Abaya : qui pliera le genou en premier ?

Suite à l’interdiction par le ministre de l’Éducation Nationale, Gabriel Attal, de l’abaya dans les écoles, les élèves se mettent en ordre de bataille. Elles utilisent les réseaux sociaux pour partager leurs astuces afin de contourner l’interdiction.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 4 septembre 2023 à 11h18
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Interdiction de l'abaya dès la rentrée

L'abaya est une robe longue et ample, souvent de couleur foncée. Elle est considérée par beaucoup comme un signe d'appartenance à la religion musulmane. Sa présence dans les établissements scolaires a été tolérée pendant longtemps, malgré la loi sur la laïcité à l'école. Face à la montée en puissance de cette tenue, notamment dans certains lycées où jusqu'à la moitié des filles la portent, le gouvernement a décidé d'agir. Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation nationale, a ainsi décrété le 27 août dernier son interdiction (ainsi que celle du qamis), la jugeant contraire à la loi de 2004 sur la laïcité qui interdit tout signe ostentatoire d'appartenance religieuse dans les écoles publiques.

Face aux controverses suscitées par l'interdiction de l'abaya, qui sera appliquée dès lundi prochain 4 septembre, et en prévision aux pressions que pourraient subir les personnels de direction des établissements scolaires,  le ministre de l'Éducation leur a envoyé une note en leur réaffirmant son soutien : «Je suis votre ministre. À ce titre, j'ai le devoir absolu d'être toujours à vos côtés, en soutien face aux vents contraires, aux pressions, aux tentatives d'ingérences, qui sont autant de brèches dans le pacte républicain ».

L'abaya trouve des soutiens à travers le monde  

Face à cette interdiction, de nombreuses voix se sont élevées, notamment sur les réseaux sociaux. Des influenceuses, à l'instar de celles du Royaume-Uni (qui contrairement à la France n'a pas de loi sur la laïcité), ont appelé à contourner cette interdiction. C'est le cas notamment de la marque londonienne Saeedah Haque. Celle-ci a mit en place une offre spécifique pour la France : elle promet pour toute commande d'une abaya, son remboursement, si les jeunes filles se prennent en photo avec dans leur établissement.  La séquence cumule pas loin d’un million de vues sur TikTok.

D'autres astuces ont été partagées, comme transformer l'abaya en kimono japonais ou opter pour une robe longue d'une marque grand public. Certains internautes suggèrent également de porter des vêtements à deux pièces, amples, pour respecter les préceptes religieux tout en contournant la loi.

L'abaya, un habit ambigu....

L'abaya est au cœur de nombreux débats. Pour certains, c'est un simple vêtement, pour d'autres, il est le reflet d'une appartenance religieuse : l'Oumma pour les musulmans. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'est pas d'origine européenne, il serait d'origine Bédouine. La plupart des femmes musulmanes le porte au Moyen-Orient. Les membres de la France Insoumise n'ont pas tardé à réagir avec véhémence pour dénoncer l'interdiction de l'abaya dans les écoles. Manuel Bompard à notamment déclaré sur France 2 qu'il saisira le Conseil d'État : « Je proposerai à notre groupe parlementaire d'attaquer au Conseil d'État cette réglementation parce que je pense qu'elle va être contraire à la Constitution, qu'à mon avis elle est dangereuse, elle est cruelle ».

Pourtant, les jeunes filles et femmes qui le défendent n'hésitent pas à apporter leur soutien "à leur soeurs" : « Astuces pour les soeurs! (...) Vous mettez un vêtement à deux-pièces, vous mettez un bas ample, et un bas assez ample, et voilà ! », suggère par exemple un internaute. LFI comme à son habitude, et adepte des pirouettes a bien du mal à défendre l'abaya comme étant un simple vêtement comme peut en témoigner la déclaration de Manuel Bompard : l'interdiction de l'abaya va « se traduire, encore une fois, par des discriminations à l'égard des jeunes femmes et en particulier des jeunes femmes de confession musulmane et je pense qu'on n'a pas besoin de ça dans notre pays ».

Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie et directeur de l'observatoire de l'éducation de la Fondation Jean-Jaurès, défend cette interdiction au nom de la laïcité. Selon lui, l'abaya crée une pression sur les enseignants, certains avouant s'autocensurer face à des élèves portant cette tenue.

Une mise en application de l'interdiction complexe ....

Si l'interdiction de l'abaya à l'école sera effective le lundi 4 septembre, sa mise en application s'annonce complexe. Les chefs d'établissement devront faire preuve de discernement pour distinguer une simple robe longue de l'abaya. De plus, comme l'a précisé l'Éducation nationale, les élèves portant l'abaya à la rentrée ne seront pas immédiatement renvoyées.  Si après un dialogue, l'élève persiste à porter l'abaya, une procédure disciplinaire pourrait être engagée. Gabriel Attal a insisté sur la nécessité de dialoguer et de faire preuve de pédagogie. Mais en cas de non-respect persistant de la loi, l'élève pourrait être exclu.

On peut néanmoins se poser la question de savoir, qui du personnel des établissements ou des élèves, sera le premier à plier le genou...

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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1 commentaire on «Abaya : qui pliera le genou en premier ?»

  • Telling woman what to wear. At least the Taliban tells woman to cover up. You guys in france are trying to make woman go around naked like a bunch of perverts.

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