe et nourrit un sentiment d’injustice fiscale et une stigmatisation de l’assistanat, cette haine, comme toute haine, ne pourra porter ni bon fruit, ni espérance.
Aucune voix à l’extrême droite
Je me considère moi-même comme une femme politique de droite, mais ma droite à moi, héritière du gaullisme sociale, semble aujourd’hui réduite à peau de chagrin, inaudible dans un discours politico-médiatique relayant de plus en plus des idées nationalistes et identitaires qui excluent l’autre.
Fière d’être française sans avoir de sang français, défenseuse des droits humains et de la dignité par le travail, je porte également haut et fort la nécessité de rendre réelle l’égalité des chances et réitère le besoin de fraternité et de confiance. Aussi, je ne peux que refuser toute tentation brune, tout vote pour le Rassemblement National qui porte un projet politique discriminant à l’égard de toute différence, des femmes, des minorités religieuses, des personnes issues de la diversité. La gravité de la situation pousse à une introspection profonde : quelles sont mes valeurs et mes allégeances ?
L’urgence est d’empêcher que l'extrême droite ait une majorité absolue à l’Assemblée, à ce titre, je suis plus qu’en désaccord avec “l’alliance” avec le RN annoncée par Eric Ciotti. Et je ne suis pas la seule à me réclamer de cette droite républicaine et gaulliste comme en témoigne l’avis des députés sortants et de nombreux cadres du parti1. En revanche, quand je regarde les sondages et les médias, parfois, je me sens seule2.
Difficile de faire parler les morts, mais je suis persuadée que si Jacques Chirac était encore parmi nous, il n’hésiterait pas à faire barrage au Rassemblement National en appelant les gens à ne donner aucune voix à ce parti ou à ses associés, comme il l’avait fait en 2002 : refusant de débattre avec Jean Marie Le Pen et en nous rappelant les conséquences désastreuses pour la France qu’auraient toute collaboration avec ce parti.
Quel responsable politique de nos jours montrerait le même courage et la même détermination ?
Ensemble, fixons-nous cette même ligne rouge et votons en conséquence et en conscience lors des législatives anticipées.