Un vieux site militaire qui reprend vie. Luxeuil redevient nucléaire. Macron a parlé d’un missile hypersonique. L’ASN4G. Ultra-rapide, impossible à intercepter. Un signal aux concurrents, et une mise en garde à peine voilée.
Missile nucléaire hypersonique : Macron prépare l’armée française à la guerre du futur

Un mot lâché entre deux annonces. Une base relancée. Et un engin dont presque personne n’a entendu parler : l’ASN4G.
Luxeuil fait son grand retour pour la dissuasion nucléaire, annonce Macron
La base aérienne 116 de Luxeuil-Saint-Sauveur ne devait plus compter. Depuis la fin de sa vocation nucléaire en 2011, elle était même menacée de fermeture. Le 18 mars 2025, Emmanuel Macron a balayé cette perspective. Le site sera le premier à accueillir le futur missile ASN4G. Deux escadrons Rafale y seront basés à partir de 2032, pour un coût total de 1,5 milliard d’euros pour le ministère des Armées. L’État promet aussi une infrastructure nucléaire dédiée, des zones sécurisées, des abris souterrains, et une protection renforcée sol-air. À terme, 2000 aviateurs y seront affectés, contre 1000 aujourd’hui.
Derrière le sigle froid d’ASN4G (Air-Sol Nucléaire de Quatrième Génération) se cache le futur visage de la dissuasion nucléaire aéroportée française. Développé depuis 2014 par MBDA et l’Onera, ce missile hypersonique succédera à l’ASMPA. Sa vitesse pourrait atteindre Mach 6 ou 7, soit entre 7400 et 8600 km/h, et sa portée dépasser 1000 km. Son vrai atout ? Il vire à pleine vitesse, là où d'autres filent tout droit. Cette capacité rend toute interception pratiquement impossible.
Missile nucléaire français : ce que l’ASN4G change concrètement
L’ASN4G n’est pas qu’un missile rapide. C’est un changement d’échelle. Plus lourd, plus puissant, il nécessitera une nouvelle génération de porteurs. Le Rafale actuel est hors course. Seule la version F5, prévue pour 2030-2035, pourra le transporter. À terme, l’ASN4G pourrait aussi être lancé depuis un porte-avions ou intégré au SCAF, le futur avion de chasse européen. Il devrait embarquer la même tête nucléaire que l’ASMPA : une TNA de 300 kilotonnes, réservée à ce que l’armée appelle pudiquement « l’ultime avertissement ».
La France ne fait pas cavalier seul. Chine, Russie, États-Unis, Inde, Iran, Corée du Nord : tous affirment travailler sur des armes hypersoniques. Mais très peu en disposent réellement. Seule la Chine semble avoir franchi un cap crédible avec son DF-17, capable de voler à Mach 10. Même les États-Unis peinent encore à valider leurs prototypes. Le missile russe Kinjal ou l’iranien Fattah, souvent cités, n’ont qu’une manœuvrabilité limitée.