WhatsApp déjoue une tentative d’espionnage israélienne !

WhatsApp, propriété de Meta, a annoncé le 31 janvier 2025 avoir identifié et stoppé une opération de surveillance visant près de 90 utilisateurs. Derrière cette tentative, la société israélienne Paragon Solutions, spécialisée dans les logiciels d’espionnage.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 4 février 2025 à 15h00
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Une attaque sophistiquée 

Les cyberattaques évoluent sans cesse, et celle orchestrée par Paragon Solutions illustre parfaitement les dangers d’un espionnage invisible. Cette offensive a été menée grâce à une technique redoutable : l’attaque « zéro clic ». Contrairement aux méthodes traditionnelles de piratage qui nécessitent une interaction de la cible (cliquer sur un lien ou télécharger un fichier), ce type d’attaque ne requiert aucune action de la victime. Il suffit d’un fichier PDF malveillant envoyé à travers une discussion de groupe pour qu’un téléphone soit infecté.
Une fois compromis, l’appareil devient une véritable fenêtre ouverte sur la vie privée de son propriétaire. Selon John Scott-Railton, chercheur principal au Citizen Lab, un téléphone piraté permet d’accéder aux messages chiffrés, aux photos, aux contacts, mais aussi d’activer discrètement le microphone et la caméra de l’appareil. Une intrusion d’une ampleur alarmante qui rappelle d’autres scandales liés aux logiciels espions, comme celui du tristement célèbre Pegasus, conçu par NSO Group.

Paragon Solutions, un acteur controversé du cyberespionnage

Paragon Solutions appartient à un marché en pleine expansion : celui des logiciels de surveillance vendus aux gouvernements sous couvert de lutte contre la criminalité et le terrorisme. Pourtant, ces outils se retrouvent régulièrement entre les mains de régimes autoritaires, qui les utilisent pour espionner des journalistes, des militants des droits de l’homme et des membres de la société civile.
Malgré les affirmations de Paragon sur sa prétendue éthique – en ne travaillant qu’avec des gouvernements démocratiques – la réalité semble bien différente. Selon Natalia Krapiva, juriste de l’organisation Access Now, cette industrie fonctionne sur un modèle où les abus ne sont pas des exceptions, mais une caractéristique structurelle.
D’après les informations du Guardian, Paragon Solutions compte 35 clients gouvernementaux et possède des liens avec les États-Unis, où l’entreprise aurait conclu un contrat de 2 millions de dollars avec le département de la Sécurité intérieure. Une information qui ne manque pas d’interroger sur la complicité de certains États dans l’usage de ces technologies.

La riposte de WhatsApp et l’urgence d’un cadre réglementaire

Face à cette violation, WhatsApp a envoyé une lettre de cessation et d’abandon à Paragon Solutions et envisage des poursuites judiciaires. L’entreprise a également contacté directement les utilisateurs ciblés pour les informer de l’attaque et les orienter vers des experts en cybersécurité, notamment le Citizen Lab.
Cependant, ces révélations ne sont que la partie visible d’un problème bien plus vaste. L’absence de régulation stricte autour des logiciels espions permet à ces technologies de proliférer sans réel contrôle. L’administration Biden a pourtant tenté d’encadrer leur usage en 2023 en limitant l’achat de ces outils par le gouvernement fédéral. Mais ces efforts restent insuffisants face à l’ampleur du marché et à l’opacité des transactions.
Le cas Paragon Solutions rappelle étrangement l’affaire NSO Group, dont le logiciel Pegasus a été utilisé par plusieurs États pour surveiller des journalistes et des dirigeants politiques. WhatsApp avait d’ailleurs intenté une action en justice contre NSO en 2019, affirmant que 1 400 utilisateurs avaient été infectés par son programme espion.

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