Dans un contexte régional déjà marqué par de vives tensions, l’annulation des vols commerciaux entre Paris et Tel-Aviv par Air France soulève de nouvelles interrogations sur la sécurité aérienne dans le bassin méditerranéen oriental.
Israël visé par un missile tiré du Yémen : Air France suspend ses vols vers Tel-Aviv

Le 4 mai 2025, un missile balistique a frappé la zone de l’aéroport international Ben-Gourion, en Israël. Cette frappe, revendiquée par les rebelles houthis du Yémen, a conduit la compagnie aérienne Air France à suspendre ses vols entre Paris et Tel-Aviv jusqu’au mardi 6 mai inclus. Plusieurs autres compagnies européennes ont pris des décisions similaires, illustrant la portée stratégique croissante du conflit yéménite dans l’équation régionale israélienne.
Une mesure immédiate de précaution prise par Air France
Peu après l’annonce de l’attaque, la compagnie nationale française a décidé de suspendre toutes ses liaisons à destination et en provenance de Tel-Aviv. Cette décision fait suite à une première annulation ciblée des deux vols programmés le dimanche 4 mai. Selon les informations communiquées par le service de presse d’Air France, la suspension devrait durer jusqu’au mardi 6 mai au minimum. La compagnie a précisé qu’elle continue d’évaluer la situation afin d’adapter son programme de vols en fonction des développements sécuritaires.
Le trafic aérien à l’aéroport Ben-Gourion a été brièvement interrompu avant d’être partiellement rétabli. Toutefois, l’incertitude demeure quant à la stabilité de la zone, ce qui explique la prudence des compagnies européennes. Lufthansa, British Airways et Air India ont également suspendu temporairement leurs vols vers Israël.
Le missile tiré depuis le Yémen : un tournant sécuritaire
Le missile, lancé depuis le nord du Yémen, a atteint un secteur périphérique de l’aéroport Ben-Gourion, sans provoquer de dégâts sur les pistes ni sur les installations essentielles à l’activité aéroportuaire. Toutefois, six personnes ont été blessées à proximité du site d’impact. Il s’agit d’un précédent : c’est la première fois qu’un projectile tiré depuis le Yémen atteint un site civil majeur en territoire israélien.
Cette frappe s’inscrit dans une stratégie clairement assumée par les Houthis, qui ont déclaré leur intention de cibler des infrastructures israéliennes en réaction à la guerre menée dans la bande de Gaza. L’utilisation de missiles balistiques, et potentiellement de projectiles à capacité hypersonique selon certaines sources militaires, marque une montée en puissance de ces attaques. Ce changement d’échelle reconfigure la perception des menaces régionales et impose une nouvelle lecture des trajectoires balistiques capables d’atteindre le centre du territoire israélien.
Les Houthis au cœur d’une stratégie régionale d’extension du conflit
Les rebelles houthis, soutenus logistiquement et politiquement par l’Iran, affirment agir en solidarité avec le Hamas dans le cadre du conflit en cours à Gaza. Depuis plusieurs mois, ils mènent des actions contre des navires commerciaux en mer Rouge et contre des positions militaires supposées israéliennes ou occidentales.
Le missile du 4 mai constitue une inflexion stratégique : au-delà des zones maritimes, c’est désormais l’espace aérien civil qui se trouve dans la ligne de mire. Cette évolution confirme l’internationalisation du conflit israélo-palestinien, en y intégrant le Yémen comme nouvelle base arrière opérationnelle. Pour les Houthis, il s’agit autant d’un geste militaire que d’une affirmation politique visant à dissuader toute activité commerciale ou diplomatique régulière à destination d’Israël.
Répercussions diplomatiques et enjeux de sécurité aérienne
L’impact de cette attaque dépasse le strict cadre de la guerre au Yémen. En interrompant leurs vols, les compagnies européennes reconnaissent implicitement la transformation du risque sécuritaire dans la région. Le signal envoyé par Air France est fort : il traduit une prise en compte du fait que l’espace aérien israélien ne peut plus être considéré comme entièrement sécurisé, même pour des vols commerciaux régis par des protocoles internationaux stricts.
Sur le plan politique, les autorités israéliennes ont réagi en affirmant leur intention de répondre à cette attaque. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a évoqué une réponse "proportionnée et ciblée", laissant entendre que des frappes contre les positions houthis ou leurs soutiens régionaux pourraient suivre. En parallèle, le cabinet de sécurité israélien a validé une intensification des opérations militaires à Gaza, renforçant les réserves de l’armée et appelant à la mobilisation partielle.
L’Europe face à ses responsabilités logistiques et diplomatiques
Cette situation place les gouvernements européens devant plusieurs dilemmes. D’un point de vue logistique, la suspension des vols complique les relations diplomatiques et commerciales avec Israël. Les voyageurs concernés, qu’ils soient diplomates, hommes d’affaires ou touristes, sont invités à différer leur déplacement ou à envisager des itinéraires alternatifs via des hubs régionaux. D’un point de vue politique, la menace d’une extension du conflit impose une actualisation des doctrines de sécurité aérienne civile.
Il reste à observer si cette escalade aura un impact durable sur la cartographie des vols commerciaux dans la région, ou si elle marquera simplement une parenthèse tactique dans un conflit déjà complexe. Pour l’heure, les compagnies européennes restent en état d’alerte, soumises à une veille opérationnelle continue et aux instructions des autorités nationales et internationales de l’aviation civile.