Corruption avec le Qatar : Jean-Marie Le Guen en colère contre les journalistes

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Par Marine Tertrais Modifié le 2 novembre 2016 à 22h43
Corruption

Dans le livre Nos très chers émirs (Michel Lafon), les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot accusent le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, de corruption. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

« Un corporatisme invraisemblable de la presse »

Selon Christian Chesnot et Georges Malbrunot, le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement aurait proposé à l'ambassadeur du Qatar en France de lutter contre le « Qatar bashing » à l'Assemblée nationale. Pour que cet accord soit conclu, l’ambassadeur devait faire appel aux services d'une société de lobbying présidée par l'un des proches de Jean-Marie Le Guen, selon les informations des journalistes publiées dans leur livre Nos très chers émirs. « Je peux bloquer les questions hostiles au Qatar, ou au contraire les alimenter », aurait-il expliqué à l’ambassadeur. « Mais je n'ai pas à le faire gratuitement. »

L’accusation est plutôt compromettante pour le secrétaire d’Etat qui a fait savoir qu’il a allait porter plainte pour diffamation. Invité de l'émission Abécédaire de campagne sur France Culture mercredi 2 novembre, il a pointé du doigt le corporatisme des journalistes qui ont colporté cette information sans chercher à la vérifier. « Je vais vous dire, puisqu'on est sur le service public : je trouve qu'il y a un corporatisme invraisemblable de la presse journalistique qui accepte de prendre à l'antenne un certain nombre de gens simplement parce qu'ils ont soit de la boue à balancer, soit tout simplement parce que, comme ils sont journalistes, c'est forcément sympa et forcément une bonne façon de faire que de recevoir ses collègues au micro parce qu'on a des livres à vendre », a-t-il lancé

Et d’ajouter : « Je vous le dis sincèrement, je trouve que là, il y a une baisse de déontologie, notamment sur le service public. C'est pas à vous que je fais référence, mais le service public a été, parce qu'il y avait un des journalistes qui était au service public, on se croit obligé de le recevoir, alors qu'il y a des assertions... »

Manuel Valls soutient son secrétaire d'État

Sur France Inter, le chef du gouvernement a volé au secours de son secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement. « Je n'accepte ni versement d'argent, ni relations incestueuses. Mais qu'on apporte des preuves ! » a-t-il lancé. « Moi je suis Premier ministre et nous avons une relation avec le Qatar. Elle est parfois questionnée. Nous avons une relation avec les pays du Golfe, les pays sunnites. Vous voulez qu'on rompe les relations, qu'on n'ait plus de relations avec les pays qui comptent dans la région ? »

De leurs côtés, Christian Chesnot et Georges Malbrunot ne sont pas revenus sur leurs propos. « Un certain nombre de responsables politiques français avaient acquis de très mauvaises habitudes données par le précédent ambassadeur du Qatar à Paris, entre 2007 et 2012 », a expliqué Georges Malbrunot au micro de RTL. « À cette époque, l'ambassade avait l'habitude d'arroser de manière très large un certain nombre de responsables politiques ». Le trafic d’influence aurait bel et bien existé.

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Marine Tertrais est journaliste à Economie Matin depuis 2015, après être passée successivement par Jol Press, et Atlantico.

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