Qui sera le nouveau Premier ministre ? NFP, LR et RN s’affrontent

La chute du gouvernement de Michel Barnier marque un tournant inédit dans la politique française, laissant planer une question cruciale : quelles attentes les partis politiques formulent-ils pour le prochain Premier ministre ?

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 5 décembre 2024 à 11h30
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La motion de censure adoptée contre Michel Barnier a ouvert une période d'incertitude politique. Alors que les partis politiques se positionnent, les attentes envers le futur Premier ministre deviennent un enjeu majeur. Les partis, du Nouveau Front Populaire (NFP) aux Républicains (LR) en passant par le Rassemblement National (RN), expriment leurs conditions.

Un paysage politique éclaté face à la censure

La motion de censure, soutenue par une large coalition allant de la gauche au Rassemblement National, a marqué un moment historique depuis 1962. Le NFP, qui n'a pas digéré l'indifférence du président Macron envers Lucie Castets, proposée pour le poste de Premier ministre après les élections législatives partielles, est décidé à ne pas se laisser voler la vedette une deuxième fois. Mathilde Panot, leader de La France Insoumise, a averti : « Sans un Premier ministre issu de nos rangs, nous continuerons à censurer le gouvernement. »

Les Républicains, par calcul ou conviction, se montrent plus pragmatiques. Laurent Wauquiez a affirmé sur France 2 que son parti ne participerait pas à un gouvernement « de compromis », tout en excluant une stratégie de blocage systématique. Cette posture contraste avec celle du RN, dont le porte-parole Laurent Jacobelli a souligné l’importance de leur rôle central dans toute négociation gouvernementale.

Le Premier ministre idéal existe-t-il ?

Avec une Assemblée nationale éclatée en blocs antagonistes, gouverner devient un défi herculéen. Le RN, fort de 11 millions de voix, revendique une influence déterminante dans le choix du Premier ministre. Marine Le Pen considère sur Radio France que « sans le RN, aucun gouvernement ne peut tenir ».

Les Républicains refusent de soutenir un gouvernement de gauche et ne s’opposent pas à un exécutif recentré sur les valeurs régaliennes. Cependant, la gouvernance reste compromise par des tensions internes. Un proche d’Emmanuel Macron confiait à France Info : « Trouver un terrain d’entente entre ces blocs antagonistes est presque utopique. »

Quelles priorités pour le futur Premier ministre ?

Alors que l'Assemblée nationale est fracturée, non pas en deux, mais en trois parties, la tâche du futur Premier ministre s'annonce pour le moins difficile. Le Nouveau Front Populaire exige un virage à gauche clair, incluant des réformes sociales majeures et la fin des politiques perçues comme antisociales. Les Républicains priorisent une stabilité budgétaire. De fait, selon les Français, la priorité est de recentrer les dépenses publiques sur les fonctions régaliennes comme la sécurité et la justice. Dans un récent sondage, 51 % des Français jugeaient prioritaires la maîtrise des impôts.

Le Rassemblement National impose ses conditions en écartant toute nomination hostile à Marine Le Pen. Ce paramètre exclut d'emblée un ministre issu du Nouveau Front Populaire, ce qui met de toutes manières Emmanuel Macron dans une impasse. Sébastien Lecornu et François Bayrou figurent parmi ses choix pour garantir une cohabitation apaisée.

Qu'attendent les Français de leur Premier ministre ?

Aussi étrange que cela puisse paraître, les attentes des Français ne coïncident pas forcément avec celles de leurs députés. Les Français, confrontés à des défis économiques croissants, attendent des mesures claires. Selon une enquête de l’Observatoire Hexagone, 48 % des citoyens souhaitent réduire la dette publique, tandis que 45 % considèrent la lutte contre le chômage comme prioritaire. Les propositions de réallocation budgétaire incluent une augmentation des dépenses régaliennes (+90 milliards d'euros pour la sécurité et la justice).

Or, le Nouveau Front Populaire (NFP) met en avant des politiques redistributives, avec un accent sur les droits sociaux et la justice économique. Si ces propositions séduisent les 45 % des Français qui placent la lutte contre le chômage parmi leurs priorités, elles semblent moins alignées avec les attentes majoritaires en matière de réduction des dépenses publiques. La réticence du NFP à envisager des coupes budgétaires importantes, notamment dans le secteur social, contraste avec l’appel à une maîtrise des impôts et de la dette.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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