Les Français sont-ils plus sensibles aux récits de l’Occident ou à ceux des pays étrangers ? La Fondation Descartes répond à cette question dans son étude menée en août 2024 auprès de 4 000 participants issus de la population. Russie-Ukraine, Israël-Hamas, Chine-Taïwan et Mali-France : voici les résultats de son enquête.
Propagande de guerre : à quels récits les Français adhèrent-ils ?
Russie-Ukraine : un soutien massif pour l'Ukraine
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, le Kremlin s’efforce de justifier son agression à travers trois arguments principaux, qui sont, comme le rappelle la fondation Descartes : une réponse contre l’élargissement de l’OTAN, la défense des populations russophones dans l'Est ukrainien, et la lutte contre un gouvernement « néonazi et corrompu ». Nonobstant, ces arguments semblent échouer à convaincre les Français. Seuls 2 sur 10 d'entre eux, estiment que « la Russie devait attaquer pour se défendre contre l’élargissement de l’OTAN », et moins de 15 % soutiennent la thèse selon laquelle le gouvernement ukrainien est « néonazi », selon l'enquête.
En revanche, le récit ukrainien trouve un large écho : 8 Français sur 10 interrogés considèrent que « l’Ukraine exerce son droit légitime à se défendre contre une guerre d’agression qui viole le droit international » et 76 % adhèrent à l’idée que « l’Ukraine contribue à la défense des valeurs démocratiques européennes ». Des chiffres qui témoignent du soutien massif et constant de la population française envers l'Ukraine.
Israël-Hamas : un soutien marqué pour l'État hébreu, mais une riposte qui divise
Les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 ont profondément polarisé l’opinion publique. Le récit israélien, centré sur la défense contre un groupe terroriste islamiste, domine l'appréhension des Français sur ce conflit. Selon l'enquête, 68 % des Français considèrent que « le Hamas est un groupe terroriste islamiste visant la destruction d’Israël » et 70 % pensent que « lors de l'attaque du 7 octobre, les membres du Hamas ont commis des violences délibérées sur des civils israéliens ».
En revanche, un tiers des personnes sondées jugent les attaques du Hamas comme « un acte de résistance face à l’oppression israélienne ». Cette polarisation devient encore plus marquée lorsqu'il s'agit de recueillir l'avis des Français sur la riposte engagée par l'État hébreu contre le Hamas : près de la moitié d'entre eux, soit 45 %, considèrent que le régime d'Israël mène un « génocide contre les Palestiniens », les personnes interrogées prenant pour référence le droit international.
Chine-Taïwan : l'image de David contre Goliath
Mali-France : entre appui et dénonciation d'une forme de néocolonialisme
Les tensions entre la France et le Mali, exacerbées depuis 2021, polarisent également la société française. Le récit malien, centré sur la dénonciation d’une « forme de néocolonialisme » français, est soutenu par près de 4 Français sur 10 (37 %), tandis que 70 % des sondés estiment que les interventions françaises étaient légitimes et effectuées à la demande des pays sahéliens.
D'autre part, l'étude indique que 43,2 % des répondants sont « tout à fait d’accord » pour dire que la France agissait dans un cadre de soutien aux armées locales. En revanche, seuls 23,6 % pensent que ces opérations ont été efficaces contre le terrorisme.
Une opinion publique globalement imperméable
En définitive, l'étude de la Fondation Descartes témoigne de la portée des récits occidentaux (Ukraine, Israël, Taïwan, France au Mali), qui bénéficient, pour la grande majorité d'entre eux, d’un fort soutien de la part de la population française, souvent supérieur à 70 %. À l'inverse, les récits des camps adverses à celui de l'Occident (russes, chinois, maliens et du Hamas) peinent à convaincre, avec des taux d’adhésion qui dépassent rarement les 30 %.
« Les réseaux sociaux restent un vecteur d’influence majeur », souligne Laurent Cordonier, directeur de la Fondation Descartes. Les sensibilités des Français varient selon le canal d'information utilisé. Plus une personne s'informe via des médias traditionnels, plus son appréciation d'un conflit suivra le récit occidental. Pour autant, seul 58,1 % des répondants accordent leur confiance aux récits de ces derniers. À contrario, plus une personne s'informera sur des médias alternatifs, tels que les réseaux sociaux ou YouTube, plus elle apparaîtra réceptive aux narrations non occidentales.