De toutes parts, des communiqués fusent sur le « roi » de la diplomatie économique avec la visite de François Hollande à Cuba, accompagné d’une trentaine de patrons de grandes entreprises. On se prend à rêver au contrat du siècle, à l’affrontement des multinationales américaines au profit de la France.
Gros bide, petite ambition
Il est à craindre que ce ne soit une fois de plus qu’une dérisoire illustration de cette fable de La Fontaine : « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf » et s’enfle tant qu’elle en crève. Tout d’abord, nombre de démarches moins voyantes mais bien plus efficaces ont déjà été effectuées par de nombreux pays. Voici déjà un mois qu’une délégation britannique conduite par Lord Hutton of Furness a fortement investi Cuba dans l’énergie, le secteur minier, les biotechnologies, l’agriculture, etc…Le sénateur américain Patrick Leahy, qui gère la section des intérêts américain, s’est rendu à Cuba dès janvier 2015. Nul doute que l’avance acquise au profit des entreprises américaines est si forte que nous n’aurons que les miettes, d’autant plus que les USA ont entrainé dans leur sillage le Mexique, l’Espagne et d’autres… Il existe une très discrète mission permanente cubaine en Allemagne, présente à la fois à Bonn et à Berlin, dont l’activité est aussi efficace.
La montagne accouche d’une souris
Voici un très couteux voyage effectué aux frais du contribuable avec une ex compagne comme quasi épouse, improvisée ministre intérimaire des affaires étrangères. Toutes ces manigances suintent la fièvre médiatique de faire un coup malheureusement sans lendemain, en petit comité sans dessein ni stratégie.. Tout cela pour attaquer une petite part économique d’un pays dont le PIB représente en tout la région Nord Pas de Calais, à peine 100 mds, et dont nous ne détiendrons au mieux qu’une part de marché minoritaire. Tout ce battage pour quelques centaines de millions d’euros qui représentent à peine la taille d’une sous préfecture sur 10 ans …
Beaucoup de bruit pour rien
Cuba est un pays dont certains aspects ont fait leurs preuves, avec notamment une scolarité supérieure, ou un taux de mortalité infantile très nettement inférieur aux autres pays d’Amérique Latine ouverts sur l’économie occidentale. Son extraction du nickel ou du cobalt est suffisamment stratégique au niveau mondial pour que les intérêts industriels s’y préservent quelques créneaux rentables. Ce n’est pas le désastre en cours d’Areva provoqué par la nomination calamiteuse de Pierre Blayau qui pourra redresser notre place sur ce créneau.
Le ventre de François Hollande gonfle aussi vite que celui de la grenouille dans un appétit médiatique de réhabilitation dont l’opinion ne sera pas dupe, une fois écoulées les 48 h de communiqués de presse. Déjà les centaines d’employés d’Air France furieux d’avoir vu leurs jobs sacrifiés sur l’autel des Rafale par l’ouverture de droits nouveaux de ligne totalement superflus, montrent clairement quelle est la motivation de tels actes sans lendemain, aux basses vues politiciennes..