En octobre 2020, grâce à un vote largement favorable à la réforme, la France avait tenté de combler un peu ses lacunes en termes d’égalité hommes-femmes… en améliorant et rendant obligatoire le congé paternité. Une mesure qui ne plaît pas aux Sénateurs (âge moyen 61 ans), visiblement attachés aux valeurs traditionnelles où la mère s’occupe de l’enfant et le père s’en va travailler.
Tu iras travailler, jeune père !
Le Parisien rapporte le 9 novembre 2020 que plusieurs sénateurs Les Républicains ont déposé plusieurs amendement visant tout simplement à détruire la réforme du Congé paternité, et ce dans le cadre des discussions sur le Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale. En l’occurrence, ce qu’ils tentent de combattre, c’est le côté obligatoire du congé paternité : les députés avaient largement validé le principe d’un congé paternité obligatoire de 7 jours, afin d’éviter que les jeunes pères ne subissent de pression de leur employeur pour ne pas en prendre.
Bruno Retailleau, sénateur et président du groupe Les Républicains au Sénat, et Chantal Deseyne, sénatrice d’Eure-et-Loire, sont à l’origine de la demande d’annulation de cette obligation, cosignée par 39 sénateurs. Pour eux « l'enfant a besoin de ses parents dans la relation d'attachement qu'il noue lors des premiers jours de sa vie. Toutefois, le congé obligatoire peut être compliqué à mettre en œuvre dans certaines entreprises, notamment les TPE et les PME ».
Mais ce ne sont pas les entreprises, qui les inquiètent, comme le souligne Chantal Deseyne : la sénatrice s’inquiète pour « les jeunes pères qui n'ont pas envie de prendre ce congé », et qui n’auraient donc pas envie d’aider la mère durant la première semaine de vie de leur enfant.
Le congé paternité rallongé, oui, mais pas pour tous
Autre avancée sociale adoptée par l’Assemblée nationale en octobre 2020 et qui ne semble pas plaire aux sénateurs LR, l’allongement du congé paternité pour tous. Frédérique Puissat, relate Le Parisien, a donc déposé un amendement visant à ne permettre l’allongement du congé paternité de 2 à 4 semaines que pour les jeunes pères qui auraient un CDI ou un CDD de plus de six mois.
Car généralisé, cet allongement du congé paternité va effectivement coûter cher à la Sécurité sociale, déjà fortement secouée par la Covid-19 : 160 millions en 2021, 520 millions dès 2022 (en année pleine, la réforme devant entrer en vigueur à la mi-2021). Face à cette dépense, il vaudrait donc mieux que seule une partie des jeunes pères puisse bénéficier d’un mois de congé paternité.