La liberté de la presse existe-t-elle en France ? La cabale judiciaire contre le média Frontières tend à montrer le contraire.
Le média Frontières survivra-t-il à la justice française ?

Le système judiciaire a réagi à la dernière enquête du média Frontières par plusieurs annonces de procès et communiqués de soutiens aux avocats pointés par l'enquête.
Le Conseil d'Etat s'attaque à la presse
La liberté de la presse a-t-elle du plomb dans l'aile ? Mardi 11 février, le Conseil d'Etat, via le Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel, a annoncé être indigné des « propos et publications récemment diffusés qui mettent en cause l’indépendance et l’impartialité des juridictions administratives ». Ce communiqué fait référence au dernier hors-série du magazine Frontières, titré « Invasion migratoire - ONG, avocats, juges, journalistes, passeurs - les coupables ». Ce numéro, publié à la fin du mois de janvier, présente plusieurs enquêtes démontrant le laxisme judiciaire et les intérêts des avocats, juges et autres magistrats, à alimenter les flux migratoires.
Le hors-série de Frontières se présente comme une « Enquête exclusive sur les coupables de l’immigration clandestine : Avocats militant, préfectures cédant aux associations pro-migrants, et journalistes de gauche complices ». Il détaille les liens des associations pro-migrants avec certains élus, pointe les « préfectures complices des ONG pro-immigration » et le « business des avocats ».
Les avocats et les juges contre Frontières
Le monde de la justice a été particulièrement secoué par l'enquête de Frontières, et le Conseil national des barreaux (CNB) a immédiatement saisi le parquet. Cette institution représente les avocats exerçant en France. Selon elle, « défendre les justiciables, quels qu’ils soient, est l’essence de la profession d’avocat. Ces attaques sont inadmissibles et ne peuvent prospérer. » Gérald Darmanin avait également assuré de son soutien les avocats en droit des étrangers, considérés comme visés dans leur ensemble. Selon lui, « s'en prendre aux avocats est inacceptable en démocratie. »
Le CNB condamne fermement l’attaque ciblée de @Frontieresmedia à l’encontre de nos confrères exerçant en droit des étrangers.
Défendre les justiciables, quels qu’ils soient, est l’essence de la profession d’avocat.
Ces attaques sont inadmissibles et ne peuvent prospérer.
Le…
— Conseil national des barreaux - les avocats (@CNBarreaux) January 30, 2025
Frontières dénonçait principalement le laxisme judiciaire, avec notamment un classement des tribunaux administratifs, mais aussi les avocats spécialisés dans l'annulation des obligations de quitter le territoire français (OQTF) qui frappent certains clandestins. Une spécialité difficile à défendre quand on lit les multiples agressions quotidiennes en France, dont les auteurs sont régulièrement frappés d'OQTF. De plus, les frais de justice sont majoritairement payés par des fonds publics, les plaignants sous OQTF n'ayant naturellement pas les crédits nécessaires. Une dépense qui peut paraître illégitime aux Français qui demandent par ailleurs une diminution des dépenses publiques.
Les révélations de Frontières font mouche
Depuis la publication de ce magazine, qui donne certains noms de magistrats, certains juges et avocats se sont plaints de recevoir des insultes et des menaces sur les réseaux sociaux. Le Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel a « exprimé son entier soutien aux personnes concernées et estime que toutes les suites pénales susceptibles d’être engagées doivent l’être. » Selon le CSTA, l'enquête de Frontières représente une menace pour une justice indépendante.
Cependant, certains avocats se désolidarisent du CNB, et a fortitiori de leurs confrères visés par l'enquête de Frontières. Maître Philippe Prigent a ainsi demandé sur X (ex-Twitter) si cette institution pouvait légitimement user de ses moyens financiers, issus des cotisations obligatoires, « au profit d'une catégorie d'avocats particuliers. »
Frontières, un média régulièrement attaqué
Ce n'est pas la première fois que Frontières se retrouve dans le viseur. A la fin du mois d'août, son compte Instagram avait pâti de la censure massive de Meta à l'encontre de comptes de droite. Plusieurs influenceurs et institutions avaient perdu leur compte, même si Frontières avait rapidement retrouvé le sien et que Meta avait évoqué une erreur.
Au-delà de l'attaque contre Frontières, la réaction du Conseil d'Etat et des institutions judiciaires montre une réalité inquiétante. Il semble aujourd'hui difficile, en France, de remettre en cause la façon dont la justice est administrée. Or, si la justice doit être indépendante du pouvoir exécutif, elle ne doit pas pour autant revendiquer le droit de ne rendre aucun compte.