Charlie Hebdo : sacré blasphème !

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Par Marc Albert Chaigneau Modifié le 12 février 2015 à 11h59
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Je suis assez surpris et sais n’avoir pas e?te? le seul, des manifestations xe?nophobes et antifranc?aises qu’a suscite? la manifestation en faveur des victimes de Charlie Hebdo, dans un certain nombre de pays musulmans et en particulier en Arabie Saoudite et en Iran.

Ces manifestations, consistant a? bruler le drapeau franc?ais, a? menacer les ressortissants franc?ais de repre?sailles violentes, expriment, de la part de ceux qui y participent, un soutien envers les terroristes, qui ont assassine? les dessinateurs de Charlie Hebdo, ainsi que leurs collaborateurs.

Comment définir le sacré

Que nous conside?rons comme des barbares, du seul fait qu’ils se sont conduits comme des barbares. Alors que leurs soutiens conside?rent leur barbarie comme justifie?e, par leur dogme religieux. Par ce qu’ils conside?rent comme "sacre?", en l’occurrence l’image de Mahomet, prophe?te d’Allah. En fait, en arabe, Allah veut seulement dire Dieu et n’en de?signe pas un, en particulier. Sauf pour ses adeptes qui ne conside?rent que le leur. Pour Sacre?, Littre? nous donne une douzaine de de?finitions dont la 2 – "Qui est consacre? a? un emploi spirituel, en parlant des personnes ou des choses." La 8 "se dit des choses qui me?ritent d'e?tre ve?ne?re?es inviolablement... digne d'e?tre respecte? par..." Et pour le verbe Sacrer : "Confe?rer au moyen de certaines ce?re?monies religieuses un caracte?re de saintete?..." Il ne me semble pas qu’au sein des socie?te?s occidentales, et en particulier en France, le caracte?re sacre? pour les musulmans, de leur divinite? ou de leur prophe?te, soit largement conteste?. Pour l’essentiel de la population, je dirais me?me que c’est un sujet auquel il n’attache ni importance, ni inte?re?t.

Liberté de conscience et sphère privée

D’une fac?on ge?ne?rale, ce que les populations conside?rent comme "sacre?" est attache? a? la liberte? de conscience et a? la sphe?re prive?e. Ainsi, si le terme est d’usage courant, il est utilise? dans un sens le?ge?rement diffe?rent, ne faisant plus aucunement re?fe?rence a? la religion. Et a? ce titre, dans nos socie?te?s occidentales, la liberte? est sacre?e. Notamment la liberte? de penser dont fait partie la liberte? de religion. Les musulmans en be?ne?ficient largement, puisqu’elle leur a permis de de?velopper des communaute?s religieuses, de construire des mosque?es. Il y a lieu de relever que, notamment dans les pays ou? ont eu lieu ces manifestations hostiles, cette liberte? n’est pas accorde?e aux autres religions. Car, actuellement, au sein des pays occidentaux, nous plac?ons toutes les religions sur un pied d’e?galite?. Ce n’a pas toujours e?te? le cas, l’e?glise catholique apostolique et romaine et sa "Sainte Inquisition" s’e?tant, eux aussi, conduits comme des barbares, surtout envers les cathares et les protestants. Mais il y a plusieurs sie?cles et, a? l’e?poque, la tole?rance n’existait pas non plus, dans les pays arabes et du golfe persique.

Défendre une cause religieuse à laquelle on ne comprend rien

Lors des grandes manifestations en faveur de Charlie Hebdo, la communaute? musulmane franc?aise s’est largement associe?e a? la condamnation des attentats. A la fois pour de bonnes et de mauvaises raisons. Les bonnes sont la ne?gation de l’inspiration religieuse de ces crimes, le souci et la reconnaissance de l’appartenance a? une communaute? qui tole?re toutes les religions. Les mauvaises y e?tant tre?s lie?es et parfois difficiles a? discerner, consistant surtout dans la crainte de la condamnation de l’ensemble de la communaute? musulmane et le risque de perte de la tole?rance envers leur religion. Comme les enque?tes et de nombreux articles l’ont montre?, les auteurs des attentats n’e?taient rien d’autres que de petits criminels sans envergure, qui ont e?te? manipule?s et ont cru de?fendre une cause religieuse a? laquelle ils ne comprenaient manifestement rien.

Plusieurs types de musulmans ?

