La contravention d’une femme voilée sur une plage de Nice, mercredi 24 août, n’a laissé personne indifférent et a relancé la polémique sur le burkini qui était en train de s’éteindre. Une affaire qui met bien mal à l'aise l’ensemble de la classe politique.
Le gouvernement divisé
« J’estime que la prolifération des arrêtés anti-burkini n’est pas bienvenue », déclarait jeudi 25 août Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale sur Europe 1. « Je pense que ça pose la question des libertés individuelles. Jusqu’où va-t-on pour savoir si une tenue est conforme aux bonnes mœurs ? Ça libère la parole raciste. »
Un avis que le Premier ministre a tenté de recadrer quelques minutes plus tard au micro de Jean-Jacques Bourdin. « Non, je ne pense pas que ces arrêtés sont une dérive ». « Vous n'êtes pas d'accord avec Najat Vallaud-Belkacem ? », lui demande alors le journaliste. « Ou alors c'est elle qui n'est pas d'accord avec moi », lui a répondu Manuel Valls. « C'est une mauvaise interprétation des choses. Ces arrêtés ont été pris au nom même de l'ordre public ».
Mais pourquoi les politiques ne parviennent-ils pas à se mettre d’accord sur cette question ? À droite aussi les avis divergent.
Une question difficile à poser
Ce qui dérange, à droite comme à gauche, c’est davantage le fond que la forme. Qu’une femme choisisse de se baigner totalement habillée pour des questions de santé ou de religion, cela ne devrait déranger personne. Alors pourquoi cet accoutrement fait-il autant de bruit ? À droite, on le considère comme une provocation des islamistes. À gauche, on dénonce une attaque contre le grand principe d’égalité et contre les années de combats féministes.
Mais comment savoir ? Il est vrai que ces tenues n’existaient pas il y a encore quelques années. Mais interdire un vêtement dans un lieu public n’est-ce pas déjà s’attaquer aux libertés individuelles de chacun ? « Hier, on a entendu Nicolas Sarkozy dire qu'il va interdire tous les signes religieux dans l'espace public. Pourquoi pas ? Mais c'est clair : tous les signes religieux ! », a analysé Jean-Luc Mélenchon. « Ça veut dire que la kippa, on n'a pas à la porter, les chapeaux en peau de mouton non plus… Réfléchissons bien... La police des mœurs des vêtements, c'est quelque chose de très compliqué ! » On ne peut que lui donner raison.
Soit on s’attaque au problème de fond et on éradique l’islam radical de l’ensemble du territoire, en fermant notamment les mosquées salafistes et en reconduisant les imams étrangers qui prêchent la haine dans notre pays, soit on laisse tranquilles les femmes en burkini sur les plages. En agissant autrement, on risque d’accentuer encore un peu plus les tensions qui sont déjà nombreuses depuis janvier 2015…