L’égalité scolaire ne se décrète pas, elle se construit

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Par Jean-Claude Carle Modifié le 27 mai 2015 à 10h56
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Les écoliers français égaux en droit entrent à l’école élémentaire inégaux de fait. De cette inégalité de départ naîtra l’échec scolaire pour les élèves issus de milieux sociaux défavorisés.

Mais tel l’idiot qui regarde le doigt quand le sage lui montre la lune, nous réformons gouvernement après gouvernement le collège plutôt que de s’interroger sur ce qui contribue à faire du collège le maillon faible de notre système éducatif.

Education nationale : l'enseignement en quelques chiffres

A quatre ans les enfants de milieux favorisés ont bénéficié de 1 000 heures d’apprentissage de plus et ont entendus 30 millions de mots de plus au sein de la structure familiale que leurs camarades issus de milieux moins favorisés. Leur vocabulaire est près de trois fois plus riche et se développe deux fois plus rapidement.

Le rôle de l’école maternelle devrait être de compenser ces inégalités de départ pour offrir à chacun les mêmes chances de réussite. Mais avec un taux d’encadrement moyen de 22 élèves par classe, l’école maternelle française n’offre guère plus que sept minutes par jour d’enseignement effectif des fondamentaux à chaque élève. Dès lors, il faudrait près de 50 années de grande section de maternelle supplémentaire pour que les enfants d’ouvriers puissent rattraper le retard qu’ils accusent sur les enfants d’enseignants ou de cadres à l’entrée à l’école obligatoire.

Pourtant, en un an, durant la classe de CP, il sera demandé à tous de maîtriser le difficile apprentissage de la lecture. Les enseignants des petites classes savent trop bien qu’ils ne peuvent parvenir à relever ce défi pour les enfants les plus défavorisés. Ils laissent ainsi s’échapper du cours préparatoire chaque année une cohorte de 300 000 jeunes qui à l’issue de leur scolarité seront incapables de comprendre un texte court et simple.

Le destin scolaire des enfants scellé à sept ans

Le croisement des travaux issus de l’éducation nationale et de la journée défense et citoyenneté permet d’établir qu’un élève qui ne maîtrise pas convenablement la lecture à l’issue du cours préparatoire ne maîtrisera jamais convenablement la lecture. Son destin scolaire est ainsi scellé dès l’âge de sept ans.

C’est ainsi que la majorité des enfants des classes populaires traverse le collège en connaissant de graves difficultés de maîtrise du langage écrit et parlé. Ils sont dans l’incapacité d’exprimer une pensée cohérente et structurée et de résoudre certains énoncés de mathématiques faute de les comprendre. Ils sont des émigrés de l’intérieur. Ils deviendront à la sortie du système éducatif le fardeau de la République et ils seront les visages de sa honte la plus profonde.

« Savoir lire vraiment sans hésitation, comme nous lisons vous et moi, c’est la clef de tout. » écrivait Jean Jaurès en 1888. Une réforme dont la vocation serait la lutte contre les inégalités scolaires devraient être toute entière tournée vers cet objectif.

Ne pas saborder l'élitisme scolaire

Les parents des enfants des classes populaires n’attendent pas d’un ministre de l’éducation nationale qu’il saborde l’élitisme scolaire. Ils attendent de lui qu’ils permettent à leurs enfants de l’atteindre. Les parents des enfants des classes populaires n’attendent pas des thuriféraires pédagogiques de la rue de Grenelle qu’ils s’emploient à la création d’un jargon prétentieux, cynique et incompréhensible. Ils attendent d’eux qu’ils fournissent aux enseignants les moyens de prescrire de la réussite scolaire.

Les parents des enfants des classes populaires s’indignent de ce que ce gouvernement impose à leurs enfants ce qu’aucun de ses membres ne souhaiteraient pour ses propres enfants.

L’obsession de l’égalitarisme de la gauche française - suppression des notes, suppression des devoirs à la maison, abaissement du niveau d’exigence, suppression des classes bilangues etc. - dénature profondément notre système éducatif et les enfants les plus fragiles seront les premiers à pâtir de ces réformes idéologiques.

Faute d’une analyse sérieuse ou dérangeante des causes de l’échec et de la construction des inégalités scolaires, la gauche propose une réforme au mieux totalement inefficace pour promouvoir l’équité et au pire totalement cynique. Le chantier qui se présente pour la droite républicaine est immense. Elle devra redonner à chacun des élèves les moyens de croire dans l’école de la République et aux enseignants la confiance nécessaire pour leur permettre de réussir.

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Jean-Claude Carle est sénateur (UMP) de Haute-Savoie

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