Dans une interview à Mediapart, publiée dimanche 3 juillet, Jean-Luc Mélenchon a clairement fait savoir que le Front de gauche n’existait plus. Mais pourra-t-il se lancer dans l’aventure présidentielle sans le soutien des communistes ?
Mélenchon maltraité par les communistes
Cela fait de nombreuses semaines que le torchon brûle entre les communistes et Jean-Luc Mélenchon. Le 10 février dernier, ce dernier annonçait sa candidature indépendante pour l’élection présidentielle de 2017 sans en avoir parlé à ses « amis ». Il actait ainsi la fin d’une alliance qui avait été créé le 18 novembre 2008 pour former une grande coalition à gauche.
Le Front de gauche qui réunissait le Parti de gauche, le Parti communiste et la Gauche unitaire avait formé un bloc en 2012, derrière Jean-Luc Mélenchon qui avait récolté 11,11 % des suffrages. En 2017, un tel scénario ne pourrait certainement pas voir le jour. « Le cartel Front de gauche n’existe plus », a déclaré le candidat à la présidentielle dans une interview à Mediapart publiée dimanche 3 juillet.
Et d’ajouter : « La confiance aussi est morte. J’ai été maltraité d’une manière inacceptable. Cherchez un propos de ma part qui traite les dirigeants communistes comme je viens d’être traité. »
Désaccords électoraux
Le leader de la « France insoumise » se présentera seul à la présidentielle. Mais comment en est-il arrivé là ? « On en a assez de sa manière qui consiste à dire que nous sommes ses ennemis si on ne pense pas comme lui », a fait savoir Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, dans les colonnes de Libération. Selon lui le patron du Parti de gauche a changé depuis 2013 : « Ce n’est plus le même. On ne critique pas l’homme mais ses choix. »
Les stratégies politiques des camps sont en effet différentes. Si le PCF prône les alliances avec les socialistes et les Verts en vue des législatives, Jean-Luc Mélenchon veut attirer à lui suffisamment d’adhésion pour pouvoir se passer de ceux qui auraient trompé les Français en arrivant au pouvoir. En 2014 déjà, lors des municipales, les communistes avaient choisi de faire alliance avec le Parti socialiste dans de nombreuses villes, notamment à Paris, ce qui avait fortement déplu au leader du Front de gauche.
« À chaque élection partielle, j’ai appris dans la presse qu’il y avait des candidats Front de gauche. Parfois, il y en avait deux opposés entre eux, et les deux étaient communistes comme dans la Somme et la Loire-Atlantique ! » détaille Jean-Luc Mélenchon dans Médiapart. « Quel chaos illisible ! Dernier exemple à Notre-Dame-des-Landes où le PCF départemental a mis le logo du Front de gauche dans sa campagne pour le ‘’oui’’. Cela contre non seulement tous les partenaires du Front de gauche mais également contre les fédérations communistes environnantes. »