Kazakhstan : une politique réformiste applaudie par l’Europe

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Par Matthieu Anquez Modifié le 13 octobre 2021 à 18h00
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90A ce jour, 90 nations ont signé le protocole facultatif du Pacte international relatif aux droits civils et politiques

Par ses réformes successives, le Kazakhstan se rapproche des standards propres aux démocraties libérales. Ces avancées politiques, sociales et sociétales n’échappent pas aux instances internationales, à commencer par celles en Europe.

La date, symbolique, est trompeuse. Si le Kazakhstan a officiellement aboli la peine capitale le 2 janvier 2021, cela fait près de 20 ans qu’aucune exécution n’a été ordonnée dans le pays aux quelque 19 millions d’habitants. Depuis 2003, un moratoire a en effet été décrété sur la question, transformant de facto toute condamnation à mort en peines de prison. Mais dans une société mondiale régie par le droit international, seule l’abolition légale et officielle n’a de valeur aux yeux des partenaires institutionnels. Cette décision, votée en début d’année sous la présidence de Kassym-Jomart Tokayev, a été dignement saluée par un groupe de 23 députés de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE).

Dans une déclaration enthousiaste publiée le 30 septembre 2021 à l’égard des progrès en cours dans le pays, ces derniers ont ainsi souligné que « les réformes politiques au Kazakhstan répondaient aux besoins et aux ambitions de ses citoyens ». Dans le même communiqué, les parlementaires européens ont également déclaré avoir « plus que bien accueilli le discours du président [...] sur la position forte de l’État pour satisfaire le droit fondamental à la vie et à la dignité humaine », prononcé lors du débat de la 75e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Ils ont aussi salué sa décision de rejoindre le protocole facultatif du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui acte l’abolition de la peine de mort dans le pays, à l'heure où Emmanuel Macron souhaiterait relancer la lutte pour l'abolition universelle de la peine capitale. « Cela montre la détermination du Kazakhstan de combattre cette peine cruelle et inhumaine et de suivre la tendance abolitionniste grandissante ». A ce jour, 90 nations ont signé ce protocole dans le monde, l’Arménie étant le dernier pays à l’avoir ratifié le 18 mars 2021.

Un président qui prône le multilatéralisme et la diplomatie multi-vectorielle

Pour cette grande république – le territoire du Kazakhstan est le deuxième plus grand pays du continent eurasien après la Russie et le neuvième plus grand pays mondial d’après sa superficie – , cette avancée majeure sur le terrain des droits de l’Homme est la plus récente d’une série de réformes qui transforment actuellement le pays. De par sa politique intérieure comme son ouverture diplomatique et économique vers l’extérieur, le Kazakhstan démontre un peu plus chaque année sa volonté de se conformer aux standards internationaux, notamment en matière de coopération. Le dernier discours de Kassym-Jomart Tokayev à la tribune de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies l’atteste une nouvelle fois. « De nombreuses manières, la pandémie [de Covid-19] a exposé notre vulnérabilité et mis en évidence l’importance critique du multilatéralisme et de la solidarité internationale. Nous devons restaurer un monde plus juste, plus durable et plus humain. Cette crise doit être résolue du point de vue de l’éthique globale et de la solidarité », a déclaré le chef d’État. Son élection à la tête du pays en 2019, a d’ailleurs résonné, à elle seule, comme une preuve d’ouverture vers plus de démocratie.

Ancien ministre et premier ministre du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev a ensuite occupé le poste de directeur général de l’office des Nations Unies à Genève, avant de prendre la présidence du Sénat du Kazakhstan entre 2013 et 2019. Au fil des mandats, le dirigeant a pu constater à quel point la société civile aspirait profondément à être réformé. Dans son rapport sur l’élection présidentielle de 2019, George Tsereteli, président de l'Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), n’a pas manqué de souligner cette soif citoyenne de changement. « Cette élection représentait un moment important pour la société kazakhstanaise, a-t-il rappelé. [...] Malgré la présence de sept candidats dont pour la première fois une femme, le scrutin a montré qu'il existe un besoin pour une réelle consolidation démocratique et d'importantes réformes politiques, sociales et légales. »

La voie est désormais toute tracée et des progrès restent encore à faire dans les mois et les années à venir pour confirmer le chemin vers une démocratie libérale effective. Cette libéralisation politique serait également dans l'intérêt de la France qui a choisi le Kazakhstan comme partenaire numéro un dans cet espace très convoité entre la Chine, la Russie et l'Europe. Établies dès 1992, les relations entre les deux pays se sont renforcées en 2008 avec la signature d'un Traité de partenariat stratégique, comme en atteste encore un récent entretien téléphonique entre les présidents Macron et Tokayev.

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Matthieu Anquez est expert en géopolitique et le président d'ARES Stratégie

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