La réouverture de Notre-Dame de Paris, prévue pour le 7 décembre 2024, après cinq ans de travaux intensifs, marque un moment historique pour les Français et le monde entier.
Réouverture de Notre-Dame de Paris : le discours de Macron relégué sur le parvis
Notre-Dame de Paris n'était pas rénovée pour les JO, mais elle le sera tout de même pour 2024. Après quatre ans et demi de travaux, la cathédrale ouvrira le 7 décembre. La première messe qui y sera célébrée sera donc celle du dimanche 8 décembre. Cette date est particulièrement importante puisque c'est la fête de l'Immaculée conception de la Vierge Marie. Ce jour rappelle que la mère de Jésus a été conçue sans le péché originel. Toutefois, le 8 décembre étant cette année un dimanche, cette fête ne sera célébrée que le 9.
Comment Emmanuel Macron a voulu s'approprier la réouverture
Ravagée par l’incendie de 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris est aujourd’hui restaurée, grâce aux efforts de nombreuses entreprises françaises. Malheureusement, au-delà de la prouesse technique, on retiendra une kyrielle de polémiques. Ainsi en est-il de la volonté d’Emmanuel Macron de prononcer un discours dans l’enceinte religieuse.
Le président Emmanuel Macron avait initialement prévu de prononcer son discours au cœur même de la cathédrale Notre-Dame. Une décision qui aurait été inédite, aucun chef d’État ni même roi de France n’ayant jamais pris la parole dans cet édifice religieux pour des raisons protocolaires et de respect des institutions.
Le clergé dans une position inconfortable
L’Église catholique, bien que reconnaissante des efforts d’Emmanuel Macron pour la restauration de Notre-Dame, éprouvait un malaise face à l’idée que le président de la République prenne la parole à l’intérieur de la cathédrale. « Nous ne pouvons pas empêcher le président de la République d’utiliser cette cérémonie à son profit politique, » a déclaré une source ecclésiale proche du dossier au Figaro, exprimant la position délicate de l’Église dans ce contexte. Cette même source ajoutait : « Nous devons aussi reconnaître qu’il a joué pleinement son rôle pour l’exécution des travaux dans le délai fixé. » L’Église se trouvait donc dans une situation inconfortable, consciente de l’« embarras » que pourrait causer un discours du président dans un lieu symbolique à forte charge religieuse.
La question de l’endroit précis où le président s’exprimerait soulevait également des inquiétudes. Toujours selon cette source ecclésiale, « toute la question est de choisir l’endroit où il va s’exprimer pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté. » Cette préoccupation a mené à des discussions intenses entre l’Élysée et l’archevêché, dans l’espoir de « trouver le meilleur ajustement. » Le président aurait pu se contenter de s’adresser aux invités « sans franchir le seuil liturgique de l’ambon, pupitre des lectures sacrées, ou de la chaire des prêches, » expliquait cette même source, évoquant la nécessité de maintenir un respect strict pour les zones liturgiques de la cathédrale.
Un conseiller du Président a défendu le choix initial de Macron. Selon lui, ce discours dans Notre-Dame de Paris devait « rendre hommage, dans un lieu symbolique, à la résilience du patrimoine français ». Le conseiller a ajouté : « Le Président est avant tout un citoyen ému par la réouverture de ce chef-d’œuvre, et non un homme politique en quête de reconnaissance ». Une affirmation qui n'a pas convaincu.
Les experts en patrimoine dubitatifs
En dehors de l’Église, certains observateurs ont également exprimé des réserves quant à la prise de parole du président au sein de Notre-Dame. Maryvonne de Saint-Pulgent, membre honoraire du Conseil d’État et experte reconnue sur la question du patrimoine religieux, a expliqué que « la prise de parole du chef de l’État, même si elle avait eu lieu à l’intérieur de la cathédrale, n’aurait pas constitué une entorse à la laïcité, dès lors qu’il avait l’accord de l’archevêque de Paris sur ce point. ».
Cependant, Maryvonne de Saint-Pulgent ajoute que « le choix de prononcer ce discours dans la cathédrale elle-même, et non sur son parvis, où se tiennent de coutume les interventions publiques d’élus de la République pour ce type de cérémonies, aurait revêtu un caractère totalement inédit. » Elle met ainsi en lumière le risque de « susciter l’incompréhension et nourrir une suspicion d’instrumentation politique. » Selon elle, ce choix aurait pu choquer l’opinion publique et risquait d’être interprété comme une tentative du président d’utiliser un lieu sacré à des fins politiques, rompant ainsi avec la tradition républicaine de neutralité.
Le discours dans Notre-Dame de Paris n'aura pas lieu
Sous la pression des critiques, l'Élysée a finalement pris la décision de relocaliser le discours présidentiel sur le parvis de Notre-Dame. Un conseiller proche du président a expliqué cette décision par « un profond respect des valeurs de laïcité et des sensibilités religieuses ». Ce choix de compromis a cependant suscité des réactions variées. Un expert en patrimoine, interrogé par le journal, a exprimé ses réserves : « C’est un geste habile, certes, mais il reste teinté d'une certaine ambiguïté quant à l’intention réelle de cette allocution ».
Emmanuel Macron pourra toutefois s’exprimer dans la cathédrale le 29 novembre, lors de sa dernière visite avant l'ouverture officielle, pour rendre hommage aux mécènes et aux artisans de la restauration. L’Élysée, souhaitant apaiser les tensions, a tenté de clarifier ses intentions par un communiqué officiel : « La parole du chef de l’État sur le parvis symbolise la reconnaissance de l’effort national et de la foi des Français dans la restauration de Notre-Dame ». Cette clarification par l'Élysée souligne les tensions entre l’État et l’Église, une dualité exacerbée par la volonté de Macron de jouer un rôle visible dans cet événement, alors même que le souvenir de l’incendie reste sensible pour les Français.
Autour de Notre-Dame de Paris, les polémiques affluent
Outre la question du discours présidentiel, d’autres polémiques subsistent autour de l’avenir de Notre-Dame. La question des billets d'entrée fait débat. Le gouvernement affirme que l’accès restera gratuit pour les touristes. Pourtant, Rachida Dati, ministre de la Culture, milite pour une tarification partielle afin de contribuer à l’entretien de l’édifice. Cette proposition, bien que rejetée par l’Église, reste un sujet sensible pour les Parisiens et les défenseurs du patrimoine.
Par ailleurs, le choix controversé d’installer des vitraux contemporains au sein de la cathédrale Notre-Dame de Paris a suscité une vive opposition. La commission du patrimoine a refusé ces ajouts modernes, invoquant le respect du style gothique traditionnel. Le gouvernement persiste cependant à promouvoir cette modernisation partielle. Ce choix esthétique reflète une volonté de marier passé et présent, mais il soulève des questions quant à la fidélité historique du monument.