RN : son bord politique définitivement fixé ?

En vue des élections sénatoriales de ce dimanche 24 septembre 2023, le Rassemblement national avait saisi en urgence le Conseil d’État. Le RN voulait faire annuler la circulaire d’attribution des nuances politiques de Gérard Darmanin. La décision du Conseil d’État provoque un tollé chez le RN.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 25 septembre 2023 à 11h59
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Le Conseil d'État valide la circulaire du ministre de l'Intérieur

Le Conseil d'État a tranché en rendant publique sa décision, jeudi 21 septembre 2023 : le RN est un parti d'extrême-droite. Enfin, non, la décision ne dit pas tout à fait cela. Pour rappel, le Conseil d'État avait été saisi en urgence par le Rassemblement national, qui lui avait demandé d'annuler la circulaire, envoyée par Gérard Darmanin, aux préfectures. Cette circulaire attribue les nuances politiques des différents candidats en vue des prochaines élections sénatoriales (dimanche 24 septembre). Rien de très surprenant de la part de Gérard Darmanin que d'avoir attribué l'étiquette d'extrême-droite aux candidats du Rassemblement national. Cette demande du RN entrait dans sa stratégie de dédiabolisation, l'étiquette extrême-droite étant perçue par la majorité des personnes comme péjorative. Le juge des référés, après examen, a donc statué sur la circulaire en concluant que « en l'état de l'instruction, aucun de ces moyens n'est de nature à créer un doute sérieux quant à la légalité de la circulaire contestée ».

Le Conseil d'État n'a donc pas directement validé l'étiquette d'extrême-droite pour le Rassemblement national, il a refusé d'annuler la circulaire. Ce qui n'est pas tout à fait la même chose. C'est d'ailleurs ce qu'a relevé Wallerand de Saint-Just, avocat et figure de proue du RN en Île-de-France : le Conseil d'État a jugé qu'il n'y avait pas « d'éléments suffisants » pour annuler la circulaire de l'Intérieur.

Coup dur pour le RN

Quoi qu'il en soit, cette décision représente un coup dur pour le RN, qui depuis des années, s'efforce de se débarrasser de l'étiquette « extrême droite ». La décision du Conseil d'État impacte directement la stratégie de dédiabolisation du RN compte tenu des connotations historiques négatives associées à cette étiquette. Comme l'a souligné Wallerand de Saint-Just : « On met dans cette case beaucoup de choses, des gens qui ont commis des crimes horribles... ». La présidente du groupe à l'Assemblée nationale a toujours insisté sur le fait que la définition historique de l'extrême droite ne correspond pas au RN tel qu'il est aujourd'hui. Reste à voir si le RN déposera un recours contre cette décision du Conseil d'État. Pour l'instant, les membres du parti évaluent leurs options juridiques. La réaction du RN met en lumière l'enjeu qu'il y a derrière l'attribution des nuances politiques.

La réaction du RN met en lumière l'enjeu qu'il y a derrière l'attribution des nuances politiques. En effet, bien que le choix de l'étiquette politique relève de la liberté des candidats, l'attribution des nuances politiques relève, elle, des préfectures, qui ne font que suivre la circulaire du ministère de l'Intérieur. Une telle configuration peut-elle être impartiale ?

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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