Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, relance un débat en France : celui de l’interdiction du voile islamique lors des sorties scolaires. Dans une interview accordée le 6 janvier 2025, il a affirmé vouloir étendre les principes de la loi de 2004 sur les signes religieux à ce qu’il qualifie de « l’école hors les murs ».
Port du voile : Bruno Retailleau relance le débat
« Un étendard pour l’islamisme »
Pour Bruno Retailleau, le voile dépasse de loin une simple expression religieuse. « C’est un étendard pour l’islamisme et un marqueur d’infériorisation de la femme », déclare-t-il. Dans ses ambitions, le ministre souhaite également que cette interdiction s’applique aux universités et à d’autres espaces publics comme les compétitions sportives, en plus des accompagnatrices des sorties scolaires. Ces déclarations dans Le Parisien s’inscrivent dans un discours plus large sur la lutte contre l’islamisme et le séparatisme.
En 2021, Bruno Retailleau avait déjà proposé un amendement dans le cadre du projet de loi contre le « séparatisme », visant à interdire les signes religieux ostensibles pour les accompagnateurs lors des sorties scolaires. Adopté au Sénat par 177 voix contre 141, cet amendement avait été rejeté à l’Assemblée nationale. « Sans majorité parlementaire, ce projet reste au point mort », reconnaît aujourd’hui le ministre.
Le gouvernement Bayrou ne soutient pas Bruno Retailleau
Pourtant, les critiques fusent. François Bayrou, Premier ministre, a immédiatement pris ses distances en dénonçant une vision simpliste et stigmatisante : « Il faut agir pour le vivre-ensemble, pas pour alimenter des tensions. »
Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a également précisé qu'il « s’agissait de sa position personnelle et que ce sujet ». De plus, étant donné que le sujet ne fait pas l'objet d'une majorité au Parlement, il ne sera probablement pas abordé par le gouvernement.
Les soutiens au voile s'élèvent
Vincent Thomas, président de l’université de Bourgogne, souligne que la liberté religieuse dans les facultés est garantie par le droit positif. « Interdire le voile n’est pas une urgence et serait contraire aux principes actuels. Le juge administratif censure déjà toute interdiction généralisée, sauf cas spécifiques », précise-t-il.
Antoine Léaument, député la France Insoumise, estime même qu'interdire le voile dans les universités revient à interdire aux femmes voilées de faire des études, « soit exactement ce qu’on reproche à juste titre aux talibans ». De nombreuses personnalités de gauche estiment en effet que l'on ne peut pas imposer à une femme de retirer son voile. Le faire revient à lui interdire le comportement conditionné au non-port du voile.
Le voile, marqueur du problème identitaire français
De nombreuses associations dénoncent un projet qui risque d’accroître les fractures sociales. « Ce type de proposition renforce les discriminations contre les femmes musulmanes », estime Asmae Benkaci, porte-parole du collectif Laïcité & Liberté. Du côté des partis de gauche, on dénonce une instrumentalisation politique. Jean-Luc Mélenchon fustige une « manœuvre populiste visant à diviser la République au lieu de la renforcer ». Les Verts, quant à eux, pointent un détournement des véritables enjeux éducatifs.
Le débat sur le voile n’est pas qu’une question de législation. Il cristallise une confrontation sur l’identité culturelle de la France, pays historiquement chrétien mais où l'immigration amène de nombreuses autres cultures. Or, selon beaucoup, le voile symbolise une affirmation identitaire contraire aux valeurs républicaines. Il est évident qu'aucun musulman adepte du prosélytisme ne l'admettra jamais. Il n'en reste pas moins qu'en imposant le port du voile dans l'espace public, on rend l'islam visible et constitutif du paysage français.
Le voile, outil prosélyte et islamique
Plus qu'un vêtement culturel, le voile est un vecteur de l'islamisation d'un territoire. Nombreuses sont les femmes qui rêvent de l'ôter, et qui ne le mettent que pour ne pas être insultées, voire agressées. Certaines subissent les pressions de leur mari, de leur famille ou de leur voisinage.
Autoriser les mères accompagnatrices des sorties scolaires porte de nombreuses difficultés. Les enfants se trouvent exposés à une religion, l'islam, et sa vision réductrice de la femme qui doit se soustraire aux regards des hommes pour être vertueuse. Cette façon de penser n'est pas forcément ce que les parents souhaitent pour leurs enfants. Par ailleurs, les enfants musulmans dont la mère ne porte pas le voile peuvent s'en trouver perturbés.