Cet immeuble est victime de squats en bande organisée

En Haute-Savoie, un faux syndic sème la terreur dans un immeuble : au fil des mois, voire des années, il a changé les serrures et les contrats d’électricité. Maintenant, il passe au vol d’appartements privés pour en faire des squats.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Modifié le 2 octobre 2023 à 17h12
Squats

Un immeuble victime d'un faux syndic

A Annemasse (Haute-Savoie), les habitants de la résidence du Clos Greffier vivent un cauchemar depuis plusieurs mois. Un faux syndic reloue leurs appartements et les en expulse. Le coupable présumé : l'habitante d'un appartement de la résidence, qui a créé le faux syndic et, au fil des mois, a changé les serrures et les contrat d'électricité de plusieurs zones publique et privées pour se les approprier. « On en a identifié déjà quatre, plus une loge qui est normalement commune, qui a elle aussi été privatisée. On a des biens collectifs qui ont également été privatisés, notamment une cour intérieure pour laquelle il y a deux portes qui ont été fermées à clé avec des antivols par ces copropriétaires véreux », affirme Richard Mikaël, représentant du conseil syndical de copropriété, sur BFMTV.

La machine est bien rôdée : l'escroc a installé des caméras de surveillance et engagé un faux gardien, ce qui lui permet de venir déménager les meubles et changer les murs dès que ses futures victimes sortent de chez elles. « C'est arrivé un week-end, explique Christelle Combépine, propriétaire d'un des appartements volés, dont le jeune locataire s'est retrouvé dehors. Mon locataire était parti faire des courses. Il avait un mot sur la porte avec ses verrous changés lui disant 'venez récupérer vos affaires et vos meubles chez le gardien' ». Quant au véritable syndic de l'immeuble, ses coordonnées sont régulièrement changées dans le hall de l'immeuble, pour afficher celles de l'imposteur.

Squats : des recours difficiles

Face à ces délinquants, plusieurs propriétaires ont porté plainte pour usurpation d'identité, location de bien à leur insu, agressions et dégradations. Bruno Bardé, procureur de la République, a confirmé l'ouverture d'une enquête pour escroquerie : « Au regard de la nature des faits dénoncés et des manœuvres frauduleuses susceptibles d’avoir été employées, les investigations sont désormais menées par la police judiciaire de la Haute-Savoie ». D'autres enquêtes sont en cours au commissariat d'Annemasse pour faits de violence DATANT du 12 et du 28 septembre. En effet, en récupérant son bien, Christelle Combépine a été violemment interpelée et a dû subir trois jours d'ITT. Une autre résidente qui venait de récupérer son appartement a été agressée par une squatteuse alors qu'elle se trouvait avec deux journalistes. Elle a reçu cinq jours d'ITT.

Les squatteurs et le faux syndicat agissent en parfaite connaissance de leurs droits. En témoigne leur aplomb lorsqu'ils répondent à Christelle Combépine, qui se rendait à l'appartement qu'elle louait et qu'ils avaient volé. « Vous n’avez qu’à le prouver », ont-ils asséné à la femme venue récupérer son bien. En effet, en raison de la présomption d'innocence, c'est le propriétaire qui doit prouver qu'il possède le logement, non le squatteur qu'il y loge de manière licite. Le propriétaire est donc présumé coupable. Si elle a pu récupérer son logement, d'autres pourraient ne pas avoir cette chance. Selon la loi, si les squatteurs sont de mauvaise foi, ils doivent être expulsés dans les 72 heures. Mais s'ils ont été dupés par le faux syndic, ils doivent être relogés. Or, le marché est très tendu en Haute-Savoie.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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