Le retour de la taxe d’habitation divise les politiques

Depuis sa suppression progressive, la taxe d’habitation a été l’objet de nombreux débats en France. Alors qu’elle était destinée à alléger la charge fiscale des citoyens, son possible retour est aujourd’hui au cœur des discussions politiques.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Modifié le 24 octobre 2024 à 14h40
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Pour la gauche, le retour de la taxe d'habitation est une question de justice sociale

Du côté de La France Insoumise (LFI), certains députés estiment que la suppression de la taxe d’habitation a fragilisé les finances des collectivités locales. David Guiraud, député LFI, n’hésite pas à plaider pour le rétablissement de cet impôt local, soulignant que cela permettrait de financer les services publics de manière plus équitable. « Il est temps de remettre en place une fiscalité locale qui tienne compte des capacités de chacun. La suppression de la taxe d'habitation a laissé un trou béant dans les finances des communes », a-t-il déclaré récemment. Selon lui, cet impôt, s’il est adapté aux revenus des ménages, pourrait alléger le fardeau fiscal pour les plus modestes tout en garantissant des ressources pour les communes.

Guiraud n’est pas seul dans ce combat. D'autres élus de gauche estiment qu'il serait possible de rendre la taxe plus progressive, en demandant un effort supplémentaire aux propriétaires des résidences secondaires ou des biens immobiliers de luxe. Une position qui trouve un écho favorable dans les rangs des élus écologistes, qui voient là une occasion de promouvoir la justice fiscale.

Pour la droite, la solution à un problème budgétaire

Le retour de la taxe d’habitation trouve également des partisans à droite. Jean-François Copé, maire de Meaux et figure du parti Les Républicains, est l’un des plus fervents défenseurs de cette idée. Selon lui, la suppression de cet impôt a créé un manque à gagner considérable pour les communes, les obligeant à augmenter d’autres taxes, comme la taxe foncière. « Si nous devons recréer un impôt local, ce doit être celui-ci. Il est nécessaire pour les communes, notamment pour financer les services publics locaux », a-t-il affirmé.

Pour Copé, le retour de la taxe d’habitation ne serait pas un simple retour en arrière. Il propose de l’adapter aux réalités actuelles, avec des barèmes progressifs en fonction des revenus des habitants, tout en limitant son impact sur les classes moyennes.

Les collectivités locales serrent les rangs

Les élus locaux, quant à eux, sont en première ligne pour défendre le rétablissement de cet impôt, car ils ressentent directement le manque à gagner causé par sa suppression. Nicolas Lacroix, président du Conseil départemental de la Haute-Marne, a exprimé sa colère face aux baisses des dotations de l’État. Selon lui, de nombreux départements sont désormais incapables de boucler leurs budgets et se retrouvent dans une situation critique. « L'État doit comprendre qu'il ne peut plus asphyxier les collectivités locales. Sans ressources suffisantes, nous ne pourrons plus assurer les services publics de proximité », a-t-il prévenu.

Cette position est partagée par l’Association des Maires de France (AMF), qui demande une compensation financière de la part de l’État ou le rétablissement de la taxe d'habitation, au moins sur les résidences secondaires. Les maires de nombreuses communes rurales craignent de devoir réduire les services aux citoyens s’ils ne trouvent pas de nouvelles sources de revenus.

Bercy ne veut pas rétablir la taxe d'habitation

Du côté du gouvernement, la position est claire : pas question de revenir sur la suppression de la taxe d’habitation. Laurent Saint-Martin, ministre du Budget et des Comptes publics, a récemment affirmé que l’État ne prévoyait pas de réintroduire un impôt qui avait été supprimé pour alléger le fardeau fiscal des Français. « À Bercy, nous avons compensé les communes pour la suppression de la taxe d’habitation. Nous n'avons aucune intention de revenir en arrière », a-t-il expliqué.

Le gouvernement insiste sur le fait que les communes ont reçu des compensations pour pallier la perte de revenus liée à la suppression de cet impôt. Cependant, cette compensation est jugée insuffisante par de nombreux élus locaux, notamment en raison des effets de l’inflation et de l’augmentation des coûts des services publics.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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