130 jours et puis s’en va : Elon Musk referme sa mission gouvernementale

Après 130 jours dans l’administration de Donald Trump, Elon Musk s’apprête à refermer une parenthèse politique inédite.

Adelaide Motte
By Adélaïde Motte Last modified on 3 avril 2025 10h13
Elon Musk (1)
130 jours et puis s’en va : Elon Musk referme sa mission gouvernementale - © PolitiqueMatin

C'est désomaris plus que probable : Elon Musk, conseiller principal de Donald Trump au sein du Department of Government Efficiency (DOGE), qui pourrait correspondre à un secrétariat de l'efficacité gouvernementale, quittera prochainement ses fonctions.

Un rôle encadré, une échéance connue : Elon Musk au bout de son mandat

Depuis le 3 février 2025, Elon Musk occupe, à la demande directe de Donald Trump, un poste aussi stratégique que temporaire : celui de "special government employee", une désignation qui l’autorise à siéger au sein de l’administration, dans la limite de 130 jours ouvrés par an. Une formule qui garantit souplesse et expertise ponctuelle, sans les contraintes habituelles de la haute fonction publique.

Le Department of Government Efficiency, abrégé DOGE, lui a été confié pour une mission précise : tailler dans les dépenses publiques et supprimer les agences fédérales jugées inutiles. Une vision musclée du gouvernement, incarnée par Elon Musk avec son style frontal et sa communication permanente sur X (anciennement Twitter), plateforme dont il est le propriétaire.

Elon Musk et Donald Trump : une alliance politique aussi brève qu’efficace

Malgré les critiques sur sa gestion, il n'est pas dit qu'Elon Musk a été marginalisé par Donald Trump. Au contraire, le président républicain n’a cessé de louer son efficacité et son engagement. Le 31 mars, dans le Bureau ovale, Donald Trump déclarait : « Je le trouve incroyable... Mais je crois aussi qu'il a une grande entreprise à gérer. Donc, à un certain moment, il y retournera ».

L’homme à la tête de Tesla, SpaceX et X n’a d’ailleurs jamais caché qu’il considérait la politique comme un simple service ponctuel rendu à la nation. Dans une interview donnée à Fox News, Musk affirmait : « Je pense que nous aurons atteint l'objectif de coupe de 1 000 milliards de coupe dans les dépenses publiques. » Traduction : objectif atteint, mission terminée. Dans un post sur X, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a d'ailleurs confirmé que « Elon quittera le service public en tant qu'employé spécial du gouvernement lorsque son incroyable travail au DOGE sera achevé. »

En France, une incompréhension persistante du modèle américain ?

Alors que ce départ s’inscrit dans une logique purement américaine — intervention ciblée, mandat limité, retour à la vie civile — de nombreux observateurs français peinent à en saisir la normalité. En France, quitter un ministère est souvent perçu comme une disgrâce ou un désaccord politique. La politique y est conçue comme un métier à part entière, une carrière de long terme, confortée par la profusion d’agences, de cabinets et de postes transversaux.

À l’inverse, Elon Musk incarne une vision radicalement utilitariste et ponctuelle du pouvoir public. Sa présence au sein de l’exécutif correspondait à une mission définie, dans un laps de temps déterminé. Lorsqu’il quitte le gouvernement, ce n’est ni un échec, ni un retrait stratégique. C’est l’aboutissement d’un contrat.

Une sortie commentée, mais attendue : entre rumeurs et réalités

La presse internationale a relayé dès le 1er avril l’information d’un départ imminent. Politico et ProSieben annonçaient que Donald Trump aurait informé son cabinet de la fin prochaine du mandat d'Elon Musk sur fond de désaccord entre les deux hommes. Face à cette agitation médiatique, Elon Musk a répondu avec son habituelle franchise : « Fake news », posté sur X le 2 avril. Un message rapidement soutenu par la Maison-Blanche, qui précise qu’il partira bien « lorsque son travail au DOGE sera terminé ».

L’issue n’en est pas moins inévitable. Comme le rappelle USA Today, Elon Musk est légalement contraint de quitter ses fonctions au plus tard fin mai, sauf à changer de statut — ce qui n’est ni envisagé ni souhaité.

Tesla, Doge, SpaceX : un empire à relancer, loin de la politique

Dernier point fondamental : le poids colossal des entreprises dirigées par Musk, qui ne peuvent se passer de leur capitaine. Tesla est sous tension, SpaceX multiplie les lancements et X reste au cœur de controverses médiatiques.

Les marchés, au reste, ont bien compris le message. À l’annonce du probable départ de Musk, l’action Tesla a bondi, inversant une tendance déclinante depuis le début de l'année.

En refusant la politisation permanente de son rôle, Elon Musk réaffirme une vision anglo-saxonne de l’État : intervention, résultat, sortie. Ni démission, ni éviction : juste la fin d’une mission. C’est sans doute cette clarté qui déroute tant d’analystes européens habitués à confondre durée et légitimité.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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