Le maire de Bordeaux a toujours été clair sur la question du mariage homosexuel : il n’a pas l’intention de revenir dessus. Du coup, il s’attire la bienveillance de Christiane Taubira, ce qui ne risque pas de jouer en sa faveur.
Christiane Taubira aura été la ministre du quinquennat de François Hollande la plus détestée de l’électorat de droite. Associée au Mariage pour tous qu’elle a souhaité et défendu avec force et à un certain laxisme en matière pénale, l’ancienne Garde des Sceaux a choisi d’apporter son soutien à Alain Juppé. « Quand il était ministre des Affaires étrangères et Premier ministre, j'étais parlementaire donc j'ai eu l'occasion de voir de près son travail », a-t-elle expliqué devant les étudiants de l'université Paris Dauphine. « Je suis persuadée qu'il a des valeurs, et des valeurs républicaines qui se raréfient dans le parti auquel il appartient ».
Mais ce n’est pas tout : « Il a su prendre de la hauteur. On l'a pressé en disant ‘vous allez abroger en reprenant des responsabilités'. Il a dit que ça n'a pas de sens. Il a eu le courage, face à son camp, de dire que même si nous n'étions pas d'accord, c'est une réforme de société. Ce n'est pas la peine de casser pour le plaisir de casser », a-t-elle insisté. « Je trouve que c'est vraiment de la hauteur d'homme d'État et moi je le considère comme un homme d'État », a-t-elle encore ajouté. On ne saurait être plus entousiaste à l'égard d'un homme qui ne partage pas ses idées politiques.
Une femme qui concentre tous les ressentiments
Mais que penser de ce soutien ? Est-ce une bonne nouvelle pour Alain Juppé ? Rien n’est moins sûr. « Elle est femme, noire, ultra-marine, ses idées sont contre la norme », expliquait l’historien Pascal Blanchard sur le site de France TV Info, début 2015, à propos de l’opinion de l’électorat de droite. « Tout ce qui est détesté est concentré, désormais, en une personne unique ».
Mais sur le fond, l’électorat de droite serait plutôt d’accord avec Alain Juppé. Selon un sondage Ifop publié en septembre dernier, 65 % des Français et même 53 % des électeurs de droite disent « souhaiter que les candidats à la présidentielle soutiennent certaines mesures en faveur des droits des coupes homosexuels et des familles homoparentales ». Mais ce soutien ne sera certainement pas bienvenu.