Fonction publique : Guillaume Kasbarian adorateur d’Elon Musk ?

Sale temps pour la fonction publique française. Le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian semble partisan d’Elon Musk, connu pour réduire les coûts et avoir le licenciement facile.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Modifié le 13 novembre 2024 à 11h04
Guillaume Kasbarian

Guillaume Kasbarian félicite Elon Musk sur X

Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, n'est pas prêt de revenir en grâce auprès des fonctionnaires. Mercredi 13 novembre, il a félicité Elon Musk sur X pour sa nomination à la tête du ministère made in Trump de l'Efficacité gouvernementale. Il s'agit de « démanteler la bureaucratie gouvernementale, sabrer les réglementations excessives, couper dans les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales. » Tout un programme qui semble parfaitement convenir à Guillaume Kasbarian qui a « hâte de partager des bonnes pratiques » avec Elon Musk. Des bonnes pratiques qui doivent lui permettre de « réduire la paperasse et repenser les organisations publiques au service de l'efficacité des agents publics. »

Ces perspectives sont loin d'être réjouissantes pour les syndicats. Ils se réuniront jeudi 14 novembre pour établir les revendications qui justifieront une prochaine mobilisation et une grève éventuelle. La CGT fonction publique et l'UIAFP-FO ont déjà appelé à des grèves qui pourraient commencer début décembre.

La lutte de Guillaume Kasbarian contre l'absentéisme

Guillaume Kasbarian a déjà mis plusieurs coups de pied dans la fourmilière. Il a inscrit dans le budget 2025 une économie de 1,2 milliard d'euros sur la fonction publique. Ces économies sont notamment permises par l'allongement du délai de carence et la réduction de l'indemnisation des congés maladie. Les fonctionnaires seraient ainsi alignés sur le régime privé, avec trois jours de carence au lieu d'un et une indemnisation de 90% au lieu des 100% actuels.

Cette mesure s'inscrit dans une lutte contre l'absentéisme qui touche la fonction publique. Les salariés du privé sont absents 12 jours par an en moyenne. Ce chiffre monte à 15 jours par an dans la fonction publique d'Etat, et 17 dans les collectivités locales. La mairie de Paris compte même 40 jours de congé maladie par an et par employé en moyenne, soit deux mois de maladie par an.

Des économies qui déplaisent aux syndicats

Guillaume Kasbarian a également annoncé un gel du point d'indice, c'est-à-dire l'absence d'augmentation de rémunération générale dans la fonction publique. La prime de garantie individuelle du pouvoir d'achat (GIPA) pourrait également être suspendue. Elle représentait en moyenne 700 euros brut par an et par agent. Selon lui, ces mesures ne peuvent exister que si l'Etat dispose de marges budgétaires, ce qui est très loin d'être le cas de la France. Pour le budget 2025, les recettes devraient être inférieures aux dépenses de 30%, ce qui correspond à un déficit budgétaire abyssal de 142 milliards d'euros.

Guillaume Kasbarian voulait même aller plus loin, mais a dû reculer face à une levée de boucliers des syndicats. Il souhaitait fusionner les catégories A, B et C des fonctionnaires. Elles sont respectivement destinées aux Bac +2 ou 3, aux bacheliers et aux non-bacheliers, mais les fonctionnaires sont souvent sur-qualifiés. Ils sont donc moins bien rémunérés que ce que leur diplôme leur permettrait d'espérer. Le ministre de la Fonction publique souhaitait supprimer ces catégories mais a abandonné ce projet après une réunion avec les syndicats le jeudi 7 novembre. « J'ai entendu l'argument à la fois des syndicats et des agents, qui me disent que pour eux, ces catégories-là sont des repères historiques traditionnels, qui sont importants pour eux », a-t-il annoncé.

Des propositions en faveur des fonctionnaires

Bien que cela puisse paraître paradoxal, Guillaume Kasbarian affirme vouloir travailler sur l'attractivité de la fonction publique. S'il n'est pas possible d'augmenter le point d'indice et que certaines économies sont nécessaires, d'autres mesures sont possibles pour cela. Il peut s'agit de travailler sur la grille salariale, la valorisation des métiers, les conditions de travail ou les logements. Guillaume Kasbarian regrette ainsi que les logements distribués par l'AP-HP, les hôpitaux parisiens, ne soient pas liés au contrat des employés. Ainsi, lorsqu'ils quittent leur emploi, ils peuvent garder leur logement, qui sort alors du parc de la fonction publique hospitalière.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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