Reprise : celle des bas de laine ?

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Par Stéphane Geyres Publié le 23 juin 2015 à 10h46
Croissance France Reprise Mirage Economie

L’AFP publiait ce jour qu’en France, "la reprise s’installe mais pas assez pour redistribuer les fruits de la croissance" pour commenter le chiffre donné par l’INSEE, un pénible, ridicule +1,2% pour 2015.

Cette annonce exprime à elle seule tous les grands errements économiques de notre temps. Comment un simple citoyen peut-il oser dire cela ? Par simple bon sens et esprit critique, devenus trop rares en ce monde, semble-t-il. Voyons pourquoi.

Il faut libérer le capital

Reprise et croissance portent en eux trois faux concepts, pas moins. Tout d’abord, la richesse se mesurerait, de manière uniforme. Mais mes voyages me font-ils moins riche que mon travail, et si oui, comment le mesurer ? On dit le capitalisme matérialiste, mais c’est le socialisme qui prétend mesurer richesse, voire bonheur, pour nous uniformiser. La richesse est-elle devenue un idéal socialiste ? Ensuite, cela place l’état comme seul acteur de cette reprise, alors que ce sont les entreprises et elles seules qui la font. Surtout, ce n’est pas la croissance qui produit des « fruits », mais les fruits qui permettent la croissance. En ce monde de crédit, on a oublié le rôle du capital.

Frédéric Bastiat, économiste oublié, rappelle que le capital vient en premier : « _Comment pourrions-nous bâtir, construire, labourer, tisser, filer, forger, lire, étudier, si, par le travail et l’épargne, nous n’avions acquis des matériaux, des instruments et, en tout cas, quelques provisions ?_ » (*). Ce qui importe donc, c’est de libérer le capital sous toutes ses formes, la prospérité suivra d’elle-même.

Redistribuer les fruits

De plus, il serait de plus urgent de « redistribuer les fruits ». Mais quand on a faim, que cherche-t-on en premier ? A cueillir plus de fruits ou à attendre pour piquer ceux du voisin ? Si chacun nous cueillons plus de fruits, c’est-à-dire si chacun accroît son capital, la question de la redistribution devient secondaire, voire se règle d’elle-même. A supposer même qu’il soit moral de redistribuer, l’enjeu de notre économie n’est pas dans la redistribution, mais dans la capitalisation. Il n’y aura reprise réelle et durable que lorsqu’il y aura libre capacité de chacun à reconstituer son capital.

Il ne s’agit pas tant ici de revenir aux basiques de l’économie que de dénoncer la supercherie des politiciens qui veulent nous faire croire qu’avec +1,2% leur baguette magique aurait retrouvé son pouvoir à nous pourvoir à la fois en richesse et en justice sociale. Or si les politiques avaient ce pouvoir, pourquoi se limiteraient-ils à ce 1,2% ridicule, au lieu de nous offrir un +100% ou plus ?

A cet égard, Pascal Salin, dans Libéralisme, pose le sujet qui fâche : « _Le seul rôle de la loi devrait être d'assurer la justice, c'est-à-dire la défense des droits individuels. Mais lorsqu'elle veut assurer la fraternité, c'est-à-dire des redistributions, elle devient arbitraire et injuste, elle conduit à la spoliation légale_ ». Le socialisme ne veut pas comprendre que la richesse ne peut venir que de la liberté rendue à faire notre bas de laine.

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Stéphane Geyres est consultant. Libertarien, il défend des positions pro-liberté et se revendique de la pensée de Murray Rothbard et de ses héritiers, Hans-Hermann Hoppe en particulier. Il est avec Ulrich Genisson le co-éditeur du projet de livre Libres ! 100 idées, 100 auteurs, puis en 2014 du livre Libres !! - 100 idées / 100 auteurs / 100 feuillets.

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