La France Insoumise peut sortir le champagne : ce mercredi 20 novembre 2024, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a validé une proposition de loi qui fait partie de sa niche parlementaire : l’abrogation de la réforme des retraites. Une victoire de la gauche, donc, mais qui n’aurait pu être décrochée sans le soutien du Rassemblement national. Pour rappel, cette réforme était passée en force suite à un recours au 49.3 en mars 2023 par l’ancienne Première ministre, Élisabeth Borne.
Réforme des retraites : les députés s’accordent pour l’annuler !
L’abrogation de la réforme des retraites fait son bout de chemin
Une première victoire pour les opposants à la réforme des retraites, et en particulier pour la France Insoumise, qui était à l'origine de ladite proposition de texte qui vise à abroger la réforme des retraites. Passée en première lecture au sein de l'hémicycle de l'Assemblée nationale ce mercredi 20 novembre 2024, les députés de la gauche, mais aussi ceux du Rassemblement national, se sont, chose rare, alliés pour ramener l’âge légal de départ à 62 ans, soit 42 annuités, contre 64 (et 43 annuités pour un taux plein) tel que l'imposait la réforme d'Emmanuel Macron. Dans le détail du vote de la commission : 35 députés ont voté pour l'abrogation, tandis que 16, issus de la majorité et du centre droit, s’y sont opposés. « C'est le même [texte] que le nôtre, et nous, nous ne sommes pas sectaires », a tenu à souligner Thomas Ménagé, député RN.
Il faut dire que la LFI tente par là à redorer son image, image ternie depuis l'attaque du 7 octobre, et qu'elle ne veut en aucun cas partager le gâteau de la victoire. Même chose pour les autres sensibilités de la gauche de l'échiquier politique qui, bien qu'ayant portées une première réforme des retraites dans le passé (à 43 annuités), et qu'elles soient en désaccord sur de nombreux sujets et prises de position de Jean-Luc Mélenchon, n'allaient tout de même pas manquer une telle occasion de se ranger du « bon côté ». Un jour à marquer d'une pierre blanche donc, tant une alliance entre ces deux forces politiques est exceptionnelle. Peu de surprise néanmoins : Marine Le Pen (RTL), ou encore Julien Odoul (Sud Radio) ont tous deux en effet réaffirmés l'engagement de leur groupe parlementaire à soutenir le texte de la LFI.
Les dés sont jetés
Les salariés français peuvent se féliciter de cette victoire. Celle-ci en revanche s'avère être bien plus amère pour les dirigeants d'entreprises ; le retour à un âge légal de départ à 62 ans et à une durée de cotisation réduite pourrait se traduire par d'importants flux de départs en retraite, et représenter un véritable casse-tête pour leur organisation. Les dents grincent aussi du côté du parti présidentiel : « Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme est abrogée, certes, ils pourront partir à 62 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a tenu à insister la députée macroniste, Stéphanie Rist, faisant ainsi écho à la baisse de la natalité française.
Le texte sera examiné à l'occasion de la niche parlementaire de la France Insoumise en séance publique dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à partir du 28 novembre 2024. Son passage en première lecture devant le Sénat est, quant à lui, prévu le 23 janvier, pour repasser ensuite en seconde lecture dans la chambre basse le 6 février 2025. La majorité présidentielle - Renaissance pourrait opter pour des tactiques dilatoires ou espérer un rejet sénatorial. Le gouvernement, enfin, pourrait être tenté d'avoir recours au 49.3 pour faire passer son budget de 2025 en force, bien que la menace d'une motion de censure plane déjà lourdement sur l'exécutif. Autrement dit, le temps n'est pas encore venu de sabrer le champagne pour la LFI.