Abaya : le Conseil d’État donne raison à Gabriel Attal

La récente interdiction de l’abaya dans les écoles françaises a suscité des réactions vives, tant au niveau national qu’international. Entre incompréhension, soutien et critiques, le Conseil d’État a tranché en validant son interdiction.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 8 septembre 2023 à 13h21
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80 % des Français sont contre l'abaya dans les établissements scolaires

Le Conseil d'État valide l'interdiction de l'abaya à l'école

Ce jeudi 6 septembre, moins d'une semaine après la rentrée, le Conseil d'État a avalisé l'interdiction de l'abaya et du qamis à l'école. Cette interdiction avait été annoncée par le ministre de l'Éducation le 31 août 2023, dans une note adressée aux chefs d'établissement. Dans la foulée, l'association Actions pour les droits des musulmans avait déposé un recours en référé auprès du Conseil d'État le 1er septembre.

Le ministre de l'Éducation a pris cette décision suite à l'augmentation des signalements liés à ce vêtement dans les établissements publics au cours de l'année scolaire 2022-2023 : 1.934 signalements ont été enregistrés, contre 617 l'année précédente. Du côté des partisans de l'abaya, l'ambiguïté du vêtement n'a cessé d'être mis en exergue. La présidente de l'association, Sihem Zine, avait d'ailleurs soutenu que les autorités musulmanes n'ayant jamais qualifié l'abaya de vêtement proprement "religieux", cela en faisait un vêtement traditionnel. Ce à quoi, Guillaume Odinet, directeur des affaires juridiques du Conseil d'État avait répondu :« La question n'est pas de savoir si l'islam le requiert, mais si le port de l'abaya permet d'identifier immédiatement l'appartenance religieuse de celui qui la porte. La réponse est oui ». Même LFI c'était embourbé dans cette ambiguïté et avait reconnu que l'interdiction de l'abaya était une mesure...islamophobe !

Le Conseil d'État s'est appuyé sur la loi de 2004 portant sur la laïcité. Celle-ci interdit « dans les écoles, les collèges et les lycées publics le port de signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse», tout en ajoutant que cette décision « ne porte pas atteinte aux droits fondamentaux tels que la liberté de culte ou le droit à l'éducation ».

Réactions internationales et relance du débat sur l'uniforme

Du côté du Maghreb et des pays du Golfe, cette décision est loin d'être passée inaperçue. La presse de ces pays oscille entre la perplexité face à la laïcité française et les accusations d'islamophobie. En Arabie saoudite, certains médias voient cette décision comme une expression extrême de la laïcité. D'autres médias panarabes sont allés jusqu'à parler d'une "déclaration de guerre" de l'État contre les musulmans français, ce à quoi Hassen Chalgoumi, président de la Conférence des imams de France, a rappelé que dans les pays du Golfe, l'abaya est bien considérée comme une tenue religieuse.

Au-delà de l'abaya, la question de l'uniforme refait surface. Le ministre a annoncé vouloir faire une première expérimentation à l'automne dans certains établissements. Si certains élus locaux soutiennent cette idée, les syndicats enseignants y sont majoritairement opposés.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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