François Bayrou demande un effort universel pour le budget 2026

François Bayrou invite tous les Français à consentir un effort sans précédent. Derrière cette déclaration se cache une urgence : stopper le naufrage financier de l’État. Mais quels sacrifices se profilent vraiment ?

Adelaide Motte
By Adélaïde Motte Published on 27 mai 2025 16h38
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François Bayrou demande un effort universel pour le budget 2026 - © PolitiqueMatin

Le 27 mai 2025, François Bayrou, Premier ministre de la France, a annoncé un plan pluriannuel de redressement des finances publiques qui sera présenté en juillet. Ce projet vise à imposer un effort à l’ensemble des citoyens français afin de contenir la dérive des dépenses publiques, réduire le déficit et stabiliser une dette qui dépasse régulièrement la barre symbolique du soutenable. Sans entrer dans les détails des mesures, Bayrou a d’ores et déjà exclu toute forme de ciblage discriminatoire, promettant un effort universel.

Le défi colossal de la maîtrise des dépenses publiques

François Bayrou se trouve face à un mur : la dette publique française s’est envolée, les déficits s’aggravent et les dépenses explosent. Pour 2026, le gouvernement doit trouver environ quarante milliards d’euros d’économies. L’enjeu est clair : rétablir l’équilibre budgétaire sur trois à quatre années, sous peine de voir la situation financière basculer vers une crise de liquidité de la Sécurité sociale, comme l’a souligné la Cour des comptes.

La principale difficulté réside dans la nature même des dépenses : la majeure partie est absorbée par la protection sociale, les prestations sociales et les charges liées au fonctionnement des administrations. Pour autant, l’exécutif refuse de s’engager dans une cure d’austérité qui viserait un segment particulier de la population ou des services publics, privilégiant une démarche collective et transversale.

Un effort demandé à tous les Français sans exception

François Bayrou prévoit donc de demander « un effort à tous les Français », qui soit « le plus juste possible », mais un effort « suffisant » pour que la France puisse sortir de l’impasse financière. Il a précisé qu’aucune catégorie ne serait épargnée. De quoi craindre que les économies ne soient, à nouveau, faites sur le dos des classes moyennes, pendant que les populations bénéficiant de nombreuses aides sociales continueront à les toucher.

Dans cette optique, François Bayrou mise sur la concertation sociale, notamment avec les partenaires sociaux, afin d’évaluer collectivement la pertinence d’outils fiscaux controversés. Parmi eux, la piste de la TVA sociale est brandie, ce dispositif visant à compenser la baisse des cotisations sociales par une augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée.

La TVA sociale, un levier explosif qui divise la classe politique

La TVA sociale, instrument jadis expérimenté sous Nicolas Sarkozy et supprimé sous François Hollande, refait surface sous l’impulsion de François Bayrou. L’objectif affiché est double : alléger le coût du travail pour favoriser l’emploi et financer la protection sociale par un impôt « indirect ». Selon les estimations, une hausse d’un point de la TVA pourrait rapporter entre 11 et 13 milliards d’euros.

Mais ce choix soulève une levée de boucliers immédiate. À gauche, la mesure est qualifiée d’« antisociale » et « scandaleuse », tant elle pénaliserait les ménages modestes, pour qui la TVA constitue un fardeau proportionnellement plus lourd. Le Rassemblement national, traditionnellement opposé à toute hausse d’impôt, voit là une menace directe pour le pouvoir d’achat des Français, particulièrement les plus fragiles.

Au-delà des clivages politiques, le dispositif inquiète également quant à son impact réel sur l’inflation et la consommation, avec un risque potentiel de récession. François Bayrou, conscient du caractère explosif de ce dossier, préfère laisser la question aux partenaires sociaux, évitant pour l’instant de trancher lui-même.

Pourquoi François Bayrou refuse-t-il les économies ciblées ?

Malgré l’urgence, François Bayrou s’oppose à des économies brutales ciblant prioritairement les Français, notamment sur les prestations sociales ou les services publics. Les Français, selon plusieurs enquêtes récentes, souhaitent principalement un recentrage des dépenses publiques sur les domaines régaliens, à savoir la police, la justice et l'armée.

Pour 2026, la masse des dépenses reste écrasante. La protection sociale, incluant retraites, santé et allocations diverses, représente la majeure partie des crédits publics. À cela s’ajoutent les dépenses liées à l’éducation, la défense, et les investissements publics. Chacun de ces postes souffre de pressions à la hausse : vieillissement démographique, inflation des coûts de la santé, renouvellement des infrastructures.

Sans réforme ambitieuse, la dette, déjà supérieure à 110 % du PIB, continuera à enfler, hypothéquant la souveraineté économique du pays. Face à ce constat, le plan pluriannuel que prépare François Bayrou se veut une réponse large, touchant à la fiscalité, à la dépense et à la contribution de tous les acteurs économiques et sociaux.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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