Il est vrai qu’il existe dans le Coran, plus de Me?dine que de La Mecque, des incitations a? la violence que l’on ne trouve pas dans la Bible. Mais il est tout aussi vrai que la lecture que l’on en a, les diverses interpre?tations, peuvent orienter soit vers la radicalite?, soit vers la mode?ration. En fait, certains musulmans sont conscients du proble?me et savent lui apporter une solution. Ainsi le Dr Sami ALDEEB a-t-il pu e?crire : "... la diffe?rence entre le Coran re?ve?le? a? la Mecque (avant 622) et le Coran re?ve?le? a? Me?dine (apre?s 622) est aussi grande que la diffe?rence entre le ciel et la terre, non seulement dans le style, mais aussi dans le contenu. Et il ne serait pas exage?re? de dire que l’islam de la Mecque diffe?re totalement de l’islam de Me?dine, et la personnalite? de Mahomet a comple?tement change? apre?s avoir quitte? la Mecque en 622 pour Me?dine devenant ainsi chef militaire, coureur de femmes et sanguinaire. L’observateur des musulmans d’aujourd’hui de?couvre diffe?rentes cate?gories. Il y a des musulmans paisibles, des musulmans terroristes et des musulmans qui oscillent entre les deux.

Prétendre représenter le vrai Islam

Chacune de ces cate?gories pre?tend repre?senter le vrai Islam, rejetant les autres. Je n’ai le droit de disqualifier aucune de ces cate?gories. Chacune de ces cate?gories a le droit de se dire musulmane. Mais on peut dire que le musulman paisible suit l’islam de la Mecque, le musulman terroriste suit l’islam de Me?dine, et celui qui oscille doute entre les deux islams. Celui qui pre?tend que l’islam est une religion de paix a raison, et celui qui pre?tend que l’islam est une religion terroriste a aussi raison, mais vous devrez dire de quel islam s’agit-il: l’Islam de la Mecque, ou l’islam de Me?dine. Le proble?me des musulmans aujourd’hui est qu’ils confondent sans cesse entre l’islam pacifique de la Mecque et l’islam terroriste de Me?dine. Cette confusion provient du manque de visibilite? dont ils disposent, notamment en raison de l’e?dition usuelle du Coran qui confond entre le Coran de la Mecque et le Coran de Me?dine. Celui qui suit un guide de?sordonne?, il est normal qu’il soit lui-me?me de?sordonne?. Pour cette raison nous insistons sur la ne?cessite? d’abandonner l’e?dition usuelle du Coran, de retirer du marche? les copies existantes et de les remplacer par le Coran par ordre chronologique.

Le deuxième message de l'Islam

Afin de sortir les musulmans de leur proble?me, le penseur soudanais Mahmoud Muhammad Taha (surnomme? le Gandhi de l’Afrique) leur a propose? dans son fameux livre "Le deuxie?me message de l’Islam" (Un Islam a? vocation libe?ratrice) d’adopter l’islam et le Coran de la Mecque et d’abandonner l’Islam et le Coran de Me?dine. Ceci conduirait a? l’abandon de toutes les dispositions contraires aux droits de l’homme qui se trouvent dans l’islam et le Coran de Me?dine dont les sanctions (mise a? mort de l’apostat, lapidation de l’adulte?re, amputation de la main du voleur, etc.), les discriminations contre les femmes et les discriminations contre les non-musulmans. Mais cet appel de Mahmoud Muhammad Taha a e?te? cate?goriquement rejete? par l’Azhar et les autres institutions religieuses musulmanes qui ont ameute? contre lui les autorite?s soudanaises. Celles-ci ont fini par le condamner a? mort par pendaison le 15 janvier 1985."

A qui profite le crime ?

De?s lors la question est : "A qui profite le crime ?" Et a? mon avis cette question se pose avec la plus grande acuite?, surtout aux musulmans. J’ai la foi, ce qui fait conside?rer par ceux qui ne l’ont pas que je suis "croyant". Et pour utiliser le langage courant, je dirais que je crois en Dieu. Comme je m’exprime en franc?ais, je dis Dieu, si je m’exprimais en arabe, je dirais Allah. Car, si l’on « croit » dans un Dieu unique, quel que soit le nom qu’on lui donne, un minimum de logique veut que ce ne puisse e?tre que le me?me. Qu’il existe de multiples fac?ons de l’honorer, ou de le rejeter d’ailleurs, ne me semble pas tirer a? conse?quence. Si l’on se fie a? sa de?finition : omniscient, omnipotent, omnipre?sent, divinite? ou de?miurge, cela ne saurait faire pour lui aucune diffe?rence. Il sait sonder les cœurs et a une vision, beaucoup plus claire que la no?tre, du bien et du mal. Ceci me semble prouver que le crime ne profite pas a? Dieu, ou a? Allah, si on veut parler en arabe.

Nous avons releve?, qu’au sein des pays occidentaux et certaines campagnes le montrent quotidiennement, il est loin de profiter a? la communaute? musulmane, envers laquelle il de?veloppe un sentiment de suspicion, qui s’e?tend largement au-dela? de ceux qui l’approuvent ou le soutiennent. Alors a? qui ? L’histoire nous a appris comment les clerge?s pouvaient prendre le pouvoir. La gloire de Dieu n’a jamais e?te? qu’un pre?texte pour les appareils religieux, afin de prendre le contro?le des socie?te?s. Les guerres entre catholiques et protestants l’ont montre?, celles entre chiites et sunnites le montrent encore aujourd’hui. Pourquoi se combattre pour la gloire du me?me Dieu, si ce n’est pour exercer un pouvoir temporel sur la socie?te? ?

Définir le blasphème

Ceux qui agissent ainsi, qui manipulent leurs adeptes pour leur faire commettre des crimes sont des "religieux" musulmans. Des mollahs, des ima?ms, qui agitent des blasphe?mes, pour exciter leurs ouailles. Qu’est-ce qu’un blasphe?me ? "Paroles qui outragent la Divinite?, la religion." nous dit Littre?. Personnellement, en tenant compte des qualite?s ou pouvoirs accorde?s a? Dieu, selon la de?finition que je viens de rappeler, je n’imagine pas quelle parole ou quel dessin pourrait outrager Dieu. Qui pourrait "outrepasser les bornes en fait d’offense ou d’injure." Me?me avec le millie?me des pouvoirs et de la puissance qu’on lui pre?te, il ne peut e?tre que serein et parfaitement indiffe?rent aux propos et comportements des mise?rables insectes que nous sommes. En outre, quel inte?re?t pourrait-il porter a? ceux qui ne croient pas en lui ? Avec tous ses pouvoirs, pourrait-il encore e?tre jaloux, envieux, suspicieux, acaria?tre, paranoi?aque ? Ne doit-il pas avoir atteint la se?re?nite?. Ce qui n’est manifestement pas le cas des religieux qui pre?chent la violence.

La communauté musulmane à la fois blessée et responsable

La communaute? musulmane a e?te?, au sein de la communaute? franc?aise, atteinte dans sa chair. De ses fils sont tombe?s sous les coups des assassins et je rejette fermement toute ide?e d’amalgame avec les terroristes. Ne?anmoins, les auteurs de ces crimes et ceux qui les ont manipule?s y appartiennent e?galement. Et c’est seulement par leur rejet, leur de?nonciation et leur condamnation active, aux yeux des communaute?s nationales et internationale, qu’elle pourra s’en libe?rer. Les mots de compassion ne suffisent pas. C’est un rejet total, actif et effectif qui est ne?cessaire. La de?nonciation aux autorite?s de ceux dont le discours suscite ces de?rives. Leur expulsion volontaire, a? la fois de la communaute? et du territoire, ou leur enfermement. Tout ce qui peut e?tre ne?cessaire ou utile pour qu’ils cessent de nuire.

Certains analysent mon discours comme une atteinte de la communaute? musulmane. Ceux qui l’analysent plus profonde?ment se rendent compte que c’en est une de?fense. Que je donne ici le moyen de pre?server son inte?gration au sein de la communaute? nationale.

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Marc Albert Chaigneau a été conseil de sociétés et avocat d'affaires, puis responsable juridique pendant 35 ans. De 1974 à 1998, il procède ainsi à des centaines d'analyses de sociétés, les suivant depuis la création jusqu'à la liquidation, en passant par les fusions, cessions, restructurations. Cette expérience l'a conduit à analyser méticuleusement la société dans laquelle nous vivons. Son dernier essai De la révolution à l'inversion*, publié en janvier 2014 aux éditions Edilivre propose un nouveau projet de réforme de la société. Un modèle préférable à la révolution en ce qu'il ne nécessite ni violence, ni destruction, mais seulement l'inversion d'un certain nombre de nos comportements. Inverser les comportements, pour cela inverser les raisonnements, les analyses, les rapports personnels et professionnels en se basant sur le principe de subsidiarité. Avec cet ouvrage, l'auteur nous donne les clefs pour la mise en œuvre d'une véritable démocratie : la démocratie directe, dont beaucoup avaient rêvé, mais à laquelle ils avaient renoncé, la croyant impossible à mettre en œuvre. Il nous montre comment elle serait accessible, mais nous prévient qu'elle ne le sera jamais qu'à des citoyens responsables.  

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