En 2025, François Bayrou, Haut-commissaire au Plan, relance le débat brûlant des retraites. Une mission « flash » confiée à la Cour des comptes suscite autant d’espoirs que de controverses, dans un contexte économique et démographique alarmant.
Retraites : François Bayrou relance un débat explosif

Le 14 janvier 2025, François Bayrou a annoncé une initiative inédite pour réexaminer le système des retraites en France. Cette « mission flash », confiée à la Cour des comptes, vise à établir un diagnostic précis du financement des retraites. Avec une population active en déclin et un poids des retraites représentant près du tiers des dépenses publiques, cette réforme s’impose comme une urgence économique et sociale.
Pourquoi une mission flash sur les retraites ?
François Bayrou a justifié la création d'une mission flash par la nécessité d’une analyse claire et exhaustive des finances publiques liées aux retraites. Selon lui, « il n’y a pas de tabou ni de totem », et toutes les options doivent être explorées, y compris une révision de l’âge légal de départ. L’objectif principal reste toutefois d’assurer la pérennité financière du régime. François Bayrou a notamment indiqué vouloir « remettre ce sujet en chantier avec les partenaires sociaux pour un temps bref et dans des conditions transparentes », avec une limite claire : éviter tout déséquilibre budgétaire.
La mission flash repose sur l’expertise de la Cour des comptes pour produire des conclusions en un temps record. Celle-ci devra évaluer les déficits actuels, souvent qualifiés de « cachés » par les experts.
Une mission sous haute tension
François Bayrou cherche à relancer le débat sur les retraites en s’appuyant sur une mission flash confiée à la Cour des comptes. Son objectif principal est d’obtenir un diagnostic clair et détaillé du financement du système, réalisé dans des délais courts, afin de poser les bases de réformes nécessaires. Il souhaite que cette analyse soit exhaustive, incluant notamment l’examen des régimes spéciaux souvent jugés opaques, tout en garantissant une approche transparente.
François Bayrou insiste également sur la nécessité d’explorer toutes les pistes possibles sans s’imposer de limites arbitraires. Cela inclut des ajustements paramétriques, comme une éventuelle révision de l’âge légal de départ à la retraite, avec pour priorité absolue de maintenir l’équilibre financier du régime. Par ailleurs, il appelle à une concertation élargie avec les partenaires sociaux, espérant ainsi établir un consensus et éviter des clivages stériles.
Enfin, François Bayrou a rappelé que si cette concertation n’aboutissait pas à un accord, la réforme actuelle, mise en œuvre par le gouvernement d’Élisabeth Borne, continuerait de s’appliquer. Toutefois, il estime que des améliorations supplémentaires sont indispensables pour surmonter les failles structurelles qui fragilisent le système actuel.
Les retraites, l'éléphant dans la pièce
Comme le rappelle Nicolas Marques, économiste à l’Institut Molinari, les déficits structurels des retraites résultent de plusieurs facteurs. Parmi eux, l’absence de réserves dans le régime général (CNAV) et une démographie défavorable avec une baisse continue du ratio actifs/retraités. Les dépenses publiques liées aux retraites dépassent aujourd’hui 350 milliards d’euros par an, soit 31 % des dépenses totales, un fardeau supporté exclusivement par les actifs.
Le maintien des déséquilibres actuels pourrait entraîner des déficits annuels de 50 milliards d’euros, fragilisant l’ensemble des finances publiques. En l’absence de réserves et d’une gouvernance renforcée, l’État pourrait être contraint à de nouvelles coupes budgétaires ou hausses d’impôts, impactant le pouvoir d’achat des retraités et actifs.
Quelles solutions pour un système durable ?
La seule solution envisagée par François Bayrou pour résoudre le problème du système de retraites semble être de repousser l'âge de départ. Autrement dit, il n'envisage pas que les efforts soient faits par d'autres que les futures générations, alors même que certains organismes proposent de mettre les retraités à contribution pour résorber le déficit. Les retraités actuels, eux, peuvent compter sur une rente aujourd'hui trop lourde pour l'Etat. La situation est d'autant plus injuste que les retraités actuels perçoivent le double de ce qu'ils ont cotisé, ce qui sera loin d'être le cas pour les actifs actuels.
Plusieurs élus et personnalités médiatiques proposent néanmoins d'autres solutions. La première consiste à introduire la capitalisation dans le système de retraites. Aujourd'hui, le système par répartition finance les retraites avec les cotisations des actifs. La gauche se dit particulièrement attachée à ce modèle qu'elle qualifie de solidarité intergénérationnelle. Avec un système par capitalisation, les cotisations seraient investies dans un fond dédiée et les actifs les y trouveraient à leur départ en retraite. Leurs pensions ne dépendraient donc pas de la génération suivante, mais de leur propre travail.