Face à la toute-puissance des GAFA comment les politiques peuvent-ils réagir et tenter de s'émanciper ?
Autrefois, la politique pouvait compter sur ses partisans et sur la presse. Délaissés des uns et délaissant les autres, les hommes politiques du XXIe siècle se sont tournés vers les réseaux sociaux. Au début simple lieu de partage et d'échange entre amis, ils sont devenus une véritable puissance politique et particulièrement les GAFA. Par GAFA, il faut comprendre le quatuor de tête qui dirige la quasi-totalité des réseaux sociaux : Google, Apple, Facebook et Amazon.
L'emprise progressive des GAFA sur la politique
Ces quatre super-puissances qui sont à la tête de YouTube, Facebook, Twitter, Instagram et d'autres, ont commencé depuis quelques années à prendre une place importante dans le monde politique. Une place si grande qu'en 2017, le Danemark a décidé de nommer un ambassadeur aux GAFA. Une décision lourde de sens puisqu'en faisant ce choix, le Danemark reconnaissait le statut d'État à ces quatre entreprises.
L'omniprésence des GAFA dans la politique s'observe facilement. Il y a quelques années, les politiques réagissaient par biais de communiqué ou d'intervention dans les médias. Aujourd'hui, les posts Facebook et les tweets l'emportent haut la main. Pour prendre un exemple très concret, les réactions des politiques aux annonces d'Emmanuel Macron, mercredi 31 mars, se sont faites presque exclusivement par le biais des réseaux sociaux et en particulier Twitter.
Des politiques en quête d'émancipation des GAFA
Si les réseaux sociaux font le bonheur des hommes politiques en leur offrant une tribune de choix pour exposer leurs idées et leurs programmes, ils peuvent rapidement se transformer en leur pire cauchemar. Donald Trump a fait les frais de cette puissance des GAFA, puisqu'il a fini par être définitivement banni des trois réseaux favoris des politiques, Facebook, Twitter et Youtube. Un bannissement définitif que l'ancien président des États-Unis entend contrer en lançant son propre réseau social.
Donald Trump n'est pas le seul à vouloir lancer son propre réseau social, d'autres l'ont déjà fait. C'est le cas du leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a lancé Action Populaire. Ce réseau a deux ambitions. Jill Maud Royer, responsable de la plateforme Action Populaire et candidate LFI aux élections régionales, estime en effet que ce nouveau réseau social a deux fonctionnalités. « Pour nous, c'est important évidemment l'indépendance du mouvement politique et de ne pas être à la merci d'une coupure des GAFAM, pour une raison ou pour une autre », explique-t-elle avant d'ajouter qu'il s'agissait « aussi d'une stratégie plus générale. Action Populaire est la forme réseau social, cette forme-là remplace la forme parti de l'organisation de l'action politique ».
L'ancien champion de roller, reconverti dans l'entrepreneuriat Taïg Kris, militait sur Europe 1, pour des réseaux sociaux à l'européenne : « Je trouve délirant qu'en France et en Europe, les investisseurs et les politiques n'aient pas compris la puissance politique qu'il y a derrière les réseaux sociaux. Cela veut dire qu'aux prochaines élections françaises, si les GAFA n'aiment pas nos candidats, ils peuvent les supprimer de la scène médiatique en un clic ». Ainsi, la création de nouveaux réseaux sociaux affranchis des GAFA semble être une des options choisies par les politiques pour retrouver une visibilité plus libre. Certains se tournent vers de nouvelles plateformes comme Twitch ou retourne à leurs anciens amours, les médias.