Automobile : un décret de Trump limite l’impact des droits de douane

À Washington, un décret présidentiel de Donald Trump vient ajuster la politique tarifaire en vigueur. Derrière cette initiative, une volonté de concilier stratégie industrielle automobile, équilibre commercial et calendrier politique.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 30 avril 2025 11h49
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Le 29 avril 2025, le président Donald Trump a signé un décret visant à atténuer temporairement l’impact des droits de douane sur les constructeurs automobiles implantés aux États-Unis. Cette mesure intervient dans un contexte de tension commerciale généralisée, marqué par la mise en œuvre de surtaxes importantes sur les importations. Elle vise à préserver la compétitivité industrielle nationale, sans remettre en cause la ligne directrice protectionniste du gouvernement.

Un allègement ciblé dans une politique tarifaire généralisée

Depuis le début de son mandat, Donald Trump a réaffirmé son attachement à une politique commerciale fondée sur la taxation des importations. Cette orientation s’est traduite par l’application, à compter du 3 avril 2025, d’un tarif douanier uniforme de 25 % sur l’ensemble des véhicules et pièces détachées importés sur le sol américain, quels qu’en soient le pays d’origine ou la nature industrielle.

Dans ce contexte, le décret signé le 29 avril introduit une modulation. Il prévoit une mesure transitoire destinée aux constructeurs qui assemblent leurs véhicules sur le territoire national mais s’approvisionnent en composants à l’étranger. Pour ces entreprises, un mécanisme de déduction partielle sur les droits de douane est mis en place : 3,75 % du prix de vente la première année, 2,5 % la suivante. Ce dispositif est applicable pendant une période de deux ans.

Par ailleurs, les entreprises concernées seront exonérées de certains droits additionnels, notamment ceux portant sur l’acier et l’aluminium, dès lors qu’ils ont déjà été inclus dans la taxation principale.

Objectifs affichés : soutien industriel et sécurisation des approvisionnements

Du point de vue de l’exécutif, cette décision poursuit deux objectifs complémentaires. Le premier est d’ordre industriel : éviter que les entreprises produisant localement ne subissent un double prélèvement fiscal sur leurs chaînes d’assemblage. Le second est stratégique : encourager une relocalisation progressive des chaînes d’approvisionnement sur le sol américain.

La Maison-Blanche évoque également des impératifs de sécurité nationale. En limitant la dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers, notamment dans un contexte de rivalité géoéconomique, l’administration entend renforcer l’autonomie industrielle des États-Unis dans un secteur considéré comme stratégique.

Soutien des acteurs économiques et limites structurelles

La mesure a été globalement bien accueillie par les grandes entreprises du secteur automobile. Les déclarations officielles de plusieurs dirigeants d’entreprise expriment un soulagement face à une taxation jugée excessive par certains industriels. Elle est perçue comme un compromis, permettant de maintenir la pression commerciale tout en évitant une désorganisation immédiate de la production.

Pour autant, cette décision ne règle pas toutes les incertitudes. Certains constructeurs continuent d’importer une part significative de leurs composants depuis des pays non couverts par ces allègements, en particulier la Chine. Or, les droits de douane sur les produits chinois demeurent particulièrement élevés, atteignant parfois plus de 100 %. Ces importations restent exclues du champ du décret.

Par ailleurs, les effets économiques de la politique commerciale américaine sur les résultats des entreprises commencent à se faire sentir. General Motors a, par exemple, suspendu ses prévisions financières pour l’année en cours, invoquant une volatilité tarifaire persistante et des tensions sur les chaînes d’approvisionnement.

Un décret plus politique qu’économique ?

La temporalité de l’annonce n’est pas anodine. Le décret a été signé à la veille d’un déplacement présidentiel à Detroit, berceau historique de l’industrie automobile américaine, dans le cadre de la célébration des 100 premiers jours de mandat. Le choix du lieu et du moment illustre une volonté de valoriser une politique économique perçue comme favorable à l’emploi et à la production nationale.

Cet allègement temporaire permet également de répondre, à court terme, aux critiques formulées par certains industriels et parlementaires, y compris dans les rangs républicains. Il offre une marge de manœuvre à l’administration sans pour autant modifier en profondeur sa doctrine tarifaire.

L’administration reste fidèle à une logique de conditionnalité : seuls les constructeurs qui produisent et vendent sur le territoire national peuvent bénéficier du dispositif. Ceux dont les activités sont plus globalisées, ou qui dépendent d’importations issues de pays ciblés par des sanctions, restent exposés.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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