Voilà une affaire qui n’en finit pas de faire parler d’elle. Lundi 29 août, le ministre l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a tranché : il n’y aura pas de loi pour l’interdire. Ce serait anticonstitutionnel.
Éviter « d'irréparables tensions »
Selon Bernard Cazeneuve, une loi interdisant le port du burkini serait « inconstitutionnelle » et « inefficace » et risquerait de créer « d'irréparables tensions ». Dans une interview au quotidien La Croix, il a souhaité mettre un terme à une polémique qui ne semble pas pouvoir s’arrêter. « C'est une grave erreur que de penser que pour sauver la France, il faut l'opposer aux principes de droit qui fondent la République », a-t-il ajouté. « Parce que la France et la République c'est la même chose. »
Mais si cette loi ne verra pas le jour, « les musulmans doivent continuer à s'engager avec nous pour l'égalité hommes-femmes, l'intangibilité des principes républicains, la tolérance qui fait le vivre-ensemble ». L’opportunité de l’usage du verbe « continuer » est discutable, mais montre la ferme intention du gouvernement de trouver une solution pacifique pour éviter de rajouter des tensions aux crispations déjà existantes, notamment depuis les attentats.
La droite ne compte pas s’arrêter en si bon chemin
Interrogé sur la question lundi 29 août, Nicolas Sarkozy a estimé qu'il était nécessaire de « changer la Constitution ». « La Constitution a été modifiée une bonne trentaine de fois », a-t-il insisté. Là, il n’y aurait plus de soucis de constitutionnalité mais on voit mal dans quels termes elle pourrait être modifiée.
« Qu'est-ce que c'est, la liberté, quand il y a la tyrannie des minorités ? », a-t-il interrogé. « Aujourd'hui, je demande une loi parce qu'on ne peut pas laisser les maires seuls face à cette situation. Une loi d'interdiction, je ne sais pas s'il faut dire le costume de bain islamique ou le burkini, je n'en sais rien... C'est une loi qui viserait spécifiquement le port d'une burkini sur une plage, et dans les piscines ».
Et de conclure : « Nous avons un mode de vie, nous avons des coutumes, nous avons des usages, nous avons des principes, et je n'ai nullement l'intention d'accepter le moindre compromis raisonnable sur ce sujet ». On veut bien le croire, mais comment le mot « burkini » pourrait-il apparaître dans la Constitution sans donner l’impression de n’être pas du tout à sa place ?