La France s’enfonce dans une croissance atone, et le gouvernement est sommé d’agir. Tandis que l’exécutif oscille entre austérité budgétaire et soutien ciblé aux entreprises, le collectif CroissancePlus avance des mesures plus radicales.
Croissance : l’État doit-il s’effacer au profit des entrepreneurs ?

Le constat est sans appel : au dernier trimestre 2024, la croissance française a reculé de 0,1 %. Loin d’être un simple accident de parcours, ce ralentissement s’inscrit dans une tendance préoccupante, marquée par des dépenses publiques record et une compétitivité en berne.
L’État doit-il continuer à soutenir l’économie ?
Le gouvernement oscille entre discipline budgétaire et soutien aux secteurs stratégiques. D’un côté, la France s’est engagée à ramener son déficit sous la barre des 3 % du PIB d’ici 2027, ce qui suppose des économies drastiques. De l’autre, des mesures de soutien aux entreprises ont été maintenues.
Parmi ces mesures, on trouve une prolongation du bouclier tarifaire sur l’énergie pour les PME, sous pression de plusieurs syndicats patronaux, un crédit d’impôt pour les industries vertes, en réponse aux subventions massives des États-Unis et de la Chine, et une aide aux start-ups industrielles, pour relancer la production nationale.
CroissancePlus : un cap plus libéral
Loin de cette posture d’équilibriste, CroissancePlus défend une stratégie de choc. Elle propose une baisse massive des charges patronales, financée par une révision des aides publiques aux grandes entreprises, un allégement des normes administratives, pour éviter la bureaucratie qui étouffe les entrepreneurs, et un financement accru de l’innovation, avec des incitations fiscales pour les entreprises investissant dans la deeptech et l’intelligence artificielle.
Une pression grandissante sur le budget de l’État
Avec 58,2 % du PIB consacré aux dépenses publiques, la France affiche le plus haut niveau de la zone euro. Le gouvernement a déjà lancé plusieurs mesures, telles que le gel de certaines embauches dans la fonction publique, sauf pour les secteurs prioritaires (éducation, santé), la révision des niches fiscales, avec un objectif de 10 milliards d’euros d’économies en 2025 et l'augmentation ciblée de certains impôts, notamment sur les grandes entreprises énergétiques.
Ces choix sont vivement critiqués par la droite, qui réclame des coupes budgétaires plus profondes, et par la gauche, qui dénonce une politique « austéritaire ».
Les propositions de CroissancePlus et leur compatibilité avec les partis
Si CroissancePlus défend une réduction des dépenses publiques, ses priorités diffèrent de celles du gouvernement. L’association plaide pour une suppression progressive des aides aux grandes entreprises, sauf pour les secteurs stratégiques, une meilleure allocation des aides sociales, en ciblant les bénéficiaires les plus en difficulté et une réorganisation de l’État, en fusionnant certaines agences publiques.
Ces propositions pourraient trouver un écho chez Les Républicains, qui soutiennent une baisse de la dépense publique, mais elles risquent de se heurter à une opposition ferme de la gauche.
Entreprises et innovation : le modèle français en question
Malgré quelques avancées, la France peine à séduire les investisseurs étrangers. Selon un rapport de l’IFRAP, les taxes de production restent supérieures de 4,2 points de PIB à la moyenne de la zone euro . Résultat : les entreprises privilégient souvent leurs filiales à l’étranger pour développer leurs activités.
Face à cette situation, les dirigeants ont du mal à prendre les mesures qui s'imposent. Le gouvernement mise sur une attractivité ciblée (crédit d’impôt industrie verte, exonérations pour certaines startups). La droite veut réduire les impôts de production pour toutes les entreprises. La gauche défend un protectionnisme assumé, avec des aides ciblées pour les secteurs stratégiques
Le pari de CroissancePlus sur l’innovation
Pour CroissancePlus, seule l’innovation peut redonner un avantage compétitif à la France. Ses propositions incluent un statut fiscal ultra-favorable pour les startups innovantes, à l’image d’Israël ou de Singapour, une refonte du Crédit d’Impôt Recherche, pour le rendre plus accessible aux PME, et une attractivité accrue pour les talents étrangers, avec des procédures de visa simplifiées.
Ces mesures rencontrent un certain écho au sein de la majorité présidentielle, qui cherche à séduire la "French Tech", mais elles sont critiquées par la gauche, qui craint une politique trop tournée vers le privé.