Une panne électrique sans cyberattaque, mais pas sans explication politique. L’Espagne a vacillé le 28 avril 2025, révélant les fragilités d’un modèle énergétique fondé presque exclusivement sur les renouvelables. Une stratégie que la France, malgré les injonctions européennes, a refusé de suivre. Et elle a peut-être bien fait.
Espagne : la panne électrique générale, une faute… du gouvernement ?

Le 28 avril 2025, à 12h33, le réseau électrique espagnol s'effondre. En cinq secondes, 15 gigawatts disparaissent, provoquant une panne nationale inédite. Alors que les rumeurs de cyberattaque se multiplient, le gouvernement de Pedro Sánchez confirme deux semaines plus tard que la panne n’est pas le fruit d’un sabotage, mais d’un déséquilibre interne au système énergétique. Un déséquilibre étroitement lié aux choix politiques opérés ces dernières années.
Après la panne d'électricité espagnole, une réponse politique rapide… mais embarrassée
Dès le lendemain de la panne, Pedro Sánchez prend la parole. Il annonce la création d’une commission d’enquête gouvernementale, confiée au ministère de la Transition écologique. « Il n’y a à ce jour aucun élément permettant de conclure à un acte malveillant », déclare-t-il lors de sa conférence du 29 avril. Il ajoute que le Centre cryptologique national et l’Institut national de cybersécurité sont mobilisés, mais les premières analyses techniques pointent vers une origine purement structurelle.
Le 14 mai, c’est la secrétaire d’État à l’Énergie, Sara Aagesen, qui livre les conclusions préliminaires de l’enquête. « Nous pouvons écarter la piste d’une cyberattaque sur Red Eléctrica », annonce-t-elle solennellement. Cette mise au point soulage, certes, mais n’évacue pas l’inconfort d’un gouvernement dont la politique énergétique se trouve brutalement remise en cause.
Un modèle énergétique déséquilibré, fruit de choix politiques assumés
Depuis 2019, l’Espagne a opté pour une décarbonation accélérée fondée quasi exclusivement sur les énergies renouvelables. Le pays a fermé une large partie de son parc thermique et renoncé à toute extension du nucléaire, au nom d’une convergence verte avec les objectifs climatiques de l’Union européenne.
Conséquence : en avril 2025, selon les données de Red Eléctrica, plus de 65 % de l’électricité espagnole est produite à partir de sources renouvelables intermittentes, principalement solaire et éolien. Or, ce système est peu flexible, faiblement interconnecté avec le reste de l’Europe, et dénué de capacités de stockage d’envergure.
Eduardo Prieto, directeur des opérations chez Red Eléctrica, résume le diagnostic : « La panne résulte d’une perte de production soudaine dans une zone à haute concentration photovoltaïque, suivie de plusieurs décrochages en cascade ». En clair : trop de renouvelables, pas assez d’inertie.
France : un choix nucléaire validé par les faits
Pendant que l’Espagne cumulait les records de solaire, la France faisait figure d’exception. Malgré les pressions répétées de la Commission européenne, Emmanuel Macron a confirmé à plusieurs reprises sa volonté de relancer un programme nucléaire tout en développant les renouvelables.
Un choix aujourd’hui conforté par les événements. Le système électrique français repose encore pour plus de 60 % sur l’énergie nucléaire, une source pilotable, stable, et dotée d’une inertie élevée. Grâce à ses interconnexions transfrontalières et à ses centrales de secours, la France est en capacité de maintenir la fréquence de son réseau à 50 hertz même en cas de choc brutal.
L'incident espagnol confirme que la transition énergétique ne peut pas se résumer à une substitution brutale. Le nucléaire, quoi qu’en disent certains cercles bruxellois, reste aujourd’hui l’unique rempart fiable contre l’instabilité d’un réseau dominé par des sources volatiles.
Un signal pour Bruxelles… et une alerte pour les États membres
La panne espagnole relance un débat que la Commission européenne aurait préféré voir clos : la diversification des trajectoires nationales de décarbonation. La France a insisté, dès 2023, pour que l’atome soit intégré à la taxonomie verte. Elle avait alors été accusée de freiner la dynamique des renouvelables. Aujourd’hui, ce sont les fragilités structurelles du système ibérique qui illustrent les limites de la stratégie du tout-renouvelable.
Le commissaire européen à l’Énergie, Kadri Simson, interrogée par Euronews le 14 mai, a évité toute remise en cause frontale. Mais le message est clair : « Nous devons renforcer la résilience des systèmes énergétiques dans tous les scénarios de mix ».
L’Espagne a évité le piratage, mais pas l’échec. En refusant de diversifier ses sources pilotables, en sous-estimant le besoin d’inertie et en sacrifiant la flexibilité au nom de la pureté verte, le gouvernement de Pedro Sánchez a exposé son réseau à un effondrement évitable. La France, elle, a résisté aux pressions idéologiques pour préserver une base nucléaire forte. Le 28 avril 2025, ce pari s’est avéré payant.