La vie d’une jeune travailleuse en France comme au Bangladesh vaut plus que tout l’or du monde

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Par Dominique Potier Modifié le 28 février 2017 à 12h40
Usine Asie
1 1351 135 personnes ont péri dans l'effondrement de l'usine Rana Plaza au Bangladesh en avril 2013.

94 pour, 4 contre : une gauche réunie, le centre et une partie de la droite ont adopté définitivement à l'Assemblée nationale la proposition de loi sur le devoir de vigilance des multinationales dont je suis rapporteur.

Fierté collective

Ce 21 février 2017 a marqué la fin d'un véritable marathon législatif de près de 4 ans, contre les lobbies et aux côtés de la société civile. Inspirée du combat mené par les plus grandes ONG françaises, cette loi est défendue par les principaux syndicats et de nombreux cercles universitaires.

Un des moteurs de l'ultra libéralisme repose sur l'irresponsabilité des maisons-mères des grands groupes quant aux agissements de leurs filiales et sous-traitants au bout du monde. Notre texte impose à nos grandes entreprises de mettre en œuvre un plan de vigilance afin de prévenir les violations des droits humains et les dommages environnementaux sur l'ensemble de leurs chaines de production, et d'éviter ainsi de nouveaux « Rana Plaza ».

En levant le « voile juridique » entre les maisons-mères et les sous-traitants, cette loi remet de l'ordre, par la justice, dans les désordres de la mondialisation. Elle place la France à l'avant-garde de la protection des droits humains et de l'environnement.

Principe de loyauté dans la mondialisation

Nous sommes confiants ! L’entreprise peut bâtir sa prospérité sur une nouvelle donne, celle des nouvelles réglementations. On ne peut pas, pour quelques euros sur un jean, sacrifier un écosystème ou exploiter des enfants. La vraie compétitivité est celle qui nourrit un cercle vertueux de croissance durable pour l'économie réelle et la dignité humaine.

L’opposition archaïque entre l’entreprise et les droits de l’homme relève du « monde d’avant ». A l'instar des combats gagnés contre les paradis fiscaux et l'accaparement des terres, cette loi pose un principe novateur, elle permet de franchir un pas vers une nouvelle génération de droits, garants du principe de loyauté. Certaines entreprises l’ont bien compris et se déclarent favorables à la généralisation, par la loi, des précautions qu’elles s’imposent déjà d’elles-mêmes. 84 % des entreprises françaises sont au-dessus de la moyenne des normes RSE européennes.

Plaidoyer européen et international

Très attendue, la loi sur le devoir de vigilance a vocation à faire école en Europe et dans le monde. En témoigne les nombreuses invitations reçues pour parler de l'initiative française (Amsterdam, Vienne, Genève…). Je serai à Berlin le 9 mars pour rencontrer des députés SPD et CDU et les services du Ministère du Travail, puis au Parlement européen le 28 mars, à l’invitation des députés sociaux-démocrates.

En réponse au sentiment dévastateur d'une impuissance publique, nous sommes collectivement fiers de porter les couleurs d'une France pionnière dans l'Union pour inspirer une directive européenne. Nous sommes collectivement fiers de ne pas laisser aux extrêmes le quasi-monopole d'un discours populaire sur la mondialisation.

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Dominique Potier est député socialiste de Meurthe et Moselle depuis 2012. Membre de la Commission des Affaires économiques, il est engagé sur trois champs à l’échelle nationale : « produire ici et autrement », civisme et citoyenneté et les régulations internationales. Chef de file en 2013 dans la lutte contre les paradis fiscaux, il été rapporteur du projet de loi relatif à la politique de solidarité internationale en 2014 et du projet de loi dit « Sapin 2 » en 2016. Il est l’auteur de deux lois qui viennent d’être adoptées définitivement au Parlement : le devoir de vigilance des multinationales et la loi visant à lutter contre l’accaparement des terres agricoles.

